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ALCHIMISTES GRECS : Traités techniques



COLLECTION DES ANCIENS ALCHIMISTES GRECS

"Traités techniques"

Marcellin Berthelot


TRAITÉS TECHNIQUES

V. I. — SUR LA TRÈS PRÉCIEUSE ET CÉLÈBRE ORFÈVRERIE 
Ce traité est un cahier d’artisan praticien, analogue au Papyrus X de Leide (Introd., p. 19), aux recettes techniques du Pseudo-Démocrite (p. 46), aux procédés de Jamblique (p. 274), et à ceux de la Chimie de Moïse (voir la note au bas de la page 288). D’après la langue, ce texte appartient au grec populaire du moyen âge. Le manuscrit A qui le renferme est une copie écrite en 1478; mais la langue en est à peu près la même que celle de deux articles analogues, contenus dans le Ms. M. écrit au xie siècle, l’un concernant les moulages en creux et en relief (φούρμας καὶ τύλους); l’autre, le plomb et l’or en feuilles; ces morceaux seront donnés dans la suite de la Ve partie. Ce sont là des indications propres à fixer la date de notre traité, ou plus exactement une limite de la date des textes relatifs à ce genre de pratiques. En effet la date de rédaction originelle n’est certainement pas la même pour les divers articles que le traité renferme: les uns étant plus anciens et remontant parfois jusqu’à l’antiquité gréco Égyptienne; tandis que les autres reproduisent des recettes postérieures et des additions peut-être contemporaines du dernier copiste. En tous cas, ce traité continue la vieille tradition de l’orfèvrerie alchimique, qui remonte aux anciens Égyptiens. Le nom de l’asèm y figure parfois comme distinct de celui de l’argent, et avec le sens qu’il possédait à l’origine (Introd., p. 62); quoiqu’il y ait souvent confusion, ce mot ayant fini par désigner l’argent à titre variable des orfèvres. De même le mot de διάργθρος; y désigne parfois un alliage analogue à l’argent et comparable à l’asèm (v. p. 26); mais il s’applique dans d’autres passages au mercure lui-même, comme dans le néogrec : c’est encore là un mot dont le sens s’est modifié dans le cours des âges. L’ouvrage se termine par la reproduction de divers textes de Zosime : ce qui montre bien la connexité traditionnelle de la vieille alchimie grecque avec les procédés techniques des orfèvres du moyen âge. Tout ceci, je le répète, est conforme aux faits et aux idées développés dans mon Introduction, à l’occasion des recettes du Papyrus X de Leide. 

1. POUR AFFINER L’OR. — Prends du sel marin, mets avec de la lie solide; ferme le vase (marmite?) à la partie supérieure, et place-le dans le foyer, jusqu’à incandescence. Ajoute, pour une livre de ce métal, 2 parties de sel tamisé, et le tiers de brique pilée et tamisée. Mets dans deux pots, alternativement, une couche de sel, et une couche d’or, aminci au marteau autant que possible. Enduis tout autour avec le lut de l’art. Mets alors le (vase) dans le fourneau, de façon que (la flamme) le lèche. Or le fourneau est disposé comme il suit. Prenant une marmite, perce-la à partir du centre vers les côtés, de trous en forme de croix; ajoutes-y deux ferrements. Place les pots qui contiennent l’or, au milieu de la croix, et dans la couche inférieure de la marmite pratique un trou, afin que la scorie puisse s’échapper. Alors, remplis (le fourneau) de charbon et tache de fondre l’or. Si l’or (n’est pas) rassemblé au centre, recommence le jour suivant : amollis la brique pilée avec du sel et répète l’opération, jusqu’à ce que tu voies le métal fondu.[1] 

2. POUR AFFINER L’ARGENT. — Prépare un creuset avec de la cendre et de la brique tamisée; mets 1 livre d’asèm dans le creuset; coupe en morceaux 1 livre de plomb ; mets-en une partie dans le creuset, et fais chauffer. Laisse refroidir spontanément. Alors, prépare un autre creuset neuf avec de la terre; place de nouveau l’asèm au milieu; porte à l’incandescence et laisse refroidir spontanément. Enlève le métal et place-le dans un creuset; fais-le fondre au feu, et coule comme tu voudras. 

3. EXPLICATION DE LA DORURE. — Prends de l’or, 1 hexage; bats-le sur une enclume, de façon à l’amincir; coupe-le en morceaux et mets-le dans un creuset sur le feu, jusqu’à incandescence. Alors, à l’heure du pater noster, au milieu de l’or mets le mercure dans le creuset; mélange et ôte (le creuset) du feu. 

Mets de l’eau dans une aiguière; prends l’objet et lave-le bien dans ta main. 

Prenant d’autre part du mercure, mets-le dans l’eau contenue dans la coquille[2] et amalgame l’asèm, jusqu’à ce qu’il prenne une couleur orangée. Dore alors avec le mélange destiné à dorer.[3] 

Après avoir mis (l’objet) au feu, enlève-le et frotte-le avec une brosse de soie de porc. Puis mets de nouveau au feu, cinq ou six fois; lorsque tu verras que la couleur apparait au dehors, fais chauffer plus fort, et mets dans l’eau. Puis, frotte encore, chauffe de nouveau et mets dans l’eau. 

4. AUTRE DORURE POUR L’OR FIN. — Coule de l’argent dans une lingotière, de façon que la coulée soit amenée à une longueur septuple. Puis, expose la barre au feu, en la chauffant dans toute sa longueur deux ou trois fois. Ensuite lime la surface avec une petite lime en acier de Damas, et bats (d’autre part) l’or très mince, afin que l’union soit intime. Ensuite dispose la feuille d’or sur l’argent; enroule-la autour, de façon à pouvoir opérer la soudure; mets sur le feu et fais rougir. Puis enlève du feu et frotte avec de la cendre d’olivier: là où manque l’or, mets-en avec la pierre à aiguiser place de nouveau l’objet au milieu du feu, puis enlève et frotte; répète cela par trois fois. Alors, mets la barre coulée dans la filière. 

5. EXPLICATION POUR LA CUISSON.[4] — Prends deux parties d’argent affiné; mets-les dans un creuset, au milieu du feu; garnis le creuset avec la (cendre des os) de pieds de mouton. Ajoute le soufre à l’intérieur, par petites quantités, de façon que la vapeur s’échappe. Projette ainsi dans le creuset. Broie une autre portion (de métal avec du) soufre; mets-la dans un creuset, jusqu’à ce qu’il soit rempli à moitié et recouvre bien. Fais fondre cette moitié, et alors bats sur l’enclume. Mets (ensuite) dans la coquille (aiguière) et lave bien. Ensuite, mets un peu de matière vitreuse dans un vase de plomb, et fais bouillir. Puis place dans un autre vase; dispose l’objet d’argent ou d’or ciselé, avec du savon et du sel de soude.[5] Mets (l’objet) au feu.[6] Après l’avoir ôté du feu, polis avec la pierre ponce; puis frotte avec une plume et chauffe encore, avec du charbon, dans un vase de terre. 

6. EXPLICATION DE L’ΕΜAIL.[7] — Broie menu l’émail sur l’enclume et place-le dans la coquille; puis lave bien. Ensuite dépose-le sur l’objet ciselé. Mets celui-ci au feu sur un fourneau de fer, la préparation pour émailler étant placée à l’intérieur du fourneau. Dans ce fourneau, il doit y avoir une feuille de fer cintrée et percée de trous. Comprime et frotte jusqu’à ce que tu voies l’argent couler avec le plomb sur le bois (du foyer). Mets de nouveau l’objet au feu sur le fourneau, de façon que l’émail se fixé la seconde fois. 

7. EXPLICATION OU NETTOYAGE. — Broie du sel, et mêle du savon[8] au vinaigre. Délaie bien, et mets au feu, de façon à faire cuire le produit avec de la lie solide. Mets de nouveau la lie au feu, jusqu’à bonne cuisson. Ensuite pèse le produit et mets 2 parties de lie brûlée et 1 partie de sel marin. Jette dans la coquille, délaie avec de l’eau, et nettoie l’asèm avec. 

8. EXPLICATION D’UN AUTRE NETTOYAGE. — Prenant du savon, délaie bien avec beaucoup de sel. Ensuite, mets au feu avec de la lie solide, et humecte. Puis, calcine; non pas complètement, mais de façon que l’intérieur du vase commence à rougir. Alors, ôte-le. Après avoir broyé, délaie avec de l’eau et emploie ce savon. Mets le fondant vitreux[9] par dessus. 

D’autres se bornent à nettoyer avec le fondant vitreux la surface de l’ouvrage qu’ils veulent dorer. 

9. EXPLICATION DE LA SOUDURE ROYALE. — Prenant : or trois parties, et une partie d’argent, provenant d’une vieille monnaie;[10] coule dans la lingotière. Si le métal à travailler est mince, réduis (la soudure) en poudre fine; mais si l’ouvrage est épais, fais-en une feuille.[11] Soude le fil chauffé avec 2 parties de cette soudure et un tiers de fondant vitreux. 

10. SUR LA SOUDURE ROYALE DE L’ARGENT. —Prenant de l’argent, provenant d’une vieille monnaie, 3 hexages; du cuivre rouge 1 hexage; mêle-les dans un creuset et mets au feu. Verse dans la lingotière. Si l’ouvrage est mince, emploie de la poudre et soude; s’il est épais, fais une feuille, soude et nettoie, 

D’autres mettent 3 parties d’asèm et 1 de cuivre. 

11. AUTRE EXPLICATION DE LA SOUDURE D’ARGENT. — Prends de l’argent, 3 hexages, de tel argent que tu voudras, et du cuivre, 2 hexages. Mets-les au feu dans un creuset, de façon à les fondre. Alors ajoute de l’étain, 1 hexage; mets-le au milieu du creuset; laisse imbiber et verse sur le fil placé au-dessous; aplatis sur une plaque de marbre. Ensuite bats sur l’enclume; nettoie et soude. 

12. AUTRE SOUDURE TRÈS PROMPTE OU ALAMARSA. — Prenant du cuivre rouge, du minium du Pont, environ 2 (parties), et de la lie de vin, pas (tout à fait) autant; prends toutes ces espèces; étale sur le cuivre le minium pontique et la lie; broie sur le marbre. Lute le creuset, en y pratiquant une cavité rectangulaire; ou bien pratique un trou au milieu. Le cuivre devra être très menu. Le trou sera de la grandeur du chas d’une aiguille; il est destiné à permettre à la fumée de s’échapper par en haut. Ensuite enlève; verse dans la lingotière, et lorsque tu souderas, mets avec le cuivre le quart des espèces ci-dessus. Pour l’argent, tu en prends le tiers; place ensuite dans un creuset, afin de faire fondre; verse dans la lingotière. Prépare de la (soudure en) poudre. Lorsque tu voudras souder, nettoie, et mets cette poudre. 

13. EXPLICATION POUR DONNER A UN OBJET LA COULEUR D’OR. — Prenant (la terre) appelée ocre, mets-la sur le feu, jusqu’à ce qu’elle rougisse; alors, enlève, et délaie dans l’eau avec du sel ammoniac. Enduis-en l’objet à dorer; mets-le au feu, et retourne, jusqu’à formation de fumée et apparition de la couleur; puis mets dans l’eau. 

14. POUR DONNER LA COULEUR D’OR A UN OBJET D’ARGENT DORURE. — Broie du soufre, de l’ail et de la lie, à parties égales; ajoutes-y de la lie sèche, avec de l’urine et du sel; fais chauffer au feu, et mets l’objet travaillé au milieu, jusqu’à l’heure du pater noster. Puis ôte-le et mets-le dans l’eau froide. Répète cela 5 à 6 fois, de façon que la couleur pénètre dans l’épaisseur de l’objet que l’on dore. 

Pour la cuisson,[12] broie ensemble 3 parties de métal de vieille monnaie et un quart de plomb; mets dans un creuset; fonds dans un excès de soufre, en couvrant (le creuset). 

15. POUR (ÔTER A) L’ARGENT SON ÉCLAT. — Prenant du sel ammoniac et du vert de gris, délaie dans du vinaigre; enduis au soleil l’asèm: aussitôt il noircit. Si ces choses ne sont pas à ta disposition, enfume l’asèm avec un flambeau. 

16. OBSERVATION. — Le cuivre est blanchi par l’astriopsiaké, et par le jus du plantain, je veux parler du plantain à larges feuilles L’argent est blanchi et adouci par le salpêtre. Mets l’argent dans le creuset avec cette liqueur, en y ajoutant le savon tiré de la lie solide; le sel ammoniac adoucit l’argent dans le creuset. 

17. RECETTE MYSTÉRIEUSE. — Prends de l’argent et un peu d’ios, jusqu’à ce qu’il y ait autant d’argent que tu en as besoin, et broie-les ensemble; projette dans le creuset, soit sur l’étain, soit sur le cuivre, et il se produit un or véritable. 

18. SUR (LA MANIÈRE DE) FAIRE DES EMPREINTES. — Fais une fusion ou une coulée avec des métaux; fais-les fondre là où se trouve le moule. Egalise bien la place, c’est-à-dire la tête du moulage, soit avec une lime, soit au moyen du tour. Applique un enduit sur sa tête, là où tu dois faire l’empreinte, avec une couche légère de cire, et fais une petite couronne avec la cire à l’entour, afin qu’elle garde le liquide au milieu. Alors prends une aiguille fine, et indique les marques de l’empreinte sur cette cire, les lettres par exemple, en prenant soin que l’aiguille pénètre bien dans le moule. Alors broie de l’argent et du vert de gris dans du jus de citron, et verse sur le moulage, sur les lettres tracées au pourtour de la pièce de monnaie, en opérant de façon que rien ne s’échappe au dehors. Si tu veux obtenir une impression profonde, laisse une nuit entière. Mais si tu ne tiens pas à ce qu’elle soit profonde, laisse une demi-journée. Après avoir enlevé, tu trouveras l’empreinte marquée convenablement ; car ce procédé attaque convenablement le métal fondu. 

19. AUTRE (RECETTE) POUR L’ÉCRITURE EN LETTRES D’OR. — Broie le bol (destiné à l’opération), par exemple le cinabre ; ensuite ajoute du blanc d’œuf et mets dans un vase. Places-y de l’eau, mêle bien; fais mousser et attends que toute la mousse soit tombée. Ensuite, prenant de cette eau qui provient de l’œuf, mélange-la avec le bol. Mets où tu désires, et, dès que le tout aura été desséché, place de nouveau, par-dessus le bol, le reste de l’œuf. Expose (les lettres d’) or à l’air, et dès que (l’écriture) sera séchée, nettoie et polis avec la pierre. 

20. SUR (LA MANIÈRE DE) FAIRE DES LETTRES CAPITALES DANS LES LIVRES. — Prends de l’or pur et fin, et mélange-le avec de l’argent; mets au feu dans un creuset. Ensuite, prends du soufre et mélange sur un porphyre; broie autant que tu pourras, afin que le tout devienne (fin) comme de la fleur de farine. Dispose le tout sur une tablette polie en argile; et mets sur un feu doux, en recouvrant avec une poterie propre; veille à ce que la matière soit chauffée jusqu’au rouge. Ensuite, laisse refroidir et délaie sur un porphyre, avec beaucoup d’eau et une éponge. Réunis, mets dans un vase propre; et abandonne un peu (de temps), jusqu’à ce que le produit purifié se dépose. Ajoutant de l’eau, lessive jusqu’à purification (par départ) des matières étrangères. 

Lorsque tu voudras écrire, mets, à partir du soir, de la gomme avec de l’eau et fais cuire avec cet or. Ensuite, trace d’abord les capitales; puis, emploie un autre produit, obtenu en mélangeant avec de l’ocre, de la gomme, de l’orcanette (?) et du cinabre. En te plaçant au-dessus des lettres capitales, écris avec un pinceau de peintre, comme c’est l’usage, et confectionne les (lettres) d’or. 

21. SUR (LA MANIÈRE DE) TRACER DES ANIMAUX DORÉS SUR UNE COUPE, OU SUR UN RAMEAU, OU SUR TOUTE AUTRE CHOSE NON DORÉE. — Prenant des os de mouton, fais-les calciner, jusqu’à ce qu’ils soient incinérés. Ensuite, mélange un peu de plâtre avec de la céruse et broie bien, jusqu’à ce que le tout soit bien incorporé, ajoutes-y de la colle de poisson. Applique aux endroits où tu (ne) veux (pas) dorer et jusqu’à dessiccation. Ensuite dore le reste. 

22. SUR LA COLORATION AU FEU. — 2 parties d’argent, provenant de vieilles monnaies, et 3 parties de cuivre. 

23. POUR DORER DES ANIMAUX SUR UNE COUPE ET QUE LE FOND RESTE BLANC. — Prends du blanc d’œuf et de la brique pilée et tamisée, sans humecter; enduis le fond, et mets au soleil, afin de faire sécher. Ensuite, dore les animaux. 

24. POUR LA SOUDURE D’OR. — Mets de l’alamarsa, 1 partie, et de l’or, 2 parties. Pour la (soudure) d’argent, mets 1 partie d’alamarsa et 2parties d’asèm. 

25. SUR LA MANIÈRE DE DORER LE CUIVRE AVEC DE L’ARGENT. — Broie de l’argent fin et coupe-le en petits morceaux. Ensuite, fais comme (pour) l’or, lorsqu’on ajoute du mercure, amalgame et dore. Ajoute de la lie solide; place dans l’huile et fais bouillir. Ensuite, mets la coupe au milieu, et qu’elle y reste un peu de temps. Alors ajoute du coton (?) et délaie; puis, mets dans l’huile et délaie, jusqu’à ce que le mercure soit réuni au milieu de l’huile.[13] 

26. SUR LA DORURE DU BRONZE AMALGAMÉ (?). — Pour amalgamer, prends de l’asèm beau et pur, avec (de la couleur) de citron ou d’orange; mets-le dans de la lie pour le rendre brillant. Ensuite ajoute le bronze amalgamé (?) et place-le sur l’asèm. Presque aussitôt l’or se dissout dans le mercure. Mets alors sur une plaque de fer large et propre, et polis au-dessus du feu. Frotte avec une patte de lièvre. Ensuite lorsque tu verras que la couleur est adhérente, emploie la dent de loup pour frotter;[14] polis au-dessus du feu, et dore. 

27. SOUDURE ……— Au début, fais une soudure, en mettant 2 parties d’étain et 1 de plomb dans le creuset. Lorsque le tout sera fondu ensemble, ajoute un peu de sel ammoniac, puis de petits morceaux de limaille, de façon à faire la soudure. Mets le tout sur le marbre; apporte rapidement les morceaux (qu’il s’agit de souder) et place-les (aussi) sur le marbre, afin de les souder ensemble. 

28. Lorsque tu dores de l’argent et que la dorure ne prend pas, prends une plume avant de chauffer, et étale avec un peu de cire pure sur l’argent; ensuite, dore. 

29. POUR DORER LES ANIMAUX SUR LE FOND DE LA COUPE (SANS QUE LE FOND SOIT DORÉ). — Prends de la colle de peau et un peu de chaux; fais fondre sur le feu. Puis enduis le champ avec une plume. Lorsque le métal (du fond) est recouvert, frotte les animaux avec le mercure. 

30. SUR (LA MANIÈRE DE) DONNER UNE TRS BELLE COULEUR A L’ARGENT DORÉ. — Prends : soufre, 3 parties; lie de vin de Malvoisie 2 parties; sel, 1 partie; broie bien; fais bien bouillir avec de l’eau. Puis place l’argent au milieu, (et laisse) jusqu’à l’heure du Pater noster. Ensuite enlève, mets dans l’eau froide et brosse. 

31. LORSQUE L’ASÈM EST DEFECTUEUX. — Mets dans un creuset de la brique pilée grossièrement; fais chauffer, jusqu’à ce que le métal bouillonne. Souffle d’en haut sur le creuset avec un chalumeau: le plomb est absorbé. Si le métal n’est pas purifié, répète l’opération. Frappe alors avec le marteau, et si (le métal) est défectueux, place à sa surface du mercure et de la brique, et remets au creuset. 

32. SUR LA SOUDURE DE L’ÉMAIL. — Prends : argent fin, 10 parties et 1 partie de cuivre. Mets un peu de soudure vitreuse et opère à ta volonté: broie finement, nettoie et soude. 

33. SUR (LA MANIÈRE DE) FAIRE DU FIL (D’ARGENT) MINCE. — Prends de l’argent tin; bats-le, coupe-le en morceaux et mets-le dans un vase de fer à fond arrondi. Ensuite, mets-le dans la filière et étire-le une fois. Coupe à la lime; …………………. mets de la soudure vitreuse blanche (?) et soude. 

34. SUR (LA MANIÈRE DE) FAIRE LA CUISSON. — (Opération d’émaillage.)[15] 

Prends de l’argent fin, 1 hexage; du cuivre, 1 hexage, et du plomb, 1 hexage ; fais fondre dans un creuset; ajoute une grande quantité de soufre broyé et mets dans un pot neuf; laisse à l’état fondu tant que la vapeur s’échappe. Après refroidissement, coule la barre dans la lingotière avec du soufre. Ensuite, broie et lave, et mets où tu voudras. 

35. SUR LA MANIÈRE DE DONNER UNE TRÈS BELLE COULEUR A L’ARGENT DORÉ. — Prends du curcuma jaune. Broie bien et mets avec de la lie sèche dans l’eau, sur le feu : je veux dire de la lie de (vin de) Malvoisie et un peu de sel; fais bouillir. Laisse l’objet dans la liqueur, jusqu’à l’heure du Pater noster. Ensuite, prends-le et mets-le dans l’eau froide : répète cela 2 et 3 fois. 

36. SUR LA MANIÈRE DE RECOLLER LES PETITES MARMITES; BAIN POUR ASSEMBLER LES TUYAUX DE POTERIE). — Arrose de la chaux tamisée et humecte-la bien pendant plusieurs jours. Ensuite ajoute (sur l’objet) la fleur de cette chaux; fais bouillir aussi des pieds et des têtes de mouton; jettes-en le jus sur la chaux. Fais bouillir encore un extrait fait avec l’écorce d’orme (?); ajoute-y du blanc d’œuf et assemble ce que tu désires. 

37. POUR FAIRE BRILLER UNE PERLE FINE. — Prends une pastèque, ou un concombre; ouvre-le par le milieu; places-y la perle fine et mets le concombre sur le fourneau, jusqu’à ce qu’il se désagrège: par là les perles reprennent leur éclat. 

38. AUTRE (RECETTE). — Fais macérer la perle fine dans un oiseau ou dans un pigeonneau, et qu’elle y soit tenue (jusqu’à) l’heure du Pater noster; alors presse, afin de la faire sortir. 

39. SUR LES FILS MÉTALLIQUES DES ORFÈVRES. — Prenant de l’argent pur, ramollis-le avec le septuple de son poids de plomb, (jusqu’à ce) qu’il devienne mou comme de l’or. Ensuite nettoie-le et coule-le en barreau; amène-le à une longueur double par le battage. Puis, fais-en des fils, des feuilles, des rameaux, des étoiles, des roses, des réseaux tordus et entrelacés, des animaux, des oiseaux, et tout autre objet que tu voudras. Dispose une lame de fer mince et d’épaisseur uniforme. Prenant de la gomme adragante, mets-la dans un vase avec de l’eau, et laisse tremper pendant une nuit; le (lendemain) matin déverse l’eau : pour t’en servir, mets au feu, et amène en consistance de colle. Ensuite prends une pince à cheveux, saisis un à un les fils ou les feuilles et dépose-les dans la colle. Ensuite reprends-les, pour les poser sur la lame de fer, et fais ce que tu veux. Dès que tu l’auras exécuté, expose au feu, jusqu’à ce que la colle soit un peu brûlée. 

Alors, ajoute de l’argent fin, 1 hexage; mets-le dans le creuset, et fais fondre. 

Pour souder, aplatis au marteau aussi finement que tu peux; coupe en morceaux menus, avec de petits ciseaux; et place cette soudure sur les fils, au moyen d’une plume mouillée. Ensuite, tu feras une limaille grossière; mets-la (sur les fils), et, au-dessus, mets de la soude vitreuse, broyée finement; soumets à l’action du feu. Ensuite, blanchis et polis ce qui n’a pas été travaillé. Alors affine, (en ajoutant) environ 2 carats de minerai de cuivre lavé, ou de misy …

Là où il n’y a pas l’émail, on peut employer cette soudure; on peut l’exécuter avec de vieilles monnaies, ou bien partout où il s’agit d’alamarsa. 

40. AUTRE MÉTHODE MYSTÉRIEUSE. — Prenant de la chaux vive, mêle de l’huile avec la chaux et arrose bien, une fois ou deux. Mets alors dans l’alambic. Ajoute aussi de la lessive, en la versant tout autour et au-dessus, jusqu’à (une épaisseur) de deux doigts. Mets cette eau divine dans un autre flacon. Prenant alors une étoffe de lin, mouille-la dans cette eau; expose au feu, et si l’étoffe s’enflamme, sache qu’elle n’est pas bien préparée. Ajoute de nouveau le liniment calcaire avec d’autre chaux; opère comme précédemment, jusqu’à réussite, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’étoffe ne s’enflamme pas dans le feu.[16] Alors, prenant l’huile, mets de l’étain dans le creuset; et il se forme de l’or. 

41. AUTRE EAU DIVINE. — Prends de la couperose, 1 livre; du sel de nitre, 1 livre; et du cinabre,[17] 4 onces; broie bien dans un mortier de pierre, et jetant dans l’alambic, mets sur le fourneau : lute avec de la pate de levain et du blanc d’œuf. Mets à part la première eau. Quant à la seconde eau, celle qui coule ensuite de l’alambic, après avoir été condensée dans le chapiteau, c’est là ce qu’on appelle l’eau forte.[18] 

Alors, prends de ces eaux 2 onces, et du mercure 2 onces; mets le tout dans un matras (placé) sur de la cendre chaude ; et il se forme de l’eau de mercure.[19] 

Ensuite prenant de l’eau qui reste, 1 once, et de l’argent pur, 1 once; place le tout dans un autre matras sur de la cendre chaude; et il se forme de l’eau d’argent.[20] 

Alors mile, les deux eaux ensemble, l’eau de mercure et l’eau d’argent, dans un autre matras, à découvert; et place sur de la cendre chaude : il se forme un produit blanc comme du cristal. Puis, prenant de ce cristal ce que tu voudras, de l’huile calcaire une quantité égale, et du mercure une autre quantité égale; place dans un autre matras, et humecte bien, jusqu’à ce que le mercure soit dissous. Alors jette le tout dans un alambic ; fais un feu léger, rejette 3 fois l’eau qui sort de l’alambic et ajoute toujours de l’huile, en arrosant avec. Lorsque tu auras fait cela 3 fois, tu verras qu’il s’est formé, à l’intérieur de l’alambic, une sorte de pierre. Prends alors de cette espèce, 1 once, et du mercure 1 once; il se produit ce que tu veux.[21] 

42. EAU POUR EXTRAIRE L’OR DE L’ASEM. — Prenant 2 parties de sel ammoniac, et 3 parties de sel de nitre; broie bien dans un mortier. Ensuite, mettant dans l’alambic, lute avec de la cendre, de la brique pilée et es œufs; place sur un fourneau, fais bouillir pendant trois heures. Ensuite ouvre pour retirer la préparation; et de nouveau replace sur le feu et fais bouillir jusqu’à l’aurore, pendant la durée d’une bonne veillée. Le laps est de soixante-cinq heures, et le feu doit être ajouté peu à peu. (En opérant) ainsi, l’eau divine[22] aura été confectionnée complètement. 

Quand tu voudras retirer l’or de l’asèm, coupe l’asèm en morceaux et le jetant dans le matras, bouche bien. Ensuite épuise l’action de l’eau divine et mets à part l’or : on obtient ainsi un métal en poudre. Agglomère-le avec l’outil à dorer.[23] 

43. AUTRE (RECETTE) PAREILLE. — Prenant de l’alun, 2 litres; du sel de nitre, 1 livre; du vitriol romain, une livre et demie; broie, mets dans un alambic et, plaçant sur un fourneau, ferme bien. Ajoute en bas une fiole, pour recevoir l’eau forte. L’eau divine est ainsi confectionnée en 24 heures. 

Quand tu voudras retirer l’or de l’asèm, place l’eau forte à l’intérieur (d’un vase) de verre, posé sur de la cendre chaude : l’argent se dissout, et l’eau (forte) l’attaque en écumant. Ensuite, prenant l’eau qui contient l’argent et la mettant sur le fourneau dans l’alambic, fais un feu léger et reçois l’eau qui distille par les becs : l’argent[24] reste au fond. 

44. AFFINAGE DE L’OR. — Prenant de la marcassite, 8 onces; du soufre, 4 onces; fais fondre ensemble dans le creuset: il se forme de l’antimoine (sulfuré).[25] 

Lorsque tu voudras affiner l’or en grains, mets l’or dans un creuset au milieu du feu. Ensuite projette de l’antimoine (sulfuré), au milieu du creuset, à ta volonté, jusqu’à ébullition. Pour (obtenir un) refroidissement (régulier), place le creuset sur une brique de Grèce, au milieu du feu, jusqu’à refroidissement.[26] 

45. AUTRE (RECETTE) SEMBLABLE POUR L’ASEM. — Extrais l’or en poudre de l’asèm, et place la poussière dans le creuset. Ensuite délaie avec de l’antimoine, au milieu du creuset, et fais chauffer. Après cela, place sur une brique de Grèce, afin d’affiner et de laisser refroidir: on obtient ainsi de l’or fin. 

46. LORSQUE L’ARGENT OU L’OR SONT DEFECTUEUX. — Mets dans le creuset du mercure neuf et de la brique pilée, fais chauffer et le métal s’adoucit. Plus tu en mets, plus le produit devient beau. 

47. FIXATION DU MERCURE. — Mets du mercure, la quantité que tu voudras, et du plomb, une quantité égale; place-les dans un tesson de marmite, sur le fourneau. Ajoute un peu de bronze à canon, et il se forme un asèm de choix.[27] 

48. AUTRE (RECETTE). — Mets du mercure dans un pot, avec du jus d’oignon et du bronze à canon; place sur le fourneau. Prends de l’axonge et fais chauffer, de façon à obtenir une lessive. Projette cette lessive sur l’asèm, dans le creuset, et il se forme de l’or. 

49. SUR LA MANIÈRE DE FAIRE DES LETTRES D’OR.[28] — Prends du bronze couleur d’or; broie sur un porphyre; ajoute un peu de miel et broie beaucoup. Ensuite place dans la coquille et lave bien avec de l’eau, de façon à te débarrasser du miel. Ensuite prépare avec du blanc d’œuf et écris. Lorsque (les lettres) seront séchées, polis avec une petite pierre ponce, ou une dent de loup, et (le produit) devient beau. Presse le blanc de l’œuf avec une éponge à plusieurs reprises, de façon à rendre la masse bien fluide, qu’elle n’épaississe pas. Mets aussi de la litharge blanche et broyée. Lorsque l’or est devenu adhérent, lave le blanc d’œuf, de façon à l’enlever. 

50. SUR (LA MANIÈRE DE) RENDRE LE CUIVRE BRILLANT COMME DE L’OR.[29] — Prenant de la tutie volatilisée, 1 once; semblablement de l’excrément, 1 once; des figues sèches et noires, 1 once; broie le tout dans un mortier et mélange. Apprête 1 once d’étain, et après l’avoir aplati, coupe-le en morceaux. Mélange (le cuivre) avec cette espèce; place dans un creuset; lute par en haut avec de l’argile, souffle et fais chauffer. Lorsque tu penseras que le métal est entré en fusion, recouvre et complète la fusion. Mélange de nouveau les espèces, et opère comme précédemment, de façon à employer la totalité de cette espèce, et elle devient pareille à de l’or. 

51. SUR LE SAVON. — Prenant d’abord du savon, mélange, et broie avec du sel. Ensuite agite. 

52. AUTRE (RECETTE). — Prenant du sel ammoniac, du sel et de l’eau, broie bien. Ensuite sers-t-en pour rendre le cuivre brillant. 

53. LE VERRE. — C’est la soudure vitreuse, qui agit avec le sel ammoniac l’alun et le sel. 

54. SUR (LA MANIÈRE DE) BLANCHIR L’ÉTAIN. — Prenant du minium du Pont couleur de citron, autant que tu voudras, et du sel de nitre, une quantité égale, broie bien. Ensuite mélange. Puis mets avec le fondant précédent, sur un feu de charbon, et fais chauffer jusqu’à absence de fumée. Le produit devient blanc comme de la neige. Ensuite retire et broie bien; et jetant de l’étain dans le creuset, (le poids de) 4 onces, joins-y l’opsiastiké,[30] 1 once. Mets à part 6 parties. Lorsque l’étain apparaît au milieu du creuset, projettes-y une première partie (de la préparation précédente) : recouvre avec des charbons, et fais chauffer jusqu’à ce que la vapeur, sorte. Puis de nouveau, mets une autre partie, en opérant comme la première fois, et en projetant. Verse alors dans une petite coupe en fer, et le traitement sera réalisé. 

Lorsque tu voudras dorer de l’argent, dispose suivant l’emploi, et à ta volonté; projette. Et lorsque tu auras mêlé le produit avec l’argent, ajoute aussi un peu de lie dans le creuset, je veux dire le quart. 

55. SUR LA MANIÈRE DE RENDRE LE CUIVRE PAREIL A DE L’OR. — Prenant de la tutie, 3 parties; du curcuma, 1 partie ; des raisins secs et des figues sèches rousses, du miel, des fèves de …….. (?),[31] 1 partie, de l’enveloppe intérieure des amandes, de la réglisse, du jaune d’œuf et du safran, 1 partie, de la bile de bœuf roux desséchée, 1 partie. Broie la tutie, comme on broie le cinabre avec de l’huile et fais-en une pâte; alors broie les autres espèces et unifie. Prenant 3 onces de cuivre, réduis en lames minces sur l’enclume; humecte avec les espèces précédentes; mets dans le creuset; ferme avec le lut de l’art, mets au feu; souffle bien avec l’appareil (à souffler). Quand le produit est fortement chauffé, tu projettes ces espèces et le cuivre devient beau comme de l’or. 

56. L’EAU DU TRAITEMENT ASSURÉ — Prenant la progéniture d’oiseaux vivants,[32] nette et sans tache, partage (en deux), comme pour des ragoûts: l’art culinaire nous est profitable en beaucoup de circonstances. Ensuite mets dans deux marmites, une partie de chaque liquide; fais une grande extraction, avec les appareils à mamelon. Quand tu verras le produit couler au milieu de la bouteille et se figer à la surface comme de la cire, alors enlève-le et laisse refroidir. Casse le vase : tu trouveras au milieu un produit très précieux, pour ton usage. 

Cette plante[33] purifie le plomb au moyen du mercure; elle affine l’or, le rendant pur et à toute épreuve. Fonds d’abord le plomb, pris sous le poids de 8 livres; lorsque le plomb est fondu, ajoutes-y du mercure traité suivant l’art, 8 autres livres, et laisse chauffer, jusqu’à ce que le produit fume. Alors, ajoute une livre de cette plante et fais chauffer jusqu’à pleine ébullition. Remue avec un bâton enflammé pendant heures. Ensuite porte au dehors et laisse l’enduit se refroidir; alors le métal devient noir. D’autres fois, il se colore en rouge garance.[34] 

Voici la préparation : fonds du plomb traité suivant l’art, 8 livres, et lorsqu’il est bien fondu, ajoute du mercure, 8 autres livres. Ajoute en second lieu, de la seconde plante, 1 livre; fais bien chauffer pendant 1 heure 1/2, et laisse refroidir. En outre, fonds 8 livres de plomb, et, après la fusion, traite-le convenablement, à cinq reprises, comme nous l’avons dit précédemment; la dernière fois, attache un morceau d’or au bout (du bâton).[35] Avec ce seul morceau d’or, les 8 livres de plomb et les 8 livres de mercure, joints avec cette plante, se changent en bel or. 

57. Un autre dit: …………………………………………………

Vient ensuite un morceau emprunté à Zosime[36] et qui se trouve imprimé III, viii, p. 143-144. 

V. ii. — TRAVAIL DES QUATRE ÉLÉMENTS[37] 
1. ICI COMMENCE L’EXPLICATION DÉTAILLÉE DE L’ŒUVRE. — Prends le blanc et le jaune des œufs, et malaxe-les ensemble avec ta main, de façon à former un mélange en consistance pâteuse; mets-le dans une marmite neuve; ferme, et plonge (la marmite) dans du fumier, ou dans de la cendre chaude, ou dans de la paille (pourrie), pendant 7 ou 14 jours. Ensuite, enlève, place dans l’alambic sur un feu très bas. Prends l’eau blanche qui en provient. Or, quand tu verras que le produit passe trouble ou noir, arrête et mets ce produit à part. Prends l’huile; augmente la force du feu, et après avoir recueilli le produit, mets-le à part. Quant à la matière qui reste dans le matras, recouvre-la : c’est là le cuivre brûlé et la magnésie asiatique.[38] 

2. PREMIER ÉLÉMENT : L’EAU. PREMIER TRAVAIL, CELUI DU VINAIGRE DIVIN. — Aussitôt après avoir distillé, au moyen de l’appareil, l’eau divine, jusqu’à trois fois; mets chaque fois, pour une livre, une once de chaux divine. 

Ensuite distille de nouveau avec des feuilles de myrte, par 7 fois. Opère de cette manière, jusqu’à ce que l’eau devienne transparente et brillante. C’est là ce qu’on appelle le vinaigre divin. 

3. En suivant la première marche, conformément à ce que nous avons dit, aie soin, à chaque distillation, d’opérer la réaction dans l’alambic, pendant un jour, soit dans la fiente, ou dans la paille (pourrie), ou dans la cendre chaude. On y fait digérer l’alambic qui contient l’eau, avec une once de chaux nouvelle. Ensuite distille; ajoute chaque fois de la chaux nouvelle: retire la précédente. Aussi, chaque fois que tu distilleras, chaque fois tu produiras un résultat utile. 

4. NOMENCLATURE DU VINAIGRE DIVIN ET DE L’EAU DIVINE.[39] — Voici ce que disent les philosophes: Eau divine, vinaigre divin, magnésie blanche, eau de chaux, urine (d’)impubère, mercure, eau de mer, lait virginal, lait d’ânesse, de chienne, de vache noire, eau d’alun, de cendre de choux, de natron, matière occidentale, vapeur. C’est là ce qui blanchit le corps de la magnésie, c’est-à-dire le cuivre brûlé; c’est là ce qui transporte au dehors la nature cachée à l’intérieur. C’est là la nature qui triomphe de la nature, celle qui transmute les natures, celle qui délaie, celle qui enchaîne, celle qui fait concevoir et qui enfante, celle par qui le Tout est accompli. 

5. (SECOND ÉLÉMENT : L’AIR). ICI COMMENCE LE TRAVAIL DE L’AIR. — Prends de l’huile; mets pour une livre d’huile, 1 once de chaux ; laisse réagir, en faisant digérer dans du fumier pendant un jour. 

Ensuite distille et opère de même une fois chaque jour. Répète jusqu’à 20 ou 30 fois; distille avec des feuilles de myrte, jusqu’à ce que (la préparation) devienne très pure, blanchâtre, jaune. 

6. Quant au feu, je n’ai pas à te dire ce que doit être (celui) du fourneau: 

Opère à ton gré, sur une lampe, ou sur un feu de paille, ou bien sur un feu très doux de fiente (desséchée), et pour ainsi dire sans feu. Que l’alambic soit entouré d’étoupe, ou plongé dans l’eau bouillante, ou bien dans le fumier, ou dans la lessive. Le mieux, c’est dans l’eau: ce qui est appelé fourneau humide.[40] Quelques-uns rectifient jusqu’à 50 fois; et à chaque dixième fois, (la préparation) apparaît plus brillante en couleur. 

Voici à quel signe (on reconnaît) que l’opération est achevée. Après avoir fait rougir au feu des feuilles de fer à cheval laminées, trempe-(les) jusqu’à fois dans l’huile divine, et vois si la feuille blanchit, s’adoucit, change d’essence, devient parfaite et plus belle que l’or.[41] Sinon, travaille-la de nouveau; c’est-à-dire recommence le traitement par l’huile divine. 

7. ICI COMMENCE LA NOMENCLATURE (DE L’AIR).[42] — Son safran est appelé jaune d’œuf, sphère d’or, cinabre,[43] safran de Cilicie, ocre attique, terre de Sinope, nitre roux, natron d’Egypte, (bleu) d’Arménie, couperose, huile. L’huile qui en provient, lorsqu’elles été décomposée et qu’elle a passé par l’appareil distillatoire, est appelée huile divine, vin d’Amina, cinabre des philosophes, comaris, soufre natif, (huile) de raifort, huile de ricin, liqueur d’or, pierre de Mélos, huile de lin, soufre apyre, sandaraque, arsenic, gomme, huile d’aristoloche, huile de mandragore, de rhubarbe, de chélidoine; eau de pourpre, eau de fleur de cuivre, eau brillante comme de l’or, eau incombustible, alun décomposé, mercure, matière orientale. 

8. (SUBSTANCES) D’UNE AUTRE NATURE. — Les mêmes esprits et (les mêmes) eaux ont été appelés par les philosophes perles[44] et pierres précieuses; ils sont doués d’une grande puissance. En effet si tu les travailles, de façon à transporter au dehors la nature cachée à l’intérieur, tu parviendras au mystère des philosophes. C’est là le résumé du mystère. De cette façon, la préparation est blanchie, puis jaunie; le cuivre de Chypre devient le cuivre brûlé, ou le corps de la magnésie, celui dont ils disent: La magnésie, traitée suivant l’art, ôte aux corps (métalliques) leur fragilité; elle blanchit le cuivre, elle amollit le fer, elle ôte à l’étain sa mollesse, elle convertit le mercure en or.[45] 

9. TROISIEME ÉLÉMENT, LE FEU. ICI COMMENCE LE TRAVAIL DU FEU. — Ensuite prends le feu, c’est-à-dire le cuivre brûlé,[46] ce qui reste dans le plat. Après l’opération des œufs brûlés, broie finement, d’une façon continue et au soleil, pendant un jour entier. Le produit s’humecte peu à peu et émet de la fumée. 

Alors arrose-le, broie et fais sécher au soleil, ou sur la cendre chaude, ou sur un fourneau, (en arrosant avec du vinaigre divin, trois fois par jour. Tu feras cela jusqu’à ce que tu observes le signe suivant : l’argent prend une surface brillante dans le creuset. Projette-le en dehors de celui-ci. S’il est coloré en or, c’est bien; sinon, réitère ton travail. 

10. QUATRIEME ÉLÉMENT, LA TERRE, ICI COMMENCE LE TRAVAIL DE LA TERRE, C’EST-A-DIRE DE LA CHAUX TOUTE PUISSANTE. — Pulvérise les coquilles des œufs, et broie-les avec du natron et de l’eau, pendant un jour. 

Ensuite, arrose-les à plusieurs reprises avec un liquide édulcorant. Puis dessèche et réduis à l’état de poudre fine. 

Ensuite, projette dans une dose d’eau égale au poids des œufs, et laisse dans un four de boulanger, ou sur un bain de cendre chaude, jusqu’à dessiccation, pendant 7 jours. 

Ensuite, enlève; pulvérise encore, et, mêlant avec une quantité d’eau égale au poids des œufs, referme de nouveau (le vase). Laisse dans le four pendant 7 jours; et opère ainsi jusqu’à trois fois. 

Ensuite pulvérise, après avoir fait sécher à plusieurs reprises au soleil, et après avoir arrosé pendant 3 jours, etc. Broie ainsi; mets dans un vase; ferme-le et soumets-le à l’action d’un fourneau de verrier pendant 2 jours et 2 nuits. Après avoir retiré (le vase), tu trouveras de la (terre) cimolienne verte. 

Après l’avoir pulvérisée encore et arrosée plusieurs fois par jour, fais cuire sur un feu de fiente (desséchée). Après avoir répété cela 3 ou 5 fois, tu la trouveras convertie en) céruse très blanche. Le produit sera accompli, si tu trouves le cuivre blanchi dans le creuset. Sinon, recommence ton travail. 

11. NOMENCLATURE DE LA TERRE.[47] — Les sages nommaient ces choses: chaux divine, terre de Chio, terre astérite, alun lamelleux, litharge blanche, (terre) cimolienne, (terre) stibienne, aphrosélinon, gomme, couperose, urine non fluide, céruse, androdamas, alabastron, suc de figuier et de tithymale. 

12. L’UNION DES QUATRE ÉLÉMENTS. — Fais attention, mon ami : si tu n’as pas traité convenablement les quatre éléments, suivant le procédé qui t’a été exposé, il ne faut pas entreprendre leur union. Il n’y aurait pas lieu de t’enorgueillir et tu en serais pour ta peine. 

FAIS ATTENTION. — Prends (du produit préparé plus haut sous le nom de) feu, 1 partie, et (du produit désigné sous le nom de) terre, 4 parties. Après avoir pulvérisé, mets dans un vase et place au-dessus (du produit désigné sous le nom de) l’air, le double (de la matière appelée) feu. Suspends le vase au milieu d’un autre vase de grande dimension, contenant du vinaigre piquant; ferme le vase, et laisse pendant quelques jours, jusqu’à ce que (le Contenu) devienne comme de la pate fermentée. 

13. Sache[48] que quelques-uns mettaient 2 parties du (produit appelé) terre et 1 partie du (produit appelé) feu; d’autres, 3 parties de terre et 1 partie de feu; d’autres encore, 4 parties et plus (de terre) et 1 partie de feu. Toutes ces (proportions) sont convenables; mais la meilleure est celle qu’on a exposée ci-dessus. 

14. Voilà ce que nous avons écrit pour toi, mon ami, sans aucun sentiment d’envie, afin que tu ne t’égares point. Après que la composition est devenue pareille à une pâte fermentée, enlève et fais cuire sur un feu léger, afin qu’elle sèche. Ensuite pulvérise-la de nouveau sur un marbre romain, puis mets-la dans le vase; mets-y aussi (du produit appelé) air, une quantité double (du produit appelé) feu, et suspends, comme tout à l’heure, le vase au milieu du vinaigre. Opère d’après le procédé ci-dessus jusqu’à 7 fois; et chaque fois, mets l’air en quantité double du feu. Après la 7e fois, enlève, dessèche et pulvérise, avec de l’air employé en quantité double de la terre, et laisse le vase dans le fumier, pendant un jour et une nuit. Ensuite retire; observe la couleur du produit si elle est changée, c’est qu’il a commencé à parcourir le chemin prescrit; sinon, soumets-le de nouveau au même travail, jusqu’à ce qu’il change d’apparence. Alors enlève-le de la même façon; pulvérise à part et séparément de l’air; fais un mélange avec l’air et le soufre, c’est-à-dire délaie le vinaigre divin[49] avec l’air, plusieurs fois par jour. Ensuite exécute de nouveau la réaction dans un vase, comme nous l’avons dit plus haut, avec du vinaigre piquant pendant deux jours. Le produit devient ainsi liquide comme de l’eau. Après l’avoir travaillé de cette façon, retire-le du vinaigre, et fixe-le sur un feu doux et convenable, jusqu’à ce qu’il se solidifie en une pierre (offrant l’apparence d’une) cire très consistante. Garde le produit obtenu par la grâce généreuse de Dieu, pour son honneur et pour ta (propre) délivrance de l’état de pauvreté. 

V. iii. — SUR LA TREMPE DU FER 
1. La trempe du fer, pour presque tout le monde, est utile à connaître; elle est multiple, quant à la pratique. 

Prends de la corne de chèvre; fais la brûler et broie (la cendre) de façon à l’unir avec le double de sel, non en poids, mais en volume. Ajoute avec l’eau que tu connais,[50] et pétris de façon à former une pâte liquide. Avec cela il t’est facile d’obtenir une épée de telle qualité que tu voudras. Tu en nettoies le tranchant; tu la mets sur des charbons, et tu la fais rougir au point voulu. Après cela, en la jetant dans l’eau que tu connais, tu auras une épée rendue tranchante par la trempe (qu’elle a reçue). Cette trempe est, comme on l’a dit, commune et presque universellement connue. La projection dans l’eau ne doit pas être quelconque, mais réglée suivant la forme et la destination de l’épée. 

Pour les instruments destinés à tailler la pierre et généralement pour tous ceux qui ne possèdent pas un tranchant très aigu, on se borne à les plonger simplement dans l’eau après le chauffage. Mais les outils qui sont dans le cas contraire, comme par exemple les coutelas et les glaives, ne doivent pas être travaillés d’une façon quelconque on les refroidit avec un linge mouillé, ou bien avec un morceau de laine humecté, tel que ceux que l’on emploie contre la pluie. On opère dans le sens du fil, en recouvrant le tranchant qui doit être trempé. Telle est cette trempe. 

2. DEUXIÈME TREMPE. — Il y a aussi une autre espèce de trempe ; elle est destinée non seulement aux fers en général et susceptible de les rendre plus polis et plus brillants encore que la trempe précitée; mais c’est aussi elle qui rend encore plus tranchant le fer appelé indien. Quelques-uns décapent le haut de l’épée avec de la terre blanche, d’autres avec des œufs d’oiseaux, ou bien avec d’autres (matières), soit simples et tirées de la nature, soit composées et obtenues par l’art. Parmi les décapages accomplis avec des matières artificielles, on peut citer l’espèce de trempe qui est obtenue au moyen du bois, avec la cendre de toute (espèce de bois) et l’huile[51] et quelques autres matières. Ce que je dis là est exempt d’obscurité pour la plupart. 

Prends donc cette matière; fais-la chauffer, comme il est d’usage dans la pratique du fondeur d’or; unis-la avec le tiers de son poids de sel; ou bien, si le fer est tout à fait de bonne qualité, avec la moitié; après avoir décapé, le tranchant du fer, fais rougir au feu. Ensuite, en suivant la marche qui t’a été indiquée précédemment, et en tenant compte de la diversité de la forme et de l’usage des instruments, projette dans l’eau. Or n’ignore pas que si le fer trempé vient à être rendu cassant à cause de sa dureté, il faudra le projeter dans l’huile, ou dans une graisse qui n’ait pas été cuite, ni mélangée à autre chose. En opérant et en travaillant ainsi, tu obtiendras pleinement le résultat voulu. 

3. TROISIÈME TREMPE. — Je vais parler d’une trempe garantie par la philosophie mystique. C’est une chose étrange à connaître, surprenante à comprendre, une chose difficile à trouver, et (pourtant) connue de tous; elle est recherchée avec ardeur, en raison de sa nature et bien qu’elle soit facile à connaître pour la plupart des hommes.[52] La terre n’engendre pas ce produit pour tous; ce n’est pas le fruit d’un mauvais destin, mais celui d’un destin favorable, manifeste et tourné vers le ciel.[53] (C’est ainsi que la terre) coopère à la confection du plus sérieux des êtres, l’or; en l’engendrant, elle ne le repousse pas au dehors; mais elle le conserve dans son sein, elle le nourrit. 

Suit un passage mystique et inintelligible. 

Telle est la trempe très mystique, la trempe du fer indien.[54] Maintenant observe : si le fer qui doit être rendu tranchant était trop dur, ne l’emploie pas dans cet état. En effet, ainsi que nous l’avons dit, en parlant du mystère, il est détruit et brisé par tout ce qu’on lui présente. Mais, en le reprenant convenablement, par l’huile ou par l’eau de pluie, tu pourras ensuite l’employer, après avoir opéré suivant la mesure qu’enseignent aisément la pratique et l’expérience. 

4. QUATRIÈME TREMPE. — Quant à la quatrième trempe, comparée aux précédentes, elle est encore meilleure, moins connue et plus admirable que celle-là. En outre, elle est plus simple. L’homme étant un animal supérieur à tous, vois quelle gloire lui est échue parmi les (êtres) mortels; on pourrait énumérer bien des choses venant de lui qui sont remplies de merveilles. Parmi elles, il faut citer cette chose-là qui a reçu (en partage) la puissance de tremper et de rendre tranchant. 

Le passage qui suit est un pur galimatias.[55]

La sécrétion liquide, entre autres propriétés, a celle de tremper le fer et de le rendre tranchant; c’est par (elle) seule que le fer devient excellent. Or la trempe s’opère, comme on l’a dit dans ce qui précède, suivant la diversité d’emploi et de forme (des instruments) de fer; mais pour tous, ainsi qu’on l’a dit en commençant, ce qui occupe le premier rang dans la trempe, c’est la sécrétion liquide.[56] 

V. iv. — TEINTURE DU CUIVRE TROUVÉ CHEZ LES PERSES 
DÉCRITE SOUS LE RÈGNE DE PHILIPPE[57]
1. Prenant de la tutie la plus haute,[58] ce que tu voudras; broie et passe au tamis très fin; mets dans un vase de terre cuite, Ajoute sur elle de l’huile de telle qualité que tu voudras, soit de l’huile commune, soit de l’huile de sésame. Reprends avec les mains, mélangeant et broyant l’huile avec la unie dans le vase de terre, jusqu’à ce que la tutie soit imprégnée d’huile et qu’elle n’en absorbe plus. Lorsque tu verras qu’elle en e absorbé suffisamment, ajoute de nouveau et mélange une nouvelle dose de la même huile, jusqu’à ce qu’il se forme une pète. Puis prenant de la couleur de palmier, je dis du rouge appelé natef chez les Arabes,[59] un poids égal au cinquième de la tutie; ajoute-le au-dessus de la tutie, dans le mélange opéré au préalable dans le vase de terre cuite, et après l’avoir réduit en morceaux qui ne soient ni trop petits ni trop gros. Puis, après avoir fait chauffer un four avec un feu très fort, mets le vase dans le four, en lutant l’ouverture du four jusqu’au lendemain. Ainsi la tutie sera brûlée et rendue noire. Retire-la le lendemain, broie et passe au tamis fin. 

2. Lorsque tu voudras teindre le cuivre précité, ainsi qu’on ne teint pas mieux en Perse, prends 2 parties de beau cuivre de Chypre, et 1 partie de la poudre sèche préparée à l’avance au moyen de la unie. Casse le cuivre en autant de mentis morceaux que tu pourras; mêles-y la poudre, et plaçant les a substances dans un creuset, souffle fort jusqu’à ce que le cuivre bouillonne avec la poudre. Lorsqu’il bouillonnera, ajoute encore du charbon, en soufflant énergiquement jusqu’à ce que les deux corps soient unifiés. Si tu veux connaitre la beauté de la couleur, prends une baguette de fer à bout recourbé, retire (la matière) qui adhère au bout, et regarde : si la couleur te plaît, cesse de souffler; mais si elle ne te plaît pas encore, continue de souffler et ajoute du charbon. En effet, plus l’on souffle le feu de charbon, plus le résultat que l’on se propose d’obtenir est satisfaisant.[60] 

V. v. — TREMPE DU FER INDIEN, DÉCRITE A LA MÊME ÉPOQUE
1. Prenant du fer doux, livres, coupe-le en petits morceaux; puis prenant de l’écorce des fruits de palmier,[61] nommée elileg chez les Arabes, 15 parties en poids, et 4 parties en poids de belileg,[62] pareillement nettoyé à l’intérieur, c’est-à-dire l’écorce seule; ainsi que 4 parties d’ambileg, semblablement nettoyé, et de la magnésie des verriers ci-dessus mentionnée (magnésie femelle) 2 parties.[63] Broie le tout ensemble, pas trop menu, et mélange avec les 4 livres de fer. Puis mets dans un creuset et égalise bien la place du creuset, avant de chauffer; car si tune prends pas ce soin, de façon à éviter que celui-ci (le creuset) ne soit déplacé, tu trouveras des difficultés dans l’opération de la fonte. Ensuite mets les charbons et pousse le feu jusqu’à ce que le fer soit fondu, et que les espèces (susdites) soient unies avec lui. Or les livres de fer demandent 100 livres de charbon. 

2. Observe que si le fer n’est pas très doux, il n’a pas besoin de magnésie, mais seulement de toutes les autres espèces; car la magnésie le rend sec au plus haut degré et il devient cassant. Mais s’il est doux, il n’est besoin que d’elle seule, ainsi qu’il a été dit plus haut; car celle-ci accomplit tout. 

3. Telle est la première et royale opération, celle que l’on étudie aujourd’hui, et au moyen de laquelle on fabrique des épées merveilleuses.[64] Elle a été découverte par les Indiens et exposée par les Perses, et c’est de ceux-ci qu’elle nous est venue. 

V. vi. — FABRICATION DES VERRES 
1. Prenant des œufs,[65] le nombre que tu voudras; lave-(les) dans de l’eau saumâtre, puis essuie-les) Lave-(les) de nouveau dans de l’eau de natron; puis après les avoir cassés, sépare les coquilles de leurs membranes (intérieures), dépose les jaunes isolément et le blanc isolément. Après avoir égorgé de petits oiseaux noirs, recueilli leur sang et l’avoir mis dans l’appareil, retires-en l’eau, soit au moyen d’un feu doux, soit d’un feu immatériel qui ne brûle pas.[66] 

Garde le résidu et l’eau. Si l’on obtient aussi de l’huile, mets-la à l’ombre. Quant au blanc d’œuf, soumets-le à l’extraction au moyen du feu; tires-en l’eau et l’huile séparément, ainsi que le résidu, et garde ensemble à l’ombre. 

Broyant les coquilles avec les membranes, mets-(les) dans deux creusets, lutés avec de la terre broyée et feutrée avec des poils. Chauffe fortement au moyen de deux soufflets de peau, jusqu’à effervescence et jusqu’à ce que tu n’entendes plus le bouillonnement; car lorsque (la matière) se trouve à point à l’intérieur, le bouillonnement cesse dès que tu reconnaîtras à ce signe que le produit est cuit, laisse refroidir, en déposant (le creuset) sur le fourneau; puis, en cassant (le creuset), tu trouveras du verre vert, 

2. Semblablement, prenant aussi le résidu du blanc, et le mettant dans deux creusets, bien calfeutrés, fais chauffer le tout ensemble et tu trouveras du verre couleur citron, dit de Bérénice. 

3. (Prenant) les jaunes, mettant leurs résidus dans deux creusets et chauffant, tu trouveras du verre blanc. 

4. Semblablement, faisant chauffer les résidus du sang, tu trouveras du verre bleuâtre, celui qu’on appelle bleu. 

5. Lorsque[67] tu auras fait chauffer ainsi isolément ces quatre corps, et que tu auras fabriqué isolément ces verres; alors prends ces (matières) en proportion égale, mélange-les et broie-les toutes ensemble. Mets le tout dans deux creusets, l’un au-dessus, l’autre au-dessous; fais fondre. Toutes ces (matières) doivent avoir été chauffées auparavant fortement. Lorsqu’elles auront bouilli et qu’elles seront à point, laisse le produit digérer, puis refroidir. Retire le tout des vases et broie finement. 

Alors, reprend les huiles tirées de tous les corps,[68] mélange-les ensemble et sers-t’en pour arroser (la poudre); de façon à donner à la composition la consistance d’une pâte fermentée épaisse, en délayant l’huile avec les verres, qui en représentent les corps. Laisse ensuite dans le mortier et expose au soleil dans le mortier même, pendant 3 jours. Lorsque ce ferment aura été exposé au soleil, il devra être cuit légèrement, et il produira du cinabre (ou de l’or?).[69] 

V. vii. — COLORATION DES PIERRES, DES ÉMERAUDES, DES ESCARBOUCLES ET DES AMÉTHYSTES 
D’APRÈS LE LIVRE TIRÉ DU SANCTUAIRE DES TEMPLES[70] 
1. Prends de la comaris,[71] difficile à trouver, matière que les Perses et les Égyptiens nomment talac, et d’autres talc, une demi-once; du soufre, une demi-once; et de l’eau de soufre natif, 18 onces. Délaie la comaris et incorpore-la avec le mercure. Puis mets dans un verre de forme courbe (fiole?), et conserve. 

2. Lorsque tu voudras colorer une émeraude, prends de la rouille de cuivre et du vinaigre de première qualité; broie dans un mortier de verre; après avoir mélangé de la bile de taureau ou de vautour desséchée et après avoir unis (ces produits) dans un mélange homogène, formes-en des boulettes, laisse refroidir à l’ombre, et conserve. 

3. Lorsque tu veux colorer une pierre, mets ces boulettes dans un mortier de verre, et après avoir broyé, forme un mélange homogène avec le produit retiré du vase de forme courbe. 

Après avoir délayé le tout ensemble, fais une liqueur et mets dans une bassine de verre, enduite d’un lut qui résiste au feu. Prends les objets de verre, de telle forme que tu voudras; introduis-les dans la bassine lutée qui contient la liqueur; place des charbons, de façon à chauffer par dessous à une douce chaleur; laisse prendre un seul bouillon, puis ôtant du feu, mets dans un lieu (frais), et laisse tremper pendant 3 jours. Après avoir retiré (les objets), tu obtiendras par la grâce de Dieu le résultat cherché.[72] 

4. En suivant la même marche, s’il s’agit de l’escarboucle,[73] mets en boulettes du sang de serpent (sang dragon)[74] et du suc d’orcanette; délayant avec l’eau mentionnée plus haut dans (l’article de) l’émeraude, places-y l’objet de verre et tu le coloreras. 

5. Semblablement aussi pour l’améthyste, délaie de l’azur avec du suc d’isatis et fais des boulettes, comme il a été expliqué plus haut; car il n’y a rien de meilleur. 

6. QUELLES ESPECES PRODUISENT LA COLORATION DES PIERRES (PRÉCIEUSES) ET PAR QUEL TRAITEMENT.[75] — Nous savons que l’agent commun dans les œuvres de cet art, c’est la comaris, et nous nous proposons de parler de la coloration des pierres. Voyons d’abord quelles espèces sont susceptibles de colorer les pierres; comment, unies à la comaris, elles colorent les verres, ou augmentent la teinte des (pierres) naturelles; quels (sont) les vases et les moyens du traitement. 

En ce qui touche la fabrication des émeraudes, suivant l’opinion d’Ostanès, ce compilateur universel des anciens, (les espèces employées sont) la rouille du cuivre, les biles de toutes sortes d’animaux et matières similaires. 

Pour les hyacinthes (améthystes), on emploie la plante du même nom (jacinthe) et la racine d’isatis, mise en décoction avec elle. 

Pour l’escarboucle, c’est l’orcanette et le sang-dragon. 

Pour l’escarboucle qui brille la nuit, et qui est appelé couleur (de pourpre) marine, ce sont les biles d’animaux marins, poissons ou cétacés; à cause de leur propriété de briller la nuit, et surtout de leur couleur plus ou moins glauque. C’est ce que manifestent leurs entrailles, leurs écailles et leurs os phosphorescents. En effet, Marie s’exprime ainsi « Si tu veux (teindre) en vert, mélange la rouille du cuivre avec la bile de tortue; si tu veux (obtenir une couleur) plus belle, c’est avec la bile de la tortue d’Inde. Mets-y les objets, et (la teinture) sera tout à fait de première qualité. Si tu n’as pas de bile de tortue, emploie du poumon marin bleu,[76] et tu feras une teinture plus belle. Lorsqu’elle est complètement développée, les objets teints émettent une lueur. » 

Ainsi Ostanès, pour les émeraudes, a pris les biles des animaux et la rouille du cuivre, sans y ajouter la couleur marine. Pour l’hyacinthe, il a pris la plante du même nom, le noir Indien et la racine d’isatis. Pour le rubis, l’orcanette et le sang-dragon, Marie a pris, de son côté, la rouille du cuivre et les biles des animaux marins. Quant à la pierre qui brille la nuit, c’est celle que les savants en matière de pierres appellent hyacinthe. C’est pourquoi il continue en ces termes « Lorsque la teinture est complètement développée, les objets projettent une lueur pareille aux rayons du soleil. » 

7. Où les pierres prennent-elles cet éclat flamboyant? car ni les biles, ni la rouille du cuivre ne peuvent le leur donner, étant vertes par nature. Que dirons-nous (à ce sujet)? Est-ce qu’une opération si utile a échappé à Marie? Celle-ci, (parle) de la fabrication des rubis, qu’elle a exposée en détail plus haut. Ostanès, lui, prend l’orcanette, le sang-dragon, et les agents colorants pour d’autres pierres. Il a parlé d’abord de la teinture de la pierre en rouge couleur de feu, mais qui ne brille pas la nuit. Dans ce passage, l’opérateur expose que la pierre la plus précieuse qu’il convienne de préparer et de teindre est celle qui émet des rayons lumineux la nuit: de telle sorte que ceux qui la possèdent puissent lire et écrire presque comme en plein jour. En effet, chaque escarboucle (teinte) peut être vue séparément de nuit, en raison de sa grosseur propre et de sa pureté, que la pierre soit naturelle ou artificielle. On peut se diriger à l’aide de la lumière, ainsi émise en vertu de la propriété (de ces pierres) de briller la nuit. Car le mot employé ici ne s’applique pas seulement à la pierre qui brille le jour, mais à celle qui brille la nuit. 

8. Les biles des animaux en perdant leur matière aqueuse, sont desséchées à l’ombre. Dans cet état, on les incorpore à la rouille de notre cuivre, ainsi qu’à la comaris; on fait cuire le tout ensemble, suivant les règles de l’art. Colorées par l’eau (divine), elles prennent une teinte stable. Cette eau étant écartée, les pierres sont chauffées, et encore chaudes, trempées dans la teinture, suivant les préceptes des Hébreux. 

Si toutefois la couleur tirée des biles ne donne pas à la pierre un vert suffisamment intense, on met celle-ci dans notre rouille, en ajoutant de la rouille de plomb commun, un peu de couperose et toutes les matières susceptibles de servir aux pierres que l’on veut surteindre, ou qui contiennent des figures: cela se fait principalement pour les émeraudes. 

Il faut savoir que les biles des animaux marins ajoutent la phosphorescence à la coloration propre de chaque pierre, lorsqu’on les introduit en proportion convenable dans les (matières) tinctoriales propres à chaque couleur, ou avec certaines autres espèces. Il faut que toute teinture soit exécutée dans des vases de verre clairs, et toute chose accomplie suivant la règle universelle. Tu comprends qu’il doit en être ainsi, et que ces choses ne doivent pas être négligées.[77] 

10. PROCÉDÉ POUR DONNER DE L’ÉCLAT AUX COULEURS ET POUR FABRIQUER DES PIERRES TEINTES.[78] — Le Philosophe, nous enseignant quel est le procédé pour donner de l’éclat aux couleurs des pierres teintes, dans le (livre) qui traite des pierres teintes par le cuivre, s’exprime en ces termes Ainsi que je l’ai appris dans le livre traditionnel, on prend la bile d’ichneumon, la bile de vautour. Dans ces biles, on fait macérer la rouille du cuivre pendant 40 jours, afin que la matière décomposée fournisse la substance qui colore les pierres et que la rouille rende cette espèce inaltérable, suivant Agathodémon. » C’est de cela que parle Moïse le divin prophète, dans sa Chimie:[79] « Plaçant toutes choses dans un petit ballon de verre, fais cuire jusqu’à ce que le produit devienne couleur de cinabre et accomplisse le mystère divin. » Il fait entendre que la chaleur doit être inoffensive et proportionnée à la composition, en parlant de l’exposition au soleil. Il le montre clairement aussi par sa lettre en vers iambiques adressée à Sanis, où il disait avec clarté: 

Et tu traiteras toutes choses comme (par l’exposition) à un soleil fort.

11. SUR L’ART CHIMIQUE. — Prenant de la rubrique, 3 livres; du verre pur, 1 livre; de l’étain, 2 hexages; délaie avec l’eau de soufre en consistance pâteuse. Mets ces matières dans un pot neuf et fais-les cuire sur du charbon, jusqu’à ce qu’il se forme du verre vert. Si le feu est de longue durée, la matière prend l’apparence de l’or; et si l’on poursuit encore davantage, elle blanchit comme du cristal. 

12. AUTRE CHAPITRE SUR LES PIERRES.[80] — Parmi les pierres, les unes sont teintes (simplement); les autres le sont avec l’emploi d’un fixateur. Parmi les pierres teintes, les unes sont colorées après attaque, et les autres sont teintes à leur surface dans leur état d’intégrité. De même aussi, parmi les (pierres) teintes, celles qui sont attaquées, ne le sont pas toutes dans leur étendue totale, les unes étant hétérogènes et les autres homogènes. Nous parlerons d’abord des (pierres) teintes à la surface, d’une façon uniforme, et ensuite des (pierres) teintes d’une façon hétérogène; enfin, de la fabrication des perles.[81] 

13. Il est nécessaire de connaître la préparation et la fabrication complète des pierres, au moyen d’une seule liqueur. Cherchons avant tout si une seule liqueur sert au travail complet; ou bien s’il en faut deux, ou trois. En effet, toute pierre a besoin d’être amollie,[82] teinte et fixée. 

Voici comment on opère la fixation. Il faut d’abord amollir la pierre, conformément à l’opinion du bon Philosophe; l’amollissement est nécessaire, afin qu’elle puisse recevoir la couleur. Puis vient la teinture, en vue de la beauté et de la fin désirée; enfin on opère la fixation, en vue d’amener (la pierre) à sa forme (dernière). De même dans les préparations concernant l’or et l’argent, nous avons besoin d’opérer l’imbibition, la teinture et la fixation; car sans l’accomplissement de ces opérations le métal ne saurait éprouver l’action de la poudre de projection, qui doit le teindre. La même nécessité existe pour la teinture des pierres. 

14. Quelques-uns ont travaillé au moyen de (deux ou) trois liqueurs: ce qu’ils ont exposé, non en parlant de la fixation, mais de la classe des liqueurs, ils amollissent dans une liqueur; puis ils fixent (dans une seconde liqueur (?); enfin ils teignent et fixent tout ensemble, en opérant la teinture dans une autre liqueur. D’autres ont exécuté le tout au moyen d’une seule liqueur, amollissant, fixant et teignant du même coup. C’est là ce qu’ils ont exposé d’abord; puis ils ont expliqué que l’on opère la fixation comme pour les perles. Entre mille auteurs qui ont donné cet enseignement, je citerai Démocrite, Marie et Zosime, s’agit du traitement complet par une seule liqueur C’est là le procédé de la teinture à froid, suivi pour la pourpre:[83] car la même (pourpre) peut-être fixée et teinte préalablement avec la cochenille, puis, surteinte en bleu. Il est possible de teindre et de fixer en même temps, en recourant à un mordant pour la teinture, et en opérant de telle sorte qu’une liqueur unique joue le rôle de mordant, parce qu’elle imbibe, teint et fixe à la fois, ainsi que le dit le Philosophe, des liquides propres aux deux premières compositions. De cette façon, non seulement l’artisan réussira, grâce au concours de cette liqueur ; mais il sera sûr en tout du succès. 

15. Il y a l’amollissement, le mordant,[84] et la teinture. Quand même tous les autres auteurs passeraient outre, il faut considérer dans divers cas avec le Philosophe que si nous laissons les crevasses des pierres sans les remplir auparavant, le travail demeure imparfait. Il expose la coloration et tout ce qui concerne les pierres et les perles, en trois chapitres. 

16. Comment on exécute le traitement pour teindre en pourpre au moyen des matières précédentes; quelle est la pourpre type; quelle est la soudure d’or; et, en troisième lieu, quelle est la teinture des objets consacrés; comment on atteint la perfection des œuvres de l’art; d’après le traité relatif aux pierres, et les principes empruntés aux anciens, voilà ce que nous allons vous développer. Je veux que vous sachiez que les pierres et les perles étaient nommées par eux l’eau divine native,[85] c’est-à-dire l’eau de pourpre, à cause de son prix et de sa fixité; car leur enseignement ne s’applique pas aux pierres tirées de la terre. Le Philosophe le montre dans son exposé des travaux relatifs à l’ios. En effet, il dit clairement qu’il ne s’agit pas de la pierre fixatrice, ni de la partie sèche ou humide de la pierre; mais d’une méthode pratique, dans laquelle concourent la qualité des parties, le mélange des liquides et l’action propre de l’herbe tinctoriale. Or, ce qui est appelé herbe[86] chez (les anciens), Pétasius (le) fait voir dans ses Mémoires Démocritains,[87] en écrivant ces mots: « Il appelle herbes les jaunes des œufs ». 

17. Il est permis aux gens studieux de prendre assurance sur cette question, d’après mille endroits des anciens, et d’apprendre que, dans toute espèce liquide ou sèche, l’art de la nature reconnaît deux (espèces de) soufres,[88] savoir: non seulement celui qui est solide et jaune, mais encore les matières liquides et blanches.[89] Des milliers d’auteurs habiles désignent chacun d’eux par de nombreuses dénominations,[90] telles que chélidoine et aristoloche, rhubarbe du Pont, safran de Cnide, thapsia, minéraux de toutes sortes, eau, vin, lait de tout genre, huile; ils mentionnent en même temps toutes sortes d’herbes, toutes matières employées pour la composition des deux espèces[91] d’eaux (divines), suivant leur couleur, leur apparence, leur qualité et leur puissance ou énergie, naturelle ou artificielle; en tenant compte (d’ailleurs) de la synonymie. Ainsi Démocrite dit: « La comaris, regarde-la comme la pierre ». Et Marie, parlant de toutes choses d’après les écrivains qui l’ont précédée, dans son exposé sur les perles : « Ce n’est pas en pensant ainsi, dans les fabrications de l’or, du plomb et de l’argent, au moyen de la comaris et en vue de son traitement, qu’ils disent : Ne t’enorgueillis pas outre mesure et ne te porte pas malheur à toi-même ». 

18. Il a été montré clairement que les anciens, en mentionnant la pourpre, les pierres, les perles, veulent parler de la comaris; car elle sert dans un grand nombre d’opérations. Emploie-la, à ton tour, dans tes travaux; car elle sert à fabriquer la pierre Cythéréenne.[92] C’est elle qui donne à la vapeur sublimée son efficacité; c’est la pierre par excellence: elle fixe les couleurs mélangées. 

Vois comme le Philosophe expose les nombreux (attributs) de l’espèce unique:[93] « La perle de Cythère désigne la pierre par excellence; elle donne à la vapeur sublimée son efficacité; elle détermine l’unité dans les mélanges de toutes les espèces, (laquelle a lieu) par le concours de cette pierre; et elle produit la fixation ». Pour nous résumer, c’est par elle que le praticien accomplit toutes les opérations qu’il veut.[94] 

19. Mais quelle est cette espèce unique, ô Démocrite? Il dit (que c’est) la lie et le blanc de l’œuf. Or Zosime a dit que la lie, c’est l’aphrosélinon, et que l’aphrosélinon, c’est la comaris; il s’exprime ainsi, conformément à Démocrite, sur la comaris et l’aphrosélinon: « Je dis que l’aphrosélinon est une espèce unique; cependant l’aphrosélinon est composé ». Quelques-uns ont toujours exposé cette doctrine: que la lie dérive, soit du minerai de Coptos,[95] soit de l’effluve lunaire.[96] S’il introduit l’aphrosélinon et la comaris, c’est que l’action de ces choses est une et leur essence particulière; l’aphrosélinon et la comaris ont de toute façon une action unique et doivent être quelque chose d’unique. 

20. Démocrite, venant à parler de la comaris, fait une déclaration en ces termes : « Enduis la pierre autant que tu veux, en la frottant, et ce sera une perle s. Par là il indique la pierre universelle. Dans ses livres sur les espèces convenables, il réunissait ces choses, en disant : Délayer ensemble l’aphrosélinon et la comaris, mélanger, fixer, teindre et amollir ». Il indique par là la pierre universelle. Le même auteur dit encore : « Prenant l’enveloppe des coquillages en forme de navires, et dissolvant les petites perles ». Il expose partout que l’on fixe au moyen de l’aphrosélinon et de la comaris. Fixe, dit-il, l’eau avec l’aphrosélinon, etc. Et Marie également: 

« Une espèce unique sert pour toute opération s. Dans son enseignement sur les pierres, elle a dit que l’héliotrope était la même chose que la bette (?). Voulant désigner la rouille, elle écrit ce qui suit : « Produis l’amollissement d’une pierre quelconque, et son durcissement,[97] au moyen de la mandragore qui porte de petits tubercules; car sans cette plante rien ne se fait ». 

21. Ils ont caché ce mystère, car ni la terre, ni la pierre (?), ni le verre ne peuvent être amollis sans la matière que nous cherchons ; cette matière domine toute chose. (Parelle) la teinture, jointe au durcissement, détermine une fixation durable. Tandis que si ce (produit) n’est pas employé, la teinture passe; elle est faible et fugace. Lorsqu’on la soumet à l’épreuve par les eaux chaudes, ou par l’huile, elle disparaît. Voilà pourquoi le Panopolitain a dit: « Délaie avec intelligence », dans ses écrits sur les pierres tinctoriales et rendues fixatrices. En voulant parler du travail du liquide, il dit : « Voilà comment les pierres fixatrices permettent à la couleur de résister au feu; car les liquides ont rendu la teinture stable. 

Comme l’assertion avancée plus haut était dépourvue de témoignage, il était utile de ne pas négliger cette explication. Il faut écouter aussi l’exposé des (auteurs) plus anciens, qui parlent des espèces analogues. En effet, dans le livre de Sophé l’Égyptien, Démocrite ne parle pas seulement de cela; mais il ajoute que: « une composition unique produit plusieurs couleurs; un mélange unique agit[98] sur tous les corps; une espèce unique sert à opérer sur beaucoup de choses ». 

22. SUR LA COLORATION DE L’ÉMERAUDE. — Aie deux creusets sous ta main; et prenant une partie de rubrique, délaie-la dans du vinaigre et enduis de cette composition les deux petits creusets. Puis, prenant du cuivre brûlé, une partie, divise-le en très petits morceaux et fais en deux portions; projette la poudre de l’une dans l’un des creusets et introduis-y le verre; puis remplis par-dessus ce creuset avec le surplus du cuivre broyé. Recouvre ensuite avec l’autre creuset et assemble les jointures des deux creusets avec un lut qui résiste au feu; de peur que la poudre de projection ne s’évapore, ou ne se déplace, et qu’une partie de la pierre ne soit mise à nu et ne s’altère, pendant que l’on remue les creusets. Après avoir enduit convenablement, depuis le haut jusqu’en bas, laisse sécher; puis, fais chauffer sur un feu léger, pendant 9 heures. En découvrant, tu trouveras la pierre passée de l’état de cristal à celui d’émeraude.[99] 

23. C’est cette chose[100] que les philosophes ont appelée énigmatiquement l’aphrosélinon et la comaris; car l’aphrosélinon et la cornons appartiennent à une science unique. Sous ces noms, c’est une chose difficile à entendre. Mais les savants parmi les Ismaélites (Arabes) en ont parlé clairement et ils l’ont interprétée, les uns par le nom talc ou kalk, les autres par le nom chalk; on l’appelle aussi crainte et frayeur. C’est pour cela qu’ils disaient: 

« Unis l’aphrosélinon avec la comaris, délayant, mélangeant, fixant et colorant ce (corps).[101] Fais fondre l’argent quand tu le retireras de la composition, tu verras l’argent transformé en or et tu seras étonné. La nature jouit de la nature, et la nature triomphe de la nature ». Ils disaient encore : « Délaie la chrysocolle dans l’urine (d’un) impubère, pendant 7 heures, et mélange avec celle-ci du soufre jaune. Projette sur le corps du cuivre, ou de l’argent, et tu auras de l’or ». 

24. TRAITEMENT DU FER DESTINÉ AUX COLORATIONS DES PIERRES ET A D’AUTRES PREPARATIONS.[102] — Prenant du misy, 1 livre; de la chalcite, 1 livre; de la couperose, 1 livre; du sel ammoniac, du natron d’Alexandrie, de l’alun lamelleux, 1 livre de chaque; du vinaigre très piquant, 10 setiers; délayant le tout avec soin, mets dans un vase de verre et laisse pendant 3 jours au soleil, en agitant chaque jour. Le 4e jour, laisse déposer; puis, après avoir desséché, purifie et garde. 

Prenant une marmite de verre, mets-y du vinaigre; ensuite, prenant 1 livre de fer, mets-le dans le vinaigre; place le vase, bien bouché, au soleil, et laisse-le pendant 40 jours; puis, au jour fixé, mets (le produit) à part, pour les usages qui te sont indiqués. 

25. TRAITEMENT DU PLOMB. — Prenant de la litharge, 1 livre; de l’antimoine (sulfuré), ½ livre; du natron d’Alexandrie, 9 onces; délaie ensemble; fais tomber sur ces matières de l’huile goutte à goutte; mets, dans un creuset et tu trouveras le plomb cherché. Lorsque tu verras de la fumée sortir par en bas du fourneau et du creuset, tandis que la composition produit un petit sifflement, comprends qu’elle est bonne à enlever.[103] 

26. SUR L’AMOLLISSEMENT DU VERRE. — (Prenant) de la chaux, 1 partie, délaie avec de l’urine ou du vinaigre, et de l’alun, une partie; puis, prenant la liqueur obtenue, mets-la à part. Prends une lampe, élargis-en le trou supérieur; déposes-y les petits cristaux. Bouche la lampe avec un tesson, place-(la) sur un feu de charbons modéré, et chauffe. Lorsque tu verras la lampe incandescente, ouvre-la et projette le Verre dans de l’eau de chaux et d’alun. Le verre est ainsi amolli.[104] Lorsque (les matières) sont refroidies, essuie avec un chiffon. 

27. AUTRE AMOLLISSEMENT. — (Prenant) du soufre, de la chaux et de l’alun, fais digérer pendant 3 jours. Après avoir fait chauffer dans un four à charbon, teins pendant un jour, de préférence un jour après (la chauffe ?). 

28. AUTRE. — Prenant du suc de poireau et du vinaigre, laisse digérer pendant 3 jours; fais absorber aussi (à la liqueur) de l’alun rond.[105] Puis mettant la pierre (dans la liqueur), donne deux bouillons et laisse passer la nuit; le jour suivant, lave et emploie. 

29. AUTRE. — Mettant les pierres dans une marmite, bouche-la par en haut et fais cuire légèrement. Ensuite débouche la marmite, verses-y du vinaigre et de l’alun; et, tandis que la pierre est encore chaude, mets-la dans telle couleur que tu voudras. 

30. FABRICATION DE LA PIERRE AÉRITE. — Prenant la pierre aérite, ramollis-la de la manière suivante. Prenant des aulx, broie et plonges-(y) la pierre pendant 7 jours; puis dans l’excrément humain, pendant 3 jours. Ensuite, après avoir fabriqué un petit filet en crins de cheval, mets-(y) la pierre, et, prenant (de la pourpre) de coquillage, mets-(la) dans une marmite neuve, en la remplissant de ce coquillage; amollis (avec cette liqueur la surface de) la pierre suspendue dans le liquide. Bouche bien par en haut; mets (la marmite) sur un feu de cendres chaudes pendant 3 jours, sans discontinuer. Après avoir enlevé, tu trouveras la pierre, une fois refroidie, semblable à la véritable améthyste. 

31. FABRICATION DE L’ÉMERAUDE. — Prenant de la rouille de cuivre brûlé, de l’huile de pin et un peu d’indigo, ainsi que de la chrysocolle et de la chélidoine 3 parties, mets (le verre) à l’intérieur du vase où est l’huile, et fais une décoction sur un feu doux de charbons. Ensuite, la chélidoine ayant agi, change, en filtrant au moyen d’étoupe, et place dans l’automotarion, puis laisse fondre pendant 6 heures. Après avoir retourné (?) (l’appareil), tu trouveras (l’émeraude) cuite. 

32. FABRICATION DE LA PETITE SCORIE D’APRÈS MARIE.[106] — Prends du cuivre brûlé, 1 partie; coupholithe, 1 partie; délaie ensemble; puis, prenant du plomb provenant de la litharge et l’antimoine, fais griller le plomb et délaie les deux corps avec de l’huile de natron. Puis, fais fondre jusqu’à ce qu’ils coulent ensemble.[107] Puis, laisse solidifier le plomb et, après l’avoir enlevé, conserve-le. Tu obtiendras ainsi de l’écarlate.[108] Ensuite : prends coquille d’argent, 4 parties; coquille d’or, 1 partie; fonds ensemble, laisse cuire et tu trouveras ce que tu veux. 

33. LE CRISTAL EST AMOLLI ET NE SE CASSE PAS, EN SUIVANT LE PROCÉDÉ que voici. — Prenant le blanc d’un œuf avec du coupholithe, délaie en consistance visqueuse; enduis les pierres, et mets dans un petit filet; laisse en suspension (dans le liquide) pendant 3 jours. 

34. (RECETTE) POUR ADOUCIR LE CRISTAL. — Prenant de la saumure de thons, du suc cyrénaïque et du vinaigre, mets-(y) la pierre et laisse pendant 5 jours. Ou bien, mets dans de la renoncule du vinaigre blanc; puis, introduis les pierres dans un vase de verre. 

35. FABRICATION DU BÉRYL.[109] — Prenant le cristal, soutiens-le avec des crins et suspends-le dans un vase contenant de l’urine d’ânesse; il ne faut pas que le vase soit en contact avec le cristal. Qu’on le tienne donc en suspension pendant 3 jours. Que le cruchon soit bouché. Ensuite, plus tard, mets sur un feu doux fais bouillir et tu trouveras un béryl excellent. 

Emploie comme mordant du soufre et de la chaux; fais mordre, en mettant dans un creuset à demi rempli; puis, ajoute au-dessus du cristal, dans le creuset, telle quantité que tu voudras, sans pourtant que le couvercle soit en contact avec le cristal ou la matière. Recouvre avec un autre vase et, après avoir luté solidement, fais cuire pendant une nuit et un jour. 

36. Si tu veux avec une améthyste faire un rubis, prépare comme il suit une poudre de projection : chalcite, 3 parties; misy, 3 parties; cochenille, 1 partie. Après avoir mélangé, mets en œuvre de la façon indiquée précédemment, en étendant sur les parois du creuset; fais cuire pendant 3 heures. 

37. PURIFICATION DE LA PIERRE DE CRISTAL. — Prenant les pierres, mets dans un filet et place dans un bain de cuivre; laisse bouillir pendant 7 jours. Lorsque le produit est purifié, prenant du calcaire (chaux), pétris avec de l’urine et recouvre la pierre : puis laisse fixer pendant 3 heures; d’après d’autres, pendant 7 jours. Si le produit n’est pas purifié, recouvre de nouveau et après avoir laissé déposer, teins de la couleur que tu veux. 

38. AMOLLISSEMENT DES PIERRES. — Prenant de la cendre de figuier, de la cendre de chêne, de la fiente de porc desséchée, à parties égales; et pétrissant avec du blanc d’œuf, mets dans un petit creuset. Après avoir luté les jointures, mets au feu la pierre en quantité convenable. Puis, enlevant le produit chaud, jette-le dans la teinture. 

39. AMOLLISSEMENT DU CRISTAL.[110] — Prenant de la chaux 1 partie, dissous la avec l’eau de l’œuf, et, prenant de l’eau de chaux pure, gardes-en une partie. Ensuite, prenant de l’alun lamelleux, 1 partie, mêle à l’eau de chaux, et, après le mélange, garde une partie de cette eau. Ensuite, prenant une lampe, élargis-en l’ouverture supérieure, afin de pouvoir y placer les cristaux. Après avoir disposé le tout, recouvre avec un tesson la lampe et installe-la au milieu de charbons allumés. Lorsque tu vois la lampe incandescente, ouvre-la et déverse les petits objets sculptés dans l’eau qui provient du calcaire et de l’alun, en ayant soin de chauffer préalablement le vase de terre cuite. Ensuite, ajoutes-y de la rouille, après l’avoir bien pulvérisée, et agite, de façon que le tout forme un assemblage homogène. Ensuite, ajoute un peu d’indigo; puis, fais chauffer au feu, en tournant avec une pince épilatoire, et laisse digérer dans la préparation. 

40. AUTRE PROCÉDÉ. — Prenant : alun, 1 partie; cuivre brûlé, 5 parties, délaie dans du vinaigre, en consistance de miel. Introduis les petites pierres, laisse digérer pendant 7 jours, et tu obtiendras (ce que tu veux). 

41. FABRICATION DE L’ÉMERAUDE. — Mouille avec de l’alun liquide pendant 3 jours; après avoir pris un petit vase contenant du vinaigre, fais cuire sur un feu doux de bois de pin, puis laisse refroidir. Après avoir enlevé, mets dans l’huile, avec l’ios du cuivre de Chypre, et laisse pendant 6 jours. 

42. AUTRE PROCÉDÉ. — (Prenant) de la chrysocolle d’Arménie, traite par de l’urine d’enfant impubère, pendant 2 jours, (on en prend la valeur d’une cotyle); ajoute: bile de taureau, 2 parties. Mets dans une petite marmite et après avoir luté, fais cuire sur un feu léger de bois de pin, pendant 6 heures. Or les pierres devront provenir du cristal. 

43. FABRICATION DE L’AMÉTHYSTE. — Prenant de la fleur de jacinthe, mouille avec du lait de vache pendant 1 jour; et, broie avec l’eau extraite des pépins de grenades, arrosés avec de l’eau de pluie; puis, mélange à la chrysocolle. 

44. Maintenant, si tu veux teindre en pourpre, délaie de la limaille de cuivre de Chypre. Si (tu veux) (teindre) en couleur d’or brillant, mélange avec du minerai de plomb, ou bien avec du suc de poireau et de la chrysocolle. 

45. COMMENT ON DONNE AUX PETITES PIERRES BLANCHES LA TEINTE ROUGE. — Fais bouillir la pierre dans de l’eau avec de l’alun, de la cochenille et du vinaigre; puis fais chauffer dans une marmite neuve. Après avoir laissé refroidir la pierre, pour la ramollir, introduis-la (dans la liqueur) suivante. 

46. RAMOLLISSEMINT DU CRISTAL. — Emploie du soufre, de la chaux et un tiers d’alun lamelleux; laisse pendant 9 jours, fais chauffer sur des charbons, et teins un jour après. 

47. AUTRE PROCÉDÉ —Arrose de la chaux avec du vinaigre pendant 7 jours; puis, prenant le suc du mouron qui porte une fleur bleue, de la chrysocolle et du tithymale, fais cuire sur un feu doux; ensuite introduis la pierre. 

48. FABRICATION DE LA SÉLÉNITE. — (Prends) de la bile de tortue marine, 4 onces; de la bile de chèvre, 2 Onces; de l’ios pur, 6 onces, ou 3 onces; introduis les pierres séparées les unes des autres et lute la marmite. Fais cuire sur un fourneau. Ensuite, retire, laisse refroidir; mets dans un vase avec de l’huile de troène (?), pendant 15 jours. Emploie en général l’huile en petite quantité. 

49. PRÉPARATION POUR TEINDRE LA PIERRE EN ROUGE. — Prenant de la limaille d’or pur, 1 parcelle; de la belle magnésie, 1 partie; de l’arsenic rouge, 1 partie; du sory couleur d’or, 1 partie; broie chaque (matière) séparément et agite ensemble dans une étoffe de soie. Puis, pétris dans de l’urine de vache concentrée à point; enduis-(en) la pierre précieuse, et laisse durcir. Ensuite, mets la pierre dans un petit creuset et, au-dessus de la pierre, un autre creuset; lute bien les jointures. Puis, pose le creuset sur un petit fourneau, et chauffe pendant 2 jours sans relâche. Que le feu brûle doucement. Ensuite, laisse refroidir jusqu’au jour suivant. Or, tu dois trouver (teint en) rouge ce que tu veux. 

V. viii. — MÉTHODE POUR CONFECTIONNER LA PERLE RONDE 
PRÉPARÉE PAR LE CÉLÈBRE TECHNURGISTE ARABE SALMANAS[111]
1. Prenant des granules très fins, mets-les dans un vase de verre, et ajoutes-y du jus de citron, de façon à les recouvrir. Au-dessus de cette liqueur, répands une petite quantité de mousse de citerne (?) brûlée et bien broyée. Ensuite, bouche (le vase); enduis avec soin le bouchon qui le ferme avec le lut préparé; suspends ce verre, pour le faire chauffer au soleil dans les chaleurs de la canicule, pendant un jour. Toutes les heures, prends ce verre et agite continuellement, de façon à remuer en même temps les granules placés dans son intérieur. Le lendemain, après avoir ôté le bouchon du vase, filtre doucement le liquide, en prenant soin de ne pas déverser la composition résultant de ces granules. Mets dans ce vase une autre liqueur de même nature et opère de nouveau comme précédemment. Répète l’opération une troisième fois. Lorsque tu verras que la matière des granules s’est gonflée et a absorbé la liqueur, verse dessus une autre liqueur de même nature. Après que ces granules se sont dissous en totalité et qu’il s’est formé une composition unique, prends cette composition, mets-(la) dans une passoire, remplis celle-ci d’eau édulcorée, agite la composition avec cette eau et laisse déposer l’eau qui s’y trouve pendant une heure. Filtre doucement encore une fois, et répète ces opérations à plusieurs reprises, jusqu’à disparition complète du goût piquant du jus de citron qui s’y trouve. 

2. Ensuite, prends cette composition et verse-la dans un petit bassin de verre; recouvre ce bassin avec un autre à plus large ouverture, de façon que l’ouverture du second enveloppe celle du bassin inférieur. Que le bassin supérieur ait un trou dans le haut, afin que l’humidité de la composition s’évapore par là. Ce trou doit &re recouvert avec une étoffe loche, faite avec un tissu de poils. Expose au soleil, dans les chaleurs de la canicule; et après avoir desséché la composition, garde-la. 

3. Ensuite, prends 1 livre de mercure ; prends du sel ammoniac (? traité par la chaux; délaie pendant 2, 3, 5 ou 7 jours, et après avoir desséché, sublime et purifie. Une fois ce produit desséché, prends-en une demi-livre et incorpore-le avec la livre de mercure, en broyant doucement jusqu’à disparition et pour ainsi dire absorption de tout le mercure; puis, opère l’extraction[112] dans des vases de verre, sur un feu faible, jusqu’à ce que tu voies (le produit mercuriel) blanc comme la neige. Prends alors 4 parties de la composition sèche obtenue avec les granules, ainsi que 6 parties du mercure susdit; réunis le tout dans un bassin de verre épais. Broie et délaie bien avec un pilon de verre, et en arrosant avec le jus blanc de la plante appelée zocare. Que la masse fermentée soit épaisse comme du suif; délaie convenablement et avec soin; puis, prenant de ce ferment ce que tu voudras, mets-le dans une étoffe de soie blanche, et façonnes-en des granules de la grosseur que tu voudras. Quant aux outils pour la confection des granules, il faut un pilon d’argent, une pince d’argent, des doigtiers d’argent. Au moyen de ces instruments, opère la confection des granules; mais fais bien attention à ce que ta main ne touche pas le produit, et même ménage ta respiration, de crainte que la poussière soulevée[113] ne t’atteigne; car elle empoisonne; elle noircit d’ailleurs, et ne peut plus servir. Ensuite, après avoir fait bouillir l’étoffe de soie, enveloppe les boulettes dans des morceaux de soie blancs, convenablement enduits. En opérant de cette façon, mets chacun de ces granules dans un verre, agite, en les faisant rouler sans relâche et doucement. Lorsque tu verras que les granules sont bien arrondis, prends-les, troue-les avec un fil d’argent, et, après cette opération, agite-les encore dans le verre. 

4. Après cela, prenant des zocares, mets-(les) dans un plat propre; broie un peu de matière astringente (avec de l’eau) ; fais tomber (le liquide) goutte à goutte sur les parties charnues (de ces plantes). Ces parties, étant contractées par l’agent astringent, laissent échapper leur matière visqueuse. Prenant une petite quantité de cette matière visqueuse et la versant dans un verre, roules-y chacun des granules sphéroïdes. Que chacun (d’eux) soit pourvu d’un fil d’argent; sers-t’en pour le retirer adroitement. Prenant une passoire, autrement nommée crible, fais-y des trous fins, et fixe à ces trous, du côté intérieur, les fils qui portent Les granules sphéroïdes. 

Ensuite prends aussi une autre poêle, ajuste-la à la première, remplis-(la) de coton, en pressant légèrement et appuyant tout autour. Prenant le vase qui contient les perles, dispose-les et laisse-les sécher à l’intérieur de cette passoire, pendant 10 jours. 

Ensuite, mets chaque granule dans un vase de verre en forme de matras, faisant rouler (les granules) dans ce vase, jusqu’à ce que tu reconnaisses qu’ils résonnent comme des pierres. Puis, donne de l’éclat à ce produit, en opérant comme les lapidaires pour faire briller les pierres. 

5. Ensuite, prenant des poissons d’étang ou de rivière, ayant la longueur du pélamyde,[114] ou moins grands, fends-les du côté gauche et rejette leurs viscères. Lave bien La cavité où se trouvaient les viscères, de façon à n’y rien laisser de sanguinolent. Puis, prenant le gros intestin, perce-le, introduis-y du natron broyé et ayant subi l’action de l’eau ; laisse séjourner pendant 1 heure. Ensuite, lave bien ces intestins avec ce natron, en les pressant avec ta main. Puis, nettoie-les avec de l’eau; et après les avoir nettoyés, prends les granules sphéroïdes susmentionnés, introduis-les un à un dans l’intestin et attache-les avec un fil de soie bouilli dans l’eau, en fixant chaque granule avec un fil spécial. 

Alors, introduis les intestins, avec les granules qu’ils contiennent, dans l’intérieur de la cavité des viscères de ces poissons; recouds avec de la soie la peau fendue, et dépose le tout sur un plat de terre. 

Tiens prêt un petit fourneau et embrase-le bien, jusqu’à ce qu’il soit blanchi par la combustion intérieure. Introduisant alors dans ce petit fourneau les poissons placés sur le plat de terre, assujettis bien ce fourneau ; lutes-en l’ouverture, et laisse cuire pendant 3 heures. Après avoir tiré les poissons du fourneau, laisse refroidir; puis, retires-en les intestins, avec les granules.qui y sont contenus; fends-les, retires-en les granules, mets-les dans un linge, et nettoie-les avec du savon, de l’eau chaude et la graisse des poissons. Tu trouveras des granules ronds parfaits, ne différant en rien des meilleures perles naturelles. 

V. ix. — TRAITEMENT DES PERLES 
I. NETTOYAGE DES PERLES ET PROCÉDÉ POUR LES RENDRE BRILLANTES, QUE L’AUTEUR DIT AVOIR EMPLOYÉ SOUVENT. — Mettant d’abord de l’huile dans une coquille de moule, fais chauffer sur un feu de papyrus ou de paille; lorsque le produit est tiède, déposes-y la perle. Ensuite, retire-la de l’huile, et enduis-la avec un liniment de pyrite et de céruse. Puis, lave bien dans l’eau, enduis de nouveau, et laisse sécher. Après avoir lavé encore une fois, enduis ; (répète cela) jusqu’à 7 fois. Après avoir traité et relavé, jette dans du suc d’oronge. Si l’on mêle ce suc au liniment, tout objet enduit éprouve un blanchiment. Si (la perle) est imbibée de vin, elle devient rugueuse. En général, si on y trace des lettres avec un poinçon et que l’on ajoute de l’encaustique préparé avec du noir et du vert, les lettres l’absorbent. 

2. DISSOLUTION DES PERLES. —— Broyant de petites perles très menu, mets (la poudre) dans un vase de verre, avec du jus acide de citron, et dépose sur un feu de sciure de bois pendant 3 jours et 3 nuits : elles seront bien dissoutes.[115] 

3. AUTRE (PROCÉDÉ). — Après avoir moulu de la bonne farine de froment, pétris avec du jus acide de citron et du suc de chou sauvage. Ajoute de la sève de saule et du jus d’oignon, mets-y la perle et laisse dissoudre : poursuis comme tu sais. 

4. BLANCHIMENT DES PERLES. — Prenant de la scammonée, broie très menu et agite; prends une décoction d’orge pure; délaie avec la scammonée, de façon à rendre le mélange plus fluide; puis, mets dans une coupe de verre. Suspends-y la perle, et recouvre avec une autre coupe. Après avoir luté, laisse pendant 9 heures: (la perle) devient blanche. 

Sans autre opération, expose pendant 7 ou 13 jours au soleil, ou à la chaleur du crottin de cheval. Dissous l’aphrosélinon dans du vinaigre très fort. 

5. PRÉPARATION DE LA PERLE. — Prenant de la pierre sidérite et de la poudre d’arsenic, de magnésie et d’aphrosélinon, délaie en quantités égales; fais cuire, en suivant le même traitement que pour le cinabre. Prenant l’aphrosélinon et le trempant dans le miel, donne-le en pâture à un oiseau, sans lui fournir autre chose à manger, et ne le laisse pas s’agiter, mais enferme-le dans une cage, ou dans un panier. Place en dessous un kerbion et donne à l’oiseau la (composition) délayée. Nettoie ses intestins, en lui donnant à manger des sauterelles pendant 3 jours, et ensuite l’aphrosélinon : tu trouveras secrété dans le kerbion un mystère divin.[116] 

6. AUTRE FABRICATION DES PERLES. — Prenant de petites perles, mets-les dans un vase de verre, avec du vinaigre fort et du suc cyrénaïque blanc, recueilli après avoir déposé pendant 16 jours.[117] Bouche le vase, abandonne le tout dans un endroit chaud, pendant une nuit et un jour. Ensuite, ajoute du jus acide de citron et, après avoir remué, abandonne un peu de temps. Lorsque (les perles) seront attaquées, alors fixe l’empreinte comme tu l’entendras: la fixation s’obtient au moyen de l’aphrosélinon. 

7. BLANCHIMENT DES (PERLES) SOMBRES ET SALIES. — Mets les (perles) dans un oignon, ou dans un bulbe analogue; recouvre tout autour avec de la pâte de pain, et fais cuire sur un fourneau, ou dans un four les (perles) seront blanchies. 

8. AUTRE (PROCÉDÉ). — Prenant des petites perles, mets-les dans du jus de citron; laisse la liqueur acide du citron s’imbiber; et, après avoir décanté plusieurs fois, jusqu’à ce que la liqueur soit transparente, mets alors les perles dans un linge, de façon à les nettoyer. Lorsque le nettoyage aura été obtenu, lave pendant un jour, et introduis la masse pâteuse dans le cœur d’un oignon. Mets l’oignon sur un fourneau, jusqu’à ce que la pâte soit cuite. Après avoir enlevé et laissé refroidir, tu trouveras (les perles) blanchies. Nettoie et rends brillant à ta volonté, à la façon de l’artisan spécialiste. 

Quelques-uns après cela font boire un oiseau, depuis le soir jusqu’à 1 heure (6 heures du matin); puis ils laissent mourir de soif le petit oiseau en le privant de boisson. En le sacrifiant alors, ils trouvent (nettoyées) les espèces salies.[118] 

9. BLANCHIMENT DES PERLES JAUNES. — Prenant des perles, dépose-les dans du lait de chienne blanche et abandonne pendant 7 jours, après avoir bouché. Enlève les perles, attachées (chacune) avec un cheveu, et regarde si elles sont devenues blanches. Sinon, dépose-les de nouveau (dans le lait), jusqu’à ce que tu aies réussi. 

Si tu enduis ainsi un homme, il devient lépreux.[119] Telle est la puissance de cette composition saupoudrée avec un poids d’une mine de terre de Samos humide. 

10. FIXATION DES PERLES. — Dépose-les dans du lait de chienne noire, et lorsqu’elles deviennent de consistance cireuse, mets-les dans les moules.[120] 

11. BLANCHIMENT DES PERLES. — Prenant de chaque décoction d’orge deux cuillerées, broie ensemble et amollis la perle pendant 6 heures. 

12. SUR LES PERLES. — Dépose-les, pour les durcir, dans du lait de figuier, ou de tithymale, ou de calpasos, et laisse passer la nuit. Lorsqu’elles auront été durcies, modelant chacune avec la matière visqueuse préparée plus haut,[121] laisse sécher pendant un mois. Mets alors dans de la chaux vive; fais tomber de l’eau goutte à goutte, et légèrement, jusqu’à ce que la chaux soit délayée; puis laisse jusqu’à refroidissement. En enlevant, tu trouveras (les perles) durcies. 

Que la matière destinée à être modelée soit pétrie avec de la gomme liquide blanche. Fais sécher ainsi. 

Pour qu’elles durcissent facilement, lorsque tu les introduis dans le mélange de la chaux éteinte, et après qu’elles ont acquis la consistance convenable, lave-les bien pendant une heure avec de l’huile blanche et pure, en exprimant avec soin. Ensuite, si tu trouves qu’elles ne sont pas devenues brillantes, mets-les dans une boule de pâte d’orge. Modèle comme pour la pâte de pain; puis fais cuire au four. De cette façon nettoie et rends brillant tu seras étonné du résultat. Attache avec des cheveux (chaque perle)[122] avant de faire durcir. 

13. BLANCHIMENT DES PERLES JAUNES. — Prends les extrémités et la partie blanche de la scille, au milieu des feuilles, ainsi que la plante saponaire; délaie à parties égales. Après avoir fait la préparation, mets-y les perles et recouvre-les avec; si elles sont trop dures, ajoutes-y de l’urine de vierge et un peu de miel blanc. 

14. NETTOYAGE DES PERLES. — Prenant des aulx, délaie avec de l’eau, mets dans un petit flacon, et, soutenant la perle au moyen d’un cheveu, mets-la tremper pendant un jour et une nuit; puis attends à ton idée. Si l’effet n’est pas produit, alors délaie avec un peu de cendre très fine; enveloppe dans un morceau de toile de lin, et promène circulairement (le vase) au-dessus du feu, jusqu’à ce que la cendre ait disparu et que la perle soit amenée à point. Tu la trouveras blanche et nette; elle doit être saine de tous les côtés. 

15. NETTOYAGE DE LA PERLE DE BRETAGNE. — Prenant du suc cyrénaïque, délaie avec de l’eau, et mets dans un petit flacon. Le suc ne se dissout pas, mais il forme une couche séparée au fond de l’eau. Prenant la perle, soutiens-la avec un crin de cheval. Que la perle n’ait pas de cassures. Mets-la dans le suc et aussitôt le suc s’y allie. Laisse reposer un jour et une nuit; retire-la, frotte-la et tu la trouveras nettoyée et devenue blanche. Si elle a besoin d’être nettoyée davantage, laisse-la pendant une nuit et un jour; répète au besoin l’opération et opère avec soin jusqu’à réussite. 

16. NETTOYAGE, D’APRES UN MOINE, DES (PERLES) COULEUR DE PLOMB.[123] — Prenant des aulx, délaie avec de l’urine d’impubère, et mettant dans un petit flacon, introduis la perle au fond; laisse tremper pendant 3 nuits et 3 jours. Puis, prenant du suc cyrénaïque et un peu d’huile, fais chauffer; suspends la perle avec un cheveu; promène-(la) tout autour (dans le liquide), jusqu’à ce que tu la voies devenue blanche. Ainsi, mets d’abord des aulx; puis, mets dans l’huile, et reprenant les aulx en ébullition, emploies-en le suc. Si le résultat n’est pas bon, emploie du baume, à la place de l’huile, et tu réussiras. 

V. x. — FABRICATION DES BIÈRES 
Prends de l’orge blanche, propre, de bonne qualité, fais macérer pendant 1 jour, épuise; ou bien encore laisse reposer dans un lieu à l’abri du vent, jusqu’au lendemain matin; puis, fais macérer encore pendant 5 heures. Mets dans un vase à anses, en forme de tamis, et arrose; sèche d’abord jusqu’à ce que la masse devienne comme un tourteau. Arrivé à ce point, achève de sécher au soleil, jusqu’à ce que la masse s’affaisse; la pâte est amère. 

Tu moudras et tu fabriqueras des pains, en ajoutant du levain, pareil à celui du pain; fais cuire plus fortement; et lorsque (ces pains) sont gonflés, traite-les par l’eau sucrée. Passe à travers un filtre, ou un tamis fin. D’autres, après avoir fait cuire les pains, les jettent dans un panier (?) avec de l’eau, et en font une décoction légère, en évitant de faire bouillir, ou de trop chauffer. Puis, ils retirent et filtrent; ils recouvrent tout autour, font chauffer et mettent à part. 

V. xi. — FABRICATION DE LA LESSIVE[124] 
1. Quatre muids de cendres sont répartis entre deux cuviers, percés de trous au fond. Autour du trou le plus petit, du côté intérieur, mets une petite quantité de foin, pour que la cendre n’obstrue pas le trou. Remplis d’eau le premier des cuviers; recueille le liquide filtré qui en découle pendant toute la nuit et mets-le dans le second cuvier; garde ce qui filtre de ce second cuvier. Mets d’autre cendre (dans un troisième cuvier). Epuise-la et il se forme une liqueur pareille au nard couleur d’or. Verse-la dans un quatrième cuvier. La liqueur devient piquante et forte : telle est la lessive particulière. 

2. Quelques-uns ont fabriqué une (lessive) universelle, en ajoutant de la chaux sulfureuse, de la lie, de l’alun, etc. C’est ainsi que les opérateurs des eaux divines fabriquaient l’eau blanche. Ils dissolvaient dans les muids (?) une grande quantité de décoction d’orge et de sucs d’arbres, (tels que ceux) du mûrier, du figuier, du calpasos, et de plantes, telles que le tithymale, ainsi que du sang de bouc et le ferment qui provient de ces liquides. 

3. Pour la coloration des cristaux, on projette aussitôt que la matière est colorée; car plus tard elle retiendrait du miel, de l’huile et du baume.[125] 

4. Afin de mieux épuiser la cendre pour la lessive, quelques-uns ajoutaient du vinaigre; d’autres de l’urine. Quelques-uns, après avoir filtré l’eau, mélangeaient toutes choses une à une. Ils obtenaient un meilleur effet qu’en opérant avec l’urine et le vinaigre : et ils nommaient le tout lessive. Quelques-uns, mettant dans cette eau les plantes convenables et appelant (cela) faire fermenter, ajoutaient du safran, de la chélidoine, des feuilles de pommier, et des matières similaires, qu’ils délayaient avec du vinaigre de natron. D’autres encore employaient de l’alun, du misy cuit, du bleu et de l’eau divine. Ils en faisaient un gâteau. Après avoir réuni ensemble et fait fermenter, ils trempaient dans l’eau jaune et faisaient cuire la composition. Ils y mélangeaient plus tard du miel, du baume et du vinaigre. En délayant de cette façon, (ils ajoutaient) au vinaigre un peu de levain plus fort et de la bile de veau. Quelques-uns ajoutaient aussi des aulx et des oignons. En ce point, (notre auteur) enseigne que les (matières) fugaces, mêlées aux (matières) non fugaces, opèrent la coloration à froid. 

V. xii. — QUELLE EST LA PROPORTION AVANTAGEUSE DES LAINES TEINTES 
QUELLE EST CELLE DE LA COMARIS, ET CELLE DES EAUX TINCTORIALES
Il faut que la proportion des eaux soit double de celle des laines. Or la mine (poids) d’eaux tinctoriales admet la 32e partie de comaris, pour que la matière teinte soit en rapport convenable, sans excès, ni manquement par rapport à la matière colorante. Il en est ainsi le plus généralement; car la matière colorée ne supporte pas un excès de couleur; par là, elle ne prendrait pas un (excès de) coloration véritable, c’est-à-dire non fugace. 

V. xiii. — QUELLE EST LA PRÉPARATION DE LA POUDRE NOIRE 
Pour la couleur d’ébène, ne lave pas la cendre, mais réunis-la aux eaux blanches, suivant une bonne proportion, et fais-en un enduit, (que l’on chauffe) au moyen du fumier, pendant la durée d’une semaine, (ou bien) de deux ou trois jours. A ce sujet, Zosime s’exprimait ainsi: « Ne te trouble en rien; car cette composition développe la teinture noire, sans la posséder elle même; et elle colore en un noir moins stable ». 

V. xiv. — QUELLE EST LA COMPOSITION DE LA COMARIS 
Le mélange de la préparation est composé avec un corps solide et un liquide; une once de comaris solide étant mélangée avec l’eau. 

V. xv. — TRAITEMENT QUI SUCCÈDE A L’IOSIS 
Expose à l’air la préparation après l’iosis, pendant 5 jours, suivant le conseil d’Isis. Si tu veux préparer la poudre sèche (de projection), mélange entre elles les diverses parties de la composition : je veux dire la partie macérée et la partie non macérée, le liquide et le sec. Puis délaie au soleil ou à l’ombre; dépose dans (du crottin) de cheval, si tu veux confectionner une préparation liquide, après avoir mêlé les deux eaux et les avoir déposées avec soin dans les vases, soumets-(les) à un feu de fumier, pendant 3 ou 5 jours seulement. Après avoir pulvérisé finement, tu possèdes la poudre parfaite. 

V. xvi. — SI. TU VEUX FABRIQUER DES FORMES EN CREUX ET EN RELIEF AVEC DU BRONZE, 
OPÈRE COMME IL SUIT
La langue de cet article est contemporaine de celle du traité d’orfèvrerie (V, i) : il est connexe avec le § 18 de ce dernier (p. 312). Comme le présent morceau se trouve dans le manuscrit de Venise M, ceci tend à reculer la date du dernier traité, au moins pour un certain nombre de ses paragraphes, jusqu’au xie siècle de notre ère (voir la notice qui le précède, p. 306). 

On remarquera le nom du bronze, βροντήσιον, qui se trouve dans ce titre. La signification de ce mot ne donne lieu à aucun doute, car la composition du métal est définie au § 3. C’est le plus vieux texte connu où figure ce mot, qui a remplacé depuis une partie des sens de l’antique χαλκὸς: on voit qu’il remonte au moins au xie siècle. Quant à son origine, il parait difficile de la rattacher à son étymologie apparente, c’est-à-dire au mot βροντὴ = tonnerre: on ne comprendrait guère un semblable sens au xie siècle, avant l’invention des carions. S’agit-il d’un nom de lieu, comme la finale ήσιος porterait à le croire ? Ou bien est-ce l’application au métal, d’après sa couleur, du vieux mot bruntus, déjà employé au xe siècle, dans le Glossaire d’Aelfricus, d’après du Cange? on sait que de ce mot dérive le français brun. 

En tout cas, nous trouvons ici la signification véritable d’un énoncé compris dans le vieux titre d’ouvrage inséré en haut de la page 213 de la traduction, et à la ligne 11 de la page 220 du texte; en effet les mots φούρμουσαι ἀπὸ βροτισίων y étaient demeurés inintelligibles. D’après ce qui précède, ce titre doit être rectifié de la manière suivante. 

Le présent volume est intitulé; Livre métallique et chimique sur la Chrysopée, l’Argyropée, la fixation du mercure. Ce livre traite des vapeurs, des teintures (métalliques), et des moulages avec le bronze, ainsi que (des teintures) des pierres vertes, des grenats et autres pierres de toutes couleurs, et des perles; et des colorations en garance des étoffes de peau destinées à l’Empereur. Toutes ces choses sont produites avec les eaux salées et les œufs, au moyen de l’art métallique. On voit qu’il s’agit d’un manuel byzantin de Chimie. La composition même de l’ouvrage remonte à une époque ancienne, telle que le viiie ou le xe siècle. Il devait comprendre à la fois: 

1° L’art de fabriquer l’or et l’argent; 

2° La distillation, sur laquelle nous avons seulement conservé quelques débris dans les œuvres de Zosime (III, xlvii, xlix, § 14, l, lvi, etc.). 

3° Le moulage et le travail des métaux en orfèvrerie, représentés par le présent article, par l’article V, xvii, ainsi que par le traité d’orfèvrerie (V, i.), lequel renferme d’ailleurs des portions plus modernes; 

4° La trempe des métaux pour la fabrication des armes et outils, représentée à l’état de débris par nos articles V, iii, iv, v 

5° La fabrication des pierres précieuses artificielles, représentée in extenso par nos articles V, vi, vii; 

6° Le travail des perles, représenté par nos articles V, viii, ix; 

7° La teinture des étoffes, ouvrage perdu, à l’exception des articles V, xii, xiii et du début du Pseudo-Démocrite. 

8° Il devait s’y trouver en outre diverses applications techniques, telles que la fabrication de la bière (V, x.), de la lessive (V, xii, de la colle, du savon, etc. 

De ce grand ouvrage, malheureusement perdu, sont tirés la plupart des articles de notre Ve partie. Ces articles manquent en général dans le manuscrit de St Marc et dans ses dérivés; mais ils existent dans les manuscrits 2325 (xiiie siècle), 2327 et dans leurs dérivés, Ils répondent à une tradition plus ancienne que les textes alchimiques latins, traduits des Arabes, et que le traité de Théoctonicos; ces derniers d’ailleurs en sont tout à fait distincts. 

1. Prenant telle monnaie que tu veux, prends-en l’empreinte en creux avec du soufre commun fondu, en ayant soin d’enduire la monnaie avec de l’huile; puis tu en prends la contre-empreinte tu fondras le soufre à un feu doux, afin d’éviter de le brûler. Car si le feu est léger, le soufre reproduit bien la gravure; mais si le soufre brûle, il ne reproduit rien. Lorsque tu veux reproduire l’empreinte obtenue au moyen du soufre, celle de l’image qu’il a reçue, sers-toi de la double matrice du soufre; avec elle tu peux reproduire la pièce de monnaie complètement.[126] 

2. L’opération de la fonte des moulages se fait comme il suit. Lorsque tu veux les fondre, prends un petit cercle de fer et mets (le moule) au milieu de ce cercle; puis applique le pouce de la main gauche sur le moule de la pièce de monnaie; verse de la cendre[127] tamisée et répartis-la avec ta main droite tout autour de la matrice. Pendant que tu l’y verses, tiens toujours ton pouce gauche sur la matrice, afin qu’elle ne soit pas recouverte par la cendre. Puis, lorsque la cendre est arrivée au niveau de la matrice, regarde, essuie bien la matrice et ôte avec soin les poils. Ensuite, avec de la cire noire, prends une empreinte ou deux. 

Lorsque tu vois que la matrice du soufre est nette dans toutes ses parties, prends un os de sèche bien sec, presse-le sur la matrice de la monnaie et nettoie avec un petit couteau la surface de l’os de sèche, sans t’occuper du revers; prends un marbre et aiguise (dessus) l’os de sèche avec soin. Place-le au-dessus de la matrice, en t’arrangeant de façon à bien recouvrir la matrice et la cendre. Mettant ton pouce, appuie doucement afin d’imprimer l’os de sèche sur la matrice. Alors mets de la cendre avec précaution sur los de sèche. Puis, avec les paumes de tes deux mains, exerce 4 ou 5 pesées sur la cendre. Achève de remplir, exerce une nouvelle pesée. Lorsque le petit cercle de fer est bien rempli et bien luté avec la cendre, soulève avec soin le cercle avec la matrice, et avec un petit couteau racle l’emplacement de la matrice; tu la tires à toi avec tes doigts et tu la fais sortir du petit cercle de fer. Tu coules le bronze dans l’empreinte (ainsi préparée). Il faut transporter le moule après refroidissement, et non lorsqu’il est chaud; car si la matrice est brûlante, la rouille sort en bouillonnant et (le métal) ne remplit pas la matrice. 

3. Quant à l’alliage du bronze, on l’obtient ainsi rouille de cuivre de Chypre, 1 livre; étain pur, 2 onces. 

4. Pour donner la couleur à la gravure, on emploie : couperose, 2 onces; chalcite, 1 once; alun, 2 onces; ocre et sel, onces. Après avoir broyé et tamisé, entasse, couche par couche, ces produits réduits en poudre, comme on fait pour les feuilles métalliques dans l’affinage de l’or.[128] Recouvre la marmite; fais chauffer l’automotarion pendant 3 heures; puis enlève et laisse refroidir. En découvrant, tu trouves les objets colorés. Pour les détacher, mouille avec de l’eau pure; broyant du soufre commun et le tamisant, mets de l’huile dans tes mains, et frotte les (objets) moulés ; ils se dégagent. 

V. xvii. — DÉTAILS DIVERS SUR LE PLOMB ET SUR LA FEUILLE D’OR[129] 
1. Le plomb marin est dur et grossier. Pour qu’il ne se casse pas, mêle à 50 livres de plomb sabyésin (?),[130] 1 livre d’étain blanc ; opère l’alliage à raison d’une livre pour 50 livres. Le plomb sabyésin (?) et dalmatique est pur et mou. Quand on le fond sans autre addition, on met pour to livres (de plomb), une livre d’étain: c’est là ce qui convient. Le plomb de Sardaigne est mou et contient du cuivre; on le casse, pour le fondre avec le cuivre, ou le soumettre à la préparation : car le métal doit être allié avec du cuivre. La fusion dure 1 jour. 

2. La proportion suivant laquelle il convient d’allier le cuivre avec l’argent est de 5 parties pour une d’argent; c’est-à-dire que dans une opération, on fond 100 livres d’argent avec 500 livres de cuivre. 

Pour ce travail, par livre d’alliage, on emploie 1 muids de charbon; on met en œuvre zoo livres; ce poids se réduit après l’alliage à 166 livres. 

On emploie cire, 20 livres; étain, 20 livres; plâtre, 120 livres; une voiture de bois à brûler; minerai de cuivre, 67 muids; oxyde de fer des batitures, 20 livres; huile pour les moulages, livres. Il faut des ouvriers capables de façonner, de fondre, de limer, et de faire le travail avec des pinces. 40 ouvriers souffleurs pour travailler les objets d’or et d’argent, à raison de 5 livres en 1 jour. 

3. Pour étendre quatre pièces de monnaie blanche, à la longueur de 100 coudées et en tirer 40 feuilles, on prend une plaque carrée de verre, longue de 20 doigts, large de dix. De chaque morceau d’argent, on tire 10 feuilles; on en fabrique 120. L’artisan tire chaque jour 40 feuilles de 4 pièces de monnaie. 

Pour l’objet d’or, on étend une pièce de monnaie, jusqu’à une longueur) de coudées. On mélange du misy, du vieil étain, de l’armoise indienne. 

4. Pour l’objet d’argent, l’artisan travaille comme pour l’objet d’or, (jusqu’à une longueur) de 20 (?) coudées. Il met sur la glace 110 parties de métal et 4 parties de matière additionnelle, afin d’obtenir 100 parties de produit pur. 

On emploie une voiture et demie de bois à brûler. Il faut 22 grammata (poids) d’argent pour l’argenture. 

Le doreur, pour la dorure, avec un lingot d’or massif, fait en un jour 150 feuilles; pour les feuilles dorées, par jour, 50 feuilles; pour la dorure des extrémités, 100 feuilles. Pour la dorure complète d’un objet de... coudées, 42 feuilles; pour les objets à jours par coudée 16 feuilles 1/3 (?). 

Pour la fabrication complète des feuilles, Il faut livres pour 72 monnaies d’or à l’épreuve ; cuivre de Chypre battu à froid, 3 livres; huile, un setier; charbon, 25 muids. Les artisans pour la fabrication de feuilles (prennent) soufre, 1 livre; arsenic (?), 20 livres; vermillon, 10 livres. 

5. Avec une livre d’or, voici les diverses proportions : S’il s’agit d’un seul modèle: 1.500 feuilles; 2 modèles, 2.000; 3 modèles, 2.250; 4 modèles, 2.500; 5 modèles, 3.000; 6 modèles, 4.000 (?); 7 modèles, 5.000; 8 modèles, 6.000; 9 modèles, 7.000; 10 modèles, 8.000; 11 modèles, 9,000; 12 modèles, 10.000 (?). 

L’ouvrier en feuilles d’or, c’est-à-dire le batteur d’or, en vue du recuit de l’or et de la mise en feuilles, pour chaque livre de l’objet à dorer, prend 6 pièces de monnaies, chacune de 2 carats. 

Quant au doreur, pour la seule dorure, et pour chaque livre de l’objet, il a besoin de 3 pièces de monnaie, chacune de 1 carat. 

Quant à la parite inférieure, dans l’opération de la dorure, pour chaque livre de statuettes, il faut 3 pièces de monnaies, si ce sont des objets de bois; si c’est de la pierre, 2 suffisent. 

6. Si le doreur travaille immédiatement et opère comme il a été expliqué dans les tableaux de calcul, et s’il emploie des petites feuilles, il lui faudra une pièce de monnaie, par trois coudées. Mais s’il emploie des (feuilles) plus grandes, telles que celles du grillage à jour dans l’angle de l’oratoire (?) de sainte Marie, auprès du palais de Maron (palais de Marie);[131] la proportion par coudée sera de …. ; ou bien de..., s’il faut des feuilles plus grandes, comme pour le ciboire et pour les colonnes d’airain.[132] 

7. Prenez 6 onces de plâtre; colle de taureau, 4 onces; colle de poissons, 1 once; minium, 1 once; vermillon, ½ once; minium, 6 onces; gomme, (colle de) poissons... ; bois de charbon à brûler, 1.200 livres ……..

V. xviii. — FABRICATION DE LA COLLE DE FROMAGE[133] 
1. Prenant du vieux fromage, broie-(le) dans l’appareil à fromage; puis, versant de l’eau, laisse reposer 3 jours; puis retire, et change l’eau. Ensuite, mettant dans une marmite propre, fais bouillir jusqu’à ce que le fromage soit délayé et épaissi dans l’eau chaude. Puis, mettant le même fromage dans une autre eau, celle-ci tiède, pour le ramollir, fais bouillir jusqu’à ce qu’il se change en colle. Ensuite prends jusqu’à 4 parties de chaux vive; mâle-la intimement avec la colle et colle ce que tu voudras; laisse reposer L’objet collé pendant 6 jours. 

2. On fabrique aussi de la même manière la colle de peaux. Fais bouillir jusqu’à ce que les peaux soient bien dissoutes par l’ébullition, et évapore. Ensuite, laisse refroidir et sécher; puis, fais fondre et colle. 

3. Broie de la corne de cerf et rejette la poudre grossière ; pulvérise, autant que possible, les (parties) blanches et laisse humecter avec de l’eau, pendant 10 jours; puis, fais bouillir assez fort dans une bassine, jusqu’à ce que la substance déborde. Alors évapore et dessèche. Puis, mélange 2 parties de chaux avec 1 partie de la colle, et colle. 

V. xix. — SUR LA FABRICATION DU SAVON D’AXONGE[134] 
Mets autant de livres que tu voudras d’axonge finement écrasée dans une bassine; procure-toi aussi de la lessive de bois d’ormeau. Mets-en dans plusieurs vases et place de l’eau dans ces vases; ils doivent être tous percés de trous dans le fond, et les trous garnis d’un petit chiffon, pour que la lessive ne descende pas. Dispose au-dessous de ces vases d’autres récipients pour recevoir les eaux. Le premier liquide filtré, mets-le dans la bassine. Cette première eau de la lessive fournit ce qu’on appelle le savon de première qualité; la seconde eau de lessive est plus faible, et les trois (eaux) font les trois charges du savon. 

V. xx. — LES MOIS[135]
Le plomb est, de sa nature, froid et sec; pendant 7 jours. 

Le mercure (est), de sa nature, tempéré; pendant z5 jours. 

Le Bélier                            (Mars)                                     chaud et humide. 

Le Taureau                         (Avril)                                      chaud et humide. 

Les Gémeaux                     (Mai)                                       chaud et humide. 

Le Cancer                          (Juin)                                      chaud et sec. 

Le Lion                              (Juillet)                                   chaud et sec. 

La Vierge                           (Août)                                      chaud et sec. 

La Balance                        (Septembre)                            sec et humide. 

Le Scorpion                       (Octobre)                               sec et froid. 

Le Sagittaire                       (Novembre)                            sec et froid. 

Le Capricorne                    (Décembre)                            froid et humide. 

Le Verseau                          (Janvier)                                  froid et humide. 

Les Poissons                      (Février)                                 froid et humide. 

C’est pour toi, souverain lettré, légitime, qui n’a rien d’étranger ni d’irrégulier, que (nous), tes serviteurs, nous avons composé cette formule. Accepte-la donc avec bienveillance, ô prince; si elle est courte, elle contient quelque chose d’utile. 

V. xxi. — FABRICATION DE L’OR[136] 
1. Prenant du cuivre naturel, fais-le fondre sept fois, et dans chaque fonte, projette ces matières-ci: dans la première fonte, du tartre délayé, à volonté; introduis-(le) dans le cuivre fondu. Dans la seconde fonte, mets de l’alun broyé en poudre impalpable; dans la troisième fonte, du sel ammoniac broyé; dans la quatrième fonte, du natron broyé; dans la cinquième fonte, pareillement de l’arsenic broyé; dans la sixième fonte, de l’aphrosélinon; pareillement dans la septième fonte, de la tutie d’Espagne vert clair, broyée préalablement, arrosée avec de l’urine d’impubère, exposée au soleil et amenée à l’état de poudre sèche. Avec la volonté de Dieu, tu devras voir apparaître l’or.[137] Marie dit: « tu tremperas sept fois, et tu trouveras des choses extraordinaires ». 

2. Le tartre, le sel ammoniac, l’alun, le natron, la céruse, la tutie, l’arsenic, l’aphrosélinon et la magnésie des verriers, mélangés avec de l’urine et délayés sept fois, teignent le cuivre (et) lui donnent l’apparence de l’argent.[138] C’est là ce qu’on appelle « notre vinaigre », c’est-à-dire le vinaigre de cuivre. 

V. xxii. — PRÉPARATION DE L’APHRONITRON 
RECHERCHÉ POUR LES SOUDURES DE L’OR, DE L’ARGENT ET DU CUIVRE
Prenant du natron d’Égypte 1 livre, du savon d’axonge préparé sans chaux, 1 livre, divise exactement et mélange. Place ces matières avec le produit, soit au soleil, soit dans un endroit chaud; le résultat est parfait pour souder l’or. 

V. xxiii. — PRÉPARATION DU CINABRE[139] 
1. Prends : mercure, 2 parties; soufre vif pulvérisé …… ; urine pure, 1 partie; prends aussi une petite fiole propre, capable de supporter la force d’un feu sans fumée; mets-y la préparation, sans remplir, mais de façon à laisser un vide de 2 ou 3 doigts; mélange le tout. Dispose un fourneau pareil à celui du verrier. 

Cette fiole aura une large ouverture; dispose la place convenable pour faire entrer la fiole, en l’isolant à l’aide d’un roseau; puis, allume le fourneau. Ménage une autre petite porte, pour que la flamme puisse tourner tout autour. Voici à quel signe on reconnaît que la cuisson est faite: observe l’espace resté vide dans la fiole et, si tu vois sortir une fumée ayant l’apparence de la pourpre, et que la matière échauffée soit couleur de cinabre, la préparation est effectuée. Ne chauffe pas davantage le vase de verre; car une fois la préparation finie, si tu chauffes davantage, le vase de verre se brise. 

2. Fais bouillir du mercure avec de l’huile de raifort additionnée de soufre, et avec de l’arsenic brûlé, dans un vase de verre, pendant 3 jours; le quatrième, laisse refroidir. Puis le mercure sera de nouveau (mêlé) avec du vinaigre très fort, et un poids de soufre égal à la moitié de celui du mercure. Mélange ces (matières) avec du natron, broie dans un mortier, et le produit deviendra jaune. On met dans un vase contenant du vinaigre très fort; on le bouche bien, pour qu’il ne s’évapore point. Laisse digérer pendant 5 jours ; le sixième, tu trouveras le mystère. Édulcore et fais sécher au soleil : conserve ce mystère. 

3. Avec l’aide de Dieu, prends des œufs, casse-les, mets à part les jaunes, en rejetant les blancs; place dans un alambic et laisse pendant à 8 jours. Retires-en l’eau; chauffe la matière qui a pris l’aspect métallique, jusqu’à ce qu’elle soit passée à l’état de chaux: et conserve avec soin cette chaux, en la mettant à part. Cette chaux est dite terrestre (?) 

V. xxiv. — PRATIQUE DE L’EMPEREUR JUSTINIEN[140] 
1. Prenant des coquilles d’œuf, pile-(les) dans un mortier et sèche-(les). Lave à plusieurs reprises et lave encore avec du natron et de l’eau; édulcore avec de l’eau et du vinaigre commun, jusqu’à ce que la composition soit devenue blanche comme la céruse du plomb. Après avoir laissé sécher, conserve. 

Prenant de cette coquille devenue blanche, 3 onces, et des blancs d’œufs, 6 onces, pile ensemble. Extrais-en les eaux au moyen de l’alambic; garde à part la scorie. 

Mets dans ces eaux des coquilles lavées, durcies, c’est-à-dire desséchées, et concentre. Épuise (l’action des eaux) sur les feuilles (de métal?) et tiens prête la composition pour blanchir. Prenant la scorie susdite, délayée dans les eaux et blanchie, avant que l’eau ne soit montée, c’est-à-dire 2 onces... observe la préparation du second jus. 

Mets la scorie dans un vase de terre cuite, ou de verre; bouche-le; fais cuire au moyen de la kérotakis sur un feu violent pendant 1 jour, jusqu’à ce que le produit n’ait plus d’odeur et devienne blanc. 

Après avoir retiré, pile dans un mortier au soleil. Prends une portion de l’eau qui a monté, et amène en consistance visqueuse, pendant 1 jour. Puis, après avoir fait sécher au soleil et retiré, fais cuire au moyen de la kérotakis sur un feu violent, suivant l’ordonnance susdite, pendant 1 jour. Enlevant de nouveau, délaie avec de l’eau et amène en consistance visqueuse, en exposant pendant 1 jour au soleil; puis, fais cuire. Réitère plusieurs fois, jusqu’à ce que tu voies la composition blanche comme la céruse. 

2. Ensuite, fais jaunir de la manière suivante. Après avoir fait monter l’eau, suivant l’ordonnance susdite, tu ne l’emploies plus pour opérer la fixation de la couleur des œufs sur les feuilles; mais tu ajoutes, dans un setier, to jaunes d’œufs, et tu les brouilles dans l’eau. Garde les eaux jaunes, et avec ces eaux, délaie la composition, de façon à l’amener en consistance visqueuse, pendant 1 jour. Après avoir fait sécher au soleil, chauffe et fais toutes choses suivant l’ordonnance susdite, ne te tenant pour satisfait que lorsque tu verras la composition devenue jaune comme de l’or. 

Place cette composition dans un flacon, non bouché; et mets dans un vase (de terre) du vinaigre commun très fort. Dispose le flacon (contenant) la composition, de façon à ce qu’il flotte sur le vinaigre. Lute tout autour le vase (qui contient) le vinaigre, avec son couvercle; conserve pendant 41 jours. 

Puis, retirant la composition, mets-la dans un mortier; ajoute des eaux jaunes et amène en consistance visqueuse. Après avoir laissé sécher au soleil, garde: l’opération est accomplie. 

3. Pour préparer une telle (composition), on emploie la macération, la cuisson faite à forte chaleur avec l’asèm, ainsi que le broiement (dans) le mortier, et l’arrosage avec les liquides. On l’amène à un point tel, qu’elle ne s’échappe pas par l’action du feu, mais qu’elle devienne susceptible de pénétrer les corps et d’y demeurer fixée, sans se volatiliser, ni être brûlée. C’est ce qui arrive lorsqu’on soumet l’asèm à une forte chaleur, la vapeur montant et descendant dans l’appareil sphérique,[141] à l’état de brouillard opaque, jusqu’à ce que le produit ait acquis toute sa puissance de matière incombustible et fixe. 

Les poudres sèches subiront aussi le même traitement, jusqu’à ce qu’elles soient tout à fait décomposées et privées de leur eau, et qu’elles soient mélangées, complètement unifiées avec les liquides, en ne formant plus, pour ainsi dire, qu’un seul corps inséparable, par l’effet de l’opération. Les liquides, de leur côté, seront fixés au moyen d’espèces astringentes, complètement décomposés et réduits en ios, jusqu’à ce qu’ils aient acquis le pouvoir de demeurer sans se volatiliser et de résister au feu, Par l’effet de l’union indissoluble entre les poudres sèches et les liquides, on produit des couleurs douées de l’aptitude à pénétrer (les métaux); de même que toute matière extractive naturelle, mise à bouillir dans l’eau sur un feu doux, se délaie entièrement, en donnant sa couleur à l’eau, le tout étant amené à l’unité, 

4. Après donc que toutes les eaux sont complètement montées,[142] prends le sédiment sec et noirci qui reste, et blanchis-(le) de cette façon. Tu auras un vin préparé d’avance, avec de l’eau de chaux filtrée à travers de la cendre d’albâtre, suivant le procédé de la lessive pour savonner. Prends-en une portion et sers-t’en pour bien laver (la scorie), jusqu’à ce que l’eau soit noircie, 

Ensuite reverse de nouvelle eau et, si tu veux, laisse digérer pendant quelques jours. Revenant (à la charge), lave encore, en suivant l’ordre indiqué précédemment. Transvasant l’eau noircie, mets-en de nouvelle sur les autres matières, Renferme ensuite celles-ci dans des vases, pendant le même nombre de jours; puis, retire-les, relave: en opérant de cette façon, l’apparence noire se dissipe et il se forme un or de couleur blanche. Quant aux eaux noircies auparavant, mets-(les) dans un vase de verre; après avoir luté le vase tout autour, laisse sécher et fais digérer pendant quelques jours, c’est-à-dire jusqu’à ce que le produit soit réduit en pute, désagrégé, et parvenu à un blanchiment convenable. Qu’il se délaie et se désagrège. Expose-le au-dessus du vinaigre, de façon à ce qu’il subisse l’action de ses vapeurs piquantes et se désagrège; le vase doit être fermé avec soin. Ainsi, sous l’influence de la vapeur piquante, le produit blanchit à l’air et devient comme la céruse provenant du plomb. 

Il est possible de produire cet effet avec notre chaux, c’est-à-dire en exposant notre pierre à la vapeur acide du vinaigre, à la façon d’une feuille de plomb. Mais, pour donner à cette matière la coloration jaune, après que la préparation a été convenablement lavée et blanchie, il faut d’abord l’arroser avec des eaux jaunes, faire macérer et réagir, et ensuite dessécher. 

Ainsi a été accomplie la pratique de l’empereur Justinien.[143] 

V. xxv. — DESCRIPTION DE LA GRANDE HELIURGIE 
EXPOSÉE DANS LE TRAITEMENT DU TOUT[144] 
Sachez que la grande héliurgie est exposée et décrite dans la création du Tout, à l’occasion de son créateur (démiurge), suivant l’allégorie que voici 

Le Tout se manifeste dans six choses : dans les quatre éléments, dans l’âme et dans Dieu même, l’artisan et le créateur de ces choses. Or, les quatre éléments sont les suivants: le premier, celui qui se porte en haut, c’est le feu; le second, placé au-dessous, l’air; le troisième, situé plus bas, la terre; le quatrième, inférieur à la terre, l’eau; tels sont les quatre éléments. En outre, il y a l’âme et Dieu, leur artisan et fabricateur. C’est dans ces six choses que le Tout se manifeste. Il y a aussi six choses dans la matière de la grande héliurgie, choses qu’ils ont exposées avec justesse; ce sont : l’eau, la vapeur sublimée, le corps (métallique), la cendre, la vapeur humide, et le feu. Parmi ces choses, les quatre (premières) répondent aux quatre éléments. La cinquième, c’est-à-dire la vapeur humide, est assimilée à l’âme, et la sixième, c’est-à-dire le feu, est l’image de Dieu. 

V. xxvi. — BÉNÉDICTION DE LA RUCHE[145]
1. Salut, notre Seigneur (Christ ?), salut ……….. vie ……….. (à l’abeille?) bénie, qu’ont bénie le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Par-dessus tous, tu as la bénédiction; tu as adoucis (mon) cœur; tu as (favorisé ?) le maître chanteur de l’église; tu (l’) as sanctifié avec ton produit. Rassemble tes petits, rassemble-les, et parcours les fleurs des montagnes, les (fleurs) aux mille douceurs, aux mille fruits que Dieu connaît, mais que l’homme ne connaît point. Je t’adjure (de chasser) la guêpe sauvage, et l’insecte venimeux, et le corbeau, et les serpents, et l’araignée, et la fourmi; que rien de ce qui nuit à l’abeille n’ait la permission de s’approcher des abeilles du serviteur de Dieu N ……………. au nom du Père et du Fils et du St-Esprit. 

2. Fais une croix et écris cette prière sur la croix, ou sur un bâton (quelconque) et place-la au milieu de la ruche. 

3. Sur un moyen à employer pour endormir un homme : Écris sur une feuille de laurier C’est à Bethléem en Judée que le Christ est né. Repose-toi. Saint Eugène, donne le sommeil au serviteur de Dieu N. 

4. Sur un moyen à employer pour que l’on ne s’endorme pas.[146] Fais cuire les testicules d’un lièvre dans du bon vin; qu’on le boive et on ne s’endormira pas. 

V. xxvii. — FABRICATION DE L’ARGENT[147] 
Prends une partie de plomb, dix parties d’étain, fonds au creuset; broie avec du vinaigre et du sel, de façon à blanchir le métal. Mets ensuite dans un creuset (?) et nettoie trois fois avec de l’huile. Puis, sur cinq parties de cet alliage, projette une partie d’argent; après mélange, fais fondre au feu. Ensuite, fondant cinq parties d’étain, ajoutes-y une partie de la composition précédente et tu verras l’argent en nature. 

AUTRE PROCÉDÉ. — Prenant du mercure occidental et du mercure oriental, à parties égales; broie et mets dans un vase de verre; fais cuire sept fois. Le produit sublimé est pareil au cristal. Ensuite broie-le avec du blanc d’œuf; fais cuire de nouveau, et le produit sublimé sera pareil au cristal. Prends-le, suspends-le dans le vase du vinaigre, ainsi qu’il a été dit plus haut; fais descendre l’eau; mets-y les blancs (d’œufs?); enterre le vase de verre, suivant la méthode philosophique, dans de la fiente de cheval), pendant 40 jours, jusqu’à ce que tout se liquéfie. Ce procédé est dû à Salomon le Juif, et tiré des temples du soleil. 

V. xxviii. — SUR L’ORICHALQUE.[148] 
1. Prenant de la tutie d’Alexandrie, du tartre, de la farine, de la fiente, des figues et du raisin, fais fondre le cuivre : répète l’opération plusieurs fois, avec un nouveau traitement. De cette façon le cuivre devient comme de l’or. 

2. Mets du safran, du curcuma, du miel et d’autres (substances) couleur de citron, à ton idée; des jaunes d’œufs et de la bile de bœuf roux desséchée. 

V. xxix. — SUR LE SOUFRE INCOMBUSTIBLE 
Prenant du soufre apyre, délaie dans de l’urine d’impubère; ensuite prenant de la saumure en quantité égale, fais bouillir jusqu’à ce que (le soufre) flotte à la surface, et (alors) il devient incombustible.[149] Éprouve-le, en l’enlevant et l’examinant, jusqu’à ce qu’il devienne incombustible, c’est-à-dire jusqu’à ce que tu voies qu’il ne brûle plus. Prends la même eau (du soufre; incombustible; jette-(la) sur de la fleur de sel, délaie, en agissant comme avec le soufre incombustible. Tel est le divin mystère. 

D’autres délaient du plomb avec le soufre, en même temps que la fleur de sel, et ils préparent (ainsi) le divin mystère. 

V. xxx. — BLANCHIMENT DE L’EAU 
AU MOYEN DE LAQUELLE EST BLANCHI, PENDANT QU’ON LE TRAITE, L’ARSENIC, AINSI QUE LA SANDARAQUE
Lorsque le cuivre brûlé est associé avec une partie d’alun lamelleux et une partie de gomme blanche, dissous la gomme dans l’eau; lorsqu’elle est dissoute, on obtient un liquide de consistance visqueuse. Mets l’alun dans un vase et verses-y l’eau de gomme; fais cuire jusqu’à dessiccation et garde. Le produit est délayé avec l’arsenic, la sandaraque et le cuivre; puis on opère la coction. 

V. xxxi. — SUR LE BLANCHIMENT DE L’ARSENIC LAMELLEUX[150] 
Prenant de l’arsenic, délaie avec une égale quantité de vinaigre. Après avoir repris, place au-dessus d’une kérotakis, en superposant une coupe à une (autre) coupe. Après avoir luté tout autour à la partie supérieure, fais un feu léger par-dessous, jusqu’à ce que tu voies la coupe devenir tiède. Après avoir enlevé la vapeur sublimée, amène-la avec de l’eau en consistance cireuse, et lute la coupe après addition de vinaigre. Laisse le soufre jusqu’à ce que le produit soit blanchi, et fais cuire dans la cendre chaude, ainsi qu’il a été exposé plus haut; puis garde. 

Prenant de la sandaraque, délaie avec du vinaigre. Dispose dans deux boîtes, mets au four et après avoir enlevé la vapeur sublimée, garde l’arsenic et la sandaraque. La magnésie devient blanche comme de la neige, et ensuite elle est jaunie. 

V. xxxii. — DORURE DU FER[151] 
1. Prenant du mordant, 1 demi-once; du sel gemme, 1 demi-once; du tartre, 2 onces; du vitriol romain, 1 demi-once; de l’alun, 1 demi-once; du vert-de-gris (?), 2 ou 3 hexages; du poivre, demi-once; du sel commun, 1 once; broie bien tout cela très menu, séparément, puis ensemble, et agite. Mets le mélange dans un vase étamé neuf, en ajoutant la valeur de deux brocs (?) d’eau, fais cuire jusqu’à réduction de l’eau à son tiers, et, après avoir fermé, tiens en garde. 

2. Alors tu vernis le fer, tu le teins en rouge et tu le dessèches bien. Ensuite tu l’histories et tu écris dessus ce que tu veux faire, par-dessus le vernis, avec un poinçon (?) en fer. Prends une préparation blanche, c’est-à-dire du sublimé, et broie-la très fin. Alors, mets (l’objet?) dans un vase; mets-y aussi de l’urine humaine et agite bien. Puis, enduis les lettres avec une plume, de façon à les obtenir écrites sur le fer; puis fais rougir au feu pour dessécher. Enduis de nouveau et dessèche pendant trois bonnes heures; et lorsque tu verras que la liqueur a attaqué et creusé le fer, fais blanchir très fortement, afin d’expulser tout à fait la préparation et L’urine en dehors des lettres. Il faut essuyer avec un mouchoir blanc et propre, afin qu’il n’y ait pas de crasse, et faire attention à ce que les lettres ne se salissent pas. 

3. Procure-toi de l’or, provenant de ducats vénitiens et bats-le sur l’enclume avec le marteau, de façon à ce qu’il devienne mince comme une feuille de rose. Ensuite coupe-le en petites parcelles et garde-les. 

Ensuite, filtre du mercure avec (une peau de) chamois serrée; (fais cela) une et deux fois, pour ôter la crasse. Alors, mets le creuset sur le fourneau d’un orfèvre, afin de le faire rougir. Puis, retire-le du feu; mets l’or dans le creuset, et remue souvent le creuset; l’or est dissous et s’unit avec le mercure; et alors, verse dans une coquille de spondyle. 



SIXIÈME PARTIE 
COMMENTATEURS 


NOTICE PRÉLIMINAIRE 

Les traités des Alchimistes gréco-égyptiens ont été réunis en collection par Zosime d’abord, au iiie siècle de notre ère, puis vers le viie siècle au temps d’Héraclius, ainsi qu’il a été exposé dans notre Introduction (p. 200 à 203. Ils sont devenus aussitôt l’objet de commentaires multipliés, écrits par des praticiens d’une part, et d’autre part, par des philosophes mystiques. En ce qui touche les développements pratiques donnés à l’antique doctrine, nous rappellerons qu’ils ont été, depuis le temps de Zosime jusqu’au xive siècle, et sur quelques points jusqu’à la fin du moyen âge, consignés dans des traités et dans des mémoires, dont nos cinq premières parties renferment les débris. Parmi les commentaires mystiques, les plus anciens, d’une portée philosophique incontestable, ont été conservés dans les ouvrages de Synésius et d’Olympiodore. Puis sont venus des glossateurs byzantins, étrangers à l’œuvre expérimentale, qui ont disserté sur les vieux traités, avec une subtilité scolastique mêlée d’exaltation. C’est à cet ordre de compositions qu’appartiennent les livres de Stephanus, du Philosophe Chrétien, et du Philosophe Anonyme. Stephanus est un personnage connu,[152] à la fois philosophe, médecin, astrologue et alchimiste, contemporain et conseiller de l’empereur Héraclius (vers l’an 620). Ses ouvrages alchimiques, rédigés dans un langage mystique et enthousiaste, n’ont pas un grand intérêt scientifique; le texte grec en a été publié par Ideler dans ses Physici et medici grœci minores (2 vol. in-8, Berlin 1841-1842, p. 199 à 237) d’après une copie de Dietz, faite sur un manuscrit de Munich, et collationnée, parait-il, sur le vieux manuscrit de Venise, dont le manuscrit de Munich d’ailleurs est lui-même une copie directe ou indirecte.[153] Cette publication laisse fort à désirer, l’éditeur ayant transcrit les signes alchimiques purement et simplement, sans les comprendre, avec plus d’une erreur, et n’ayant donné aucune variante. Cependant elle permet de prendre une connaissance suffisante de l’œuvre de Stephanus; surtout si on la complète par la lecture de la traduction latine de cet auteur, publiée en 1573 à Padoue, par Pizimentius, dans l’ouvrage qui porte le titre suivant Democriti de Arte magna. Dans ces conditions, il ne nous a pas paru indispensable de faire une nouvelle édition de Stephanus, notre publication étant consacrée essentiellement aux œuvres originales et inédites. 

Il en est autrement des ouvrages du Philosophe Chrétien et du Philosophe Anonyme, inédits jusqu’à ce jour. Ce sont des compilations, avec commentaires, faites d’après les vieux auteurs. L’étendue initiale de ces compilations n’est pas exactement connue, attendu que les copistes y ont rattaché successivement des morceaux qui n’en faisaient pas partie à l’origine, ainsi qu’il sera expliqué plus loin. Certaines confusions se sont même produites entre les deux compilations. Enfin, sous le nom de l’Anonyme, il semble que plusieurs auteurs différents aient été groupés. La date initiale du Chrétien et celle de l’Anonyme seraient déterminées, si l’on pouvait s’en rapporter aux indications du manuscrit du Vatican.[154] En effet, le traité de l’Anonyme[155] qui débute par les mots Τὀ ὠόν τερτραμερὲς... est dédié dans ce manuscrit à Théodose le grand Empereur: sans doute Théodose II, auquel Héliodore a aussi dédié son poème alchimique. 

Mais les chapitres sur les Soufres, sur les Mesures et sur la Teinture unique (III. xxi, xxii et xviii), que nous avons publiés dans les œuvres de Zosime, et qui font partie de la compilation du Chrétien dans les manuscrits, sont aussi dédiés au grand Empereur Théodose dans le manuscrit du Vatican. Dans le premier de ces chapitres, les deux premières lignes (Texte, p. 174, l. 11 et 12) sont supprimées, et l’auteur débute par ces mots : Ἰστέον ὦ κράτιστε Βασιλεῦ, puis il continue par : ὅτι οὐ μόνον ὁ φιλόσοφος, etc., comme à la ligne 13, jusqu’à la dernière ligne du chapitre. Cette suppression et cette interpolation sont suspectes, et il est permis de supposer que le nom de Théodose a été ajouté après coup, comme il est arrivé trop souvent dans ce genre de littérature. Parmi les autres chapitres de ces mêmes compilations, ceux qui ne sont pas transcrits d’après les vieux auteurs roulent sur des subtilités d’une assez basse époque, et ils sont assurément plus modernes que Synésius et Olympiodore, contemporains effectifs de Théodose. 

On trouve dans l’œuvre du Chrétien, telle qu’elle est transcrite dans le manuscrit de St-Marc, une autre mention qui paraît plus moderne et plus authentique, car elle ne s’en réfère pas au nom d’un empereur: c’est la dédicace à Sergius du traité sur l’Eau divine: il s’agit probablement de Sergius Resaïnensis, traducteur syriaque des Philosophes grecs, qui a vécu à la fin du vie siècle.[156] Était-il vraiment contemporain du Philosophe Chrétien ? On pourrait en douter à la rigueur, si l’on s’attachait à la citation du nom de Stephanus,[157] reproduit dans l’un des chapitres du Chrétien: « Sur l’exposé détaillé de l’œuvre »; chapitre que nous avons publié dans les œuvres de Zosime (III, xvi), en raison des indications qui y sont contenues et parce qu’il renferme des fragments extraits de Démocrite. Mais tous ces textes ont été tellement interpolés par les copistes que l’on ne doit pas attacher une signification trop absolue à de semblables citations, ajoutées souvent après coup. En fait, je serais porté à regarder cette citation de Sergius comme la seule tout à fait authentique, et par conséquent à fixer la date du Chrétien à l’époque de cet écrivain, c’est-à-dire un peu avant Stephanus. On serait également reporté vers une époque qui ne peut guère être abaissée au delà du ve ou vie siècle, par les opinions relatives à la nécessité de la grâce divine, opinions exposées dans le morceau VI, i, sur la Constitution de l’or (p. 385). 

Quant au Philosophe Anonyme, il cite aussi Stephanus, non en passant, mais dans un développement historique relatif aux autorités alchimiques (VI, xiv), et je pense dès lors qu’il doit être regardé comme postérieur. Mais il pourrait être contemporain avec les auteurs pseudonymes des Traités perdus, attribués à Héraclius et à Justinien.[158] L’attribution de certains chapitres à l’Anonyme offre d’ailleurs diverses confusions, qui semblent indiquer plusieurs écrivains. 

Entrons maintenant dans des détails plus circonstanciés sur la compilation du Chrétien. La forme la plus moderne et la plus parfaite sous laquelle nous possédions cette compilation est celle qui existe dans le manuscrit Lb (2251 de Paris), copié vers le milieu du xviie siècle; en vue, ce semble d’une publication qui n’a pas eu lieu. Le copiste a pris comme base le manuscrit E (2329 de Paris), un peu plus ancien, qu’il a d’abord complété par des additions marginales; il a fait subir ensuite aux textes des remaniements considérables, qui le plus souvent ne sont pas des améliorations; enfin il a complété la compilation du Chrétien, en y intercalant des morceaux qui n’en font pas partie avec pleine certitude dans les autres manuscrits (sauf E). 

Nous allons, pour préciser la discussion, donner un tableau comprenant les 53 chapitres attribués au Chrétien dans le manuscrit L et ceux qui lui sont attribués dans le manuscrit E; avec l’indication des feuillets de M (manuscrit de St Marc, xie siècle), de B (2325 de Paris, xiiie siècle), et de A (2327 de Paris, xve siècle), où se trouvent certains de ces chapitres; celle des feuillets du manuscrit du Vatican, qui en renferment quelques-uns; les numéros correspondants de la vieille liste du manuscrit de St-Marc;[159] enfin les numéros de notre propre publication, où ces divers chapitres sont imprimés. Cela fait, nous examinerons de plus près la composition même de la compilation. 




Vat. : Traité coupé en deux par le relieur (Introd., p. 184).

Si l’on examine cette liste de chapitres, on reconnaît aisément qu’elle se décompose en plusieurs groupes, qui étaient séparés dans les plus anciens manuscrits et attribués à des auteurs différents. Tels sont d’abord les chapitres 2, 3, 4 et 5, jusqu’à 13, lesquels paraissent répondre à nos numéros 31 et 32 de la vieille liste de St-Marc (Introd., p. 175), désignés sous le nom de chapitres d’Agathodémon, Hermès, Zosime, Nilus, Africanus; tandis que les chapitres véritables du Chrétien y figurent sous nos numéros 33, 47 et 48 le numéro 33 répond au chap. 48 sur l’eau divine; le numéro 47 représente le chapitre 5 (Constitution de l’or), qui est un traité spécial; enfin le n° 48, comprenant 30 chapitres sur la Chrysopée, d’après la vieille liste, répond sensiblement au groupe des 34 chapitres de Lb, compris depuis le ch. 14, jusqu’au chapitre 47; surtout si l’on en défalque l’écrit authentique de Zosime (ch. 23), qui manque dans M; ainsi que les Mœurs du Philosophe et le Serment (ch. 28), qui appartiennent à un autre ordre d’idées. Les chapitres 49, 50, 51 ont le caractère d’extraits anciens, analogues aux ch. 2 à 13. Quant aux ch. 52 et 53 (Pierre philosophale), c’est une addition postérieure, manquant dans M et dans B. 

Nous aurions donc un premier ensemble de la compilation du Chrétien, comprenant les chapitres 14 à 47 de Lb, et représenté dans la vieille liste de St-Marc par le n° 48. Plus tard, dans le type qui a servi au copiste du manuscrit actuel de St-Marc, on aurait ajouté les chapitres d’extraits que nous comprenons sous les nos 31 et 32, c’est-à-dire les chapitres 2 à 13 : la Constitution de l’or (ch. 1) répondant au numéro 47, paraît avoir été toujours à part, de même que le chapitre 48, répondant au n° 33 sur l’eau divine. — Les nos 31 et 32 semblent, je le répète, ainsi que les chap. 49, 50, 51, représenter un groupe d’extraits plus anciens, qui sera venu se confondre avec la compilation du Chrétien. En tout cas, les chap. 52 et 53 ne faisaient pas encore partie de la collection copiée dans le manuscrit de St Marc (xie siècle), ni même dans le manuscrit B (xiiie siècle); mais ils y sont entrés dans le type qui servit au copiste du manuscrit A. 

Dans le manuscrit du Vatican, il manque la majeure partie des chapitres du Chrétien; deux groupes d’articles seulement s’y trouvent l’un va du ch. 36 au ch. 51; l’autre, du ch. 24 au ch. 27. Ce dernier groupe offre un caractère spécial, sur lequel nous allons revenir. Mais il est difficile de tirer des inductions trop absolues de ces lacunes. 

Indiquons maintenant la nature des sujets traités et expliquons comment nous avons été conduit à démembrer la compilation du Chrétien, pour en reporter un certain nombre de morceaux dans les parties précédentes. Ce démembrement était tout indiqué par notre plan, dans lequel je m’efforçais de reconstituer les textes avec leur caractère le plus ancien. Or la compilation du Chrétien a été faite à l’origine en vertu du système général suivi per les Byzantins, du viiie au xe siècle, période pendant laquelle ils ont tiré des anciens auteurs qu’ils avaient en main des extraits et résumés, tels que ceux de Photius et de Constantin Porphyrogénète. Ce procédé nous a conservé une multitude de débris de vieux textes; mais il a concouru à nous faire perdre les ouvrages originaux. Un semblable résultat a été particulièrement regrettable en ce qui touche les ouvrages scientifiques, que leurs abréviateurs comprenaient mal, négligeant la partie technique pour s’attacher aux morceaux mystiques et déclamatoires. Quoi qu’il en soit, les livres originaux n’existent plus et le problème est de les reconstituer autant que possible, à l’aide des fragments conservés par les abréviateurs. C’est le travail qui a été fait pour les historiens antiques et c’est celui que j’ai essayé d’exécuter pour les alchimistes. 

Voilà comment j’ai restitué à Zosime et aux vieux auteurs les fragments, souvent altérés et modifiés par des commentaires ultérieurs, qui se retrouvent dans les compilations du Chrétien et de l’Anonyme; les chapitres 29 à 53 de Lb notamment, Ont ainsi passé dans la IIIe partie de la présente publication; les chapitres 28 et 28 bis de Lb, qui ont une physionomie spéciale, ont été reportés dans la partie I. Les chapitres 2 à 13, que j’ai signalés plus haut comme extraits de vieux auteurs, d’après l’ancienne liste de St-Marc, sont rentrés dans la IVe partie. Les chapitres 24 à 27, qui se distinguent tout-à-fait par leur caractère technique, ont été maintenus dans la Ve partie. 

Il ne faut pas se dissimuler que cette répartition prête un peu à l’arbitraire. Cependant elle me semble préférable au système qui consisterait à conserver en bloc ces compilations. Le tableau ci-dessus constate d’ailleurs l’état exact de celle du Chrétien dans les manuscrits, indépendamment de toute hypothèse. 

Ce travail d’élimination terminé, il est resté encore un nombre considérable de morceaux, se rattachant plutôt h la classification générale de la compilation qu’à des sujets scientifiques déterminés; c’est ce résidu qui constitue les chapitres du Chrétien dans les manuscrits, transcrits dans la VIe partie. 

On y a joint au Chrétien et à l’Anonyme plusieurs morceaux constituant des compilations analogues et plus récentes encore, telles que celles de Cosmas et de Blemmidès; la dernière remonte seulement au xiiie ou xive siècle. Quelques débris du même ordre, formés par un assemblage de vieilles citations, la plupart de seconde ou troisième main, et désignés dans les manuscrits sous le titre générique de a Pierre philosophale ont été compris également dans cette VIe partie : observons à cet égard qu’un chapitre semblable figure déjà dans les œuvres dites de Zosime (III, xxix); nous en donnerons ici quelques autres, de façon à compléter la publication des textes de nos manuscrits. 

VI. i. — LE CHRÉTIEN 
SUR LA CONSTITUTION DE L’OR[160] 
1. « Après avoir discouru tout à l’heure dans le second traité et avoir développé les procédés concernant les pierres, j’ai exposé dans le troisième traité ce qui convenait au sujet; c’est-à-dire que les sulfureux sont dominés par les sulfureux et les liquides par les liquides correspondants ».[161] Tel est le préambule[162] que le savant d’Abdère a placé dans son quatrième traité, voulant montrer par là qu’il y a identité entre le liquide opposé au liquide correspondant et l’élément sulfureux; c’est-à-dire que le point capital du traitement, c’est que les sulfureux sont dominés par les sulfureux et les liquides par les liquides correspondants. En effet la nature jouit de la nature; et de même, la nature triomphe de la nature, et la nature domine la nature. Il l’a dit lui-même, ainsi que son maître Ostanès.[163] 

2. Pour notre part, suivant leurs traditions, c’est avec ce même préambule que nous avons composé notre traité de l’or et de l’argent, sans nous écarter des quatre livres de Démocrite, ni de l’ensemble des livres relatifs à l’œuvre: ce qui ne serait pas possible. Nous placerons au milieu de notre démonstration la chose capitale.[164] De même que le centre du cercle détermine tes rayons égaux menés vers la circonférence; de même aussi la source intarissable coulant au milieu du Paradis fournit A tous une onde potable et féconde; de même encore le soleil de midi,[165] étant au zénith de l’un des quatre centres (célestes), illumine sans ombre tout l’hémisphère supraterrestre. Il en est de même de la lune,[166] éclairant la terre du haut du ciel, et faisant disparaître la tristesse de la nuit par la pleine lumière de son disque empruntée à la lumière du soleil.[167] En effet, sans les liquides du Philosophe,[168] il est impossible d’accomplir aucune des choses que l’on désire. 

3. Nous nous souviendrons à l’occasion du discours relatif à sa première classe; puis, nous conformant à ses conceptions, nous dirons ce que nous avons pu (faire). « Prenant, dit-il, du mercure, fixe-le avec le corps métallique de la magnésie, ou avec le corps métallique de l’antimoine d’Italie, ou avec du soufre apyre, ou avec de la pierre calcaire cuite, ou avec de l’alun de Mb, ou comme tu l’entendras[169] ». Le divin Zosime, interprétant ces choses, entend par le mercure, l’eau divine[170] déposée dans les bocaux. Quant au corps de la magnésie,[171] il l’a appelé dans son livre de l’Action la composition blanche traitée par l’antimoine d’Italie, la chaux, l’alun de Milo et le reste; tels que je les comprends, ajoute-t-il, c’est-à-dire « traités par l’eau divine s. Il a résumé par là toute la classe; et de cette façon il a montré des le début la fin de l’art. Nous lui demanderons : Pourquoi cette explication? Parle, maître; dans quel but, alors que le Philosophe a dit dans sa première classe « Prenant du mercure, fixe-(le) avec le corps de la magnésie ; veux-tu dire, toi, qu’il a montré par son explication la fin de l’art? 

4. Pourquoi donc tant de livres et d’invocations au démon[172] ? Pourquoi tant de constructions de fourneaux et d’appareils ont-elles été décrites par les anciens, du moment que toutes choses sont, comme tu le dis, faciles à entendre et résumées par là ? C’est souvent, dit-il, ô disciple qui suis les ouvrages de (l’école de) Démocrite, afin d’exercer ton esprit; car si l’intelligence possède en elle-même la voie directrice, cependant elle ne connaît toutes choses que par un secours extérieur, et non d’après sa propre nature. En effet, l’homme n’est pas naturellement un dieu,[173] mais il est l’image du Dieu qui a dit à son Fils et au Saint-Esprit : faisons l’homme à notre image et ressemblance. Que possèdes-ru que tu n’aies reçu ? dit le héraut de la piété, l’apôtre Paul.[174] Lorsque tu as reçu, pourquoi te vantes-tu comme si tu n’avais pas reçu ? » Jacques, l’inspiré de Dieu,[175] disait « Tout bon présent et toute donation parfaite viennent d’en haut; ils descendent du Père des lumières L. De même lui aussi, le Dieu de l’univers, notre maître et docteur Jésus Christ, nous instruisant, dit:[176] « Vous ne pouvez rien recevoir de vous-mêmes, à moins que cela ne vous soit donné par le Père qui est aux cieux. » Nous devons donc demander à Dieu, chercher et frapper (à la porte), afin que nous recevions. En effet : « demandez, dit l’oracle divin,[177] et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et il vous sera ouvert : car celui qui demande recevra, et celui qui cherche trouvera; à celui qui frappe, il sera ouvert ». Mais il faut que chacun, se gouvernant lui-même et par sa propre initiative, considère avec un cœur simple quel doit être l’objet de sa requête; de peur que, faisant une demande téméraire et vaine, il ne réussisse pas. Car l’oracle divin a dit: « si notre demande n’est pas faite avec un cœur simple, nous prenons une attitude téméraire vis-à-vis de Dieu «. Il dit encore: « vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous faites une mauvaise demande, et que vous proposez de dépenser les choses (demandées) dans les plaisirs,[178] 6 femmes adultères a. C’est donc avec une conscience pure, suivant une pratique et un mode purs, qu’il convient d’implorer Dieu.[179] 

5. Le philosophe Zosime disant ces choses,[180] et nous donnant ces bons conseils, attachons-nous à la question (de savoir) ce qu’est le mercure, et le corps de la magnésie; car toutes les autres choses sont comprises dans le corps de la magnésie... [Il ne faut pas adopter ici la conjonction ou à la place de La conjonction disjonctive et [181]]. Il faut savoir s’il s’agit de 3, ou 5 et 7 (jours), pour la durée totale de la macération correspondant à 15 jours... D’après le (dire) de Démocrite, rapporté par le divin Zosime dans son discours sur les eaux divines: « les deux soufres sont une seule composition.[182] 

6. Les mercures et les corps étant au nombre de deux, incontestablement la composition blanche et l’eau de soufre sont la même chose; c’est là aussi l’opinion de Démocrite. Ainsi, le soufre mélangé avec le soufre rend les substances sulfureuses,[183] à cause de leur grande affinité réciproque. Mais si elles possèdent une grande affinité réciproque, il est évident qu’elles sont de la même nature que lui; et si elles sont de la même nature, il est bien évident qu’elles sont les parties du même Tout, c’est-à-dire d’une seule composition. Ainsi donc, il faut chercher l’unité dont les parties seraient les deux soufres, ou les liquides sulfureux, ou toute espèce de liquides correspondants. 

VI. ii. — LE CHRÉTIEN, SUR L’EAU DIVINE 
QUELLES SONT LES ESPÈCES
DE L’EAU DIVINE EN GÉNÉRAL? — QUELLE EST (L’EXPLICATION)
RELATIVEMENT AU CALCAIRE? —
QUELLES SONT LES DÉNOMINATIONS DE CES (MATIÈRES)?
L’explication relative à l’eau divine a été donnée par plusieurs, excellent Sergius;[184] mais beaucoup ont peine à l’entendre, parce qu’ils sont incrédules et timorés. Tous les écrivains sur l’art regardent cette eau comme divine, d’après le double sens de son nom;[185] ils y ajoutent des désignations remarquables, la nommant tantôt eau native, tantôt eau tirée de la chaux. Chacune de ces (dénominations) s’appliquait à l’eau jaune, à l’eau noire, à l’eau blanche; suivant les sens différents adoptés par les auteurs. En effet, dans les catalogues des espèces, quelques-uns ont exposé clairement les agents fixateurs, en traitant avec mesure les matières qui ne se fixent pas; d’autres au contraire, parlant par énigmes des agents fixateurs, ont mentionné avec plus de détail les matières fugaces. D’autres encore, en mentionnant toutes les matières, les ont décrites en employant d’autres espèces et d’autres traitements, sans être retenus par la jalousie et avec bonne volonté. 

VI. iii. — DÉSACCORD DES ANCIENS 
. Ainsi ils ont agi avec bonne volonté,[186] de telle sorte que celui qui trouvait, ne fît pas par jalousie disparaître le livre, et que le point capital de la science ne fût pas perdu. Car cette connaissance une fois perdue, l’art tout entier est perdu en même temps, suivant le très sage Zosime. 

Mais la diversité (de leurs explications) produit un grand embarras pour les lecteurs. En effet, étant donnée l’unité véritable de l’eau (divine), naturelle et générale, ainsi que l’unité de l’art, voici que les hommes trouvent qu’elle comporte une multitude de traitements. Per là ils sont égarés, étant dominés par le respect et la confiance que leur inspirent les livres. Or s’ils ne réussissent en rien, ils seront amenés nécessairement à mépriser les livres, en même temps que l’art et les maîtres. Cependant les maîtres, qui avaient enseigné à leur propre point de vue, n’étaient pas cause de l’erreur des jeunes gens; et les jeunes gens, de leur côté, qui n’arrivaient pas au résultat, ne faisaient point acte d’injustice en attaquant les anciens; car la Nécessité est une grande déesse, suivant le mythe des poètes. 

2. Que fallait-il donc que fit Zosime, cet ami de la vérité, lui qui voulait écrire en ami des hommes? sinon distinguer entre les exposés des anciens; rétablir l’accord entre leurs discordances et déclarer ceci hautement, en termes précis Dans leurs écrits ils ont tous employé des mots vulgaires pour annoncer le sens caché de la science unique; tandis qu’ils ont composé les catalogues des espèces[187] en mots symboliques, distinguant, comme il leur était permis, les gens intelligents et les gens dépourvus de sens. Car l’intelligence n’est pas donnée à tout le monde, et tout le monde n’est pas capable d’entendre simplement la science; mais la plupart s’en moquent, alors qu’on leur fait entendre la vérité. 

3. Ainsi donc, nous aussi, guidés dans notre marche par le Panopolitain (Zosime), nous enseignerons, d’accord avec lui, ce qui touche les préceptes et la fabrication des eaux divines, ou plutôt de l’Eau divine : car il n’existe, ainsi que nous l’avons dit, qu’une seule eau générale, laquelle embrasse toute la fabrication. 

VI. iv. — QUEL EST LE TRAITEMENT DE L’EAU DIVINE 
EN GÉNÉRAL
L’eau qui figure dans les discours secrets de la science, ceux que ne connaissent pas les Égyptiens, c’est l’eau divine qui provient des cendres: c’est là l’eau de soufre de première distillation, obtenue par la décomposition et la montée (des vapeurs), et qui devient blanche, ou jaune, ou d’une autre couleur. 

VI. v. — FABRICATION DE L’EAU MYSTÉRIEUSE 
. L’eau blanche, ou jaune, ou d’une autre couleur 

Puis viennent 8 lignes de blanc dans M. Ensuite l’auteur expose de pures subtilités, que nous n’avons pas cru utile de traduire. 

2. Zosime l’a dit avec raison : « l’Eau (divine) est une et comprend deux unités, par le concours desquelles elle est composée ». L’oracle divin s’exprime ainsi:[188] « Faisons un homme à notre image et ressemblance », et l’écrivain ajoute: « il les fit mâle et femelle ». Il est impossible que, dans le nombre ou dans l’espèce, toute eau soit à la fois sulfureuse et bitumineuse, dérivée du natron, saline et potable: je parle des eaux qui se trouvent dans les (régions) sublunaires; je parle de l’eau qui coule perpétuellement dans les fleuves et les torrents, les lacs et les mers, les fontaines, les nuées. Une, quant au genre, elle est multiple quant à l’espèce, et elle comporte des différences en nombre infini. De même ici, l’eau distillée qui provient du traitement de l’œuf, tout en étant une par le genre, diffère par l’espèce, c’est-à-dire par la (couleur) : je veux dire qu’elle peut être blanche, ou noire, ou rouge. 

3. Hermès le vendangeur ne néglige pas de rougir les espèces blanches de sa grappe.[189] 

4. Voici ce que dit (Zosime) : « De même que le nombre se développe en se multipliant, de même chacune des eaux dont j’ai parlé ». 

5. La cendre restée dans la coupe, après purification et lavage, est mêlée, puis partagée en deux portions. On forme aussi les deux unités composées: celle qui sera réduite en ios, et celle qui lui sera mélangée ensuite; lesquelles concourant ensemble, lors du délaiement et de la décomposition, se fixent mutuellement au moment du mélange, et amènent le Tout à perfection. 

6. C’est pourquoi il est permis de dire que, d’une part, l’eau de l’abîme, celle qui provient de la fiole inférieure, est soumise à l’extraction; et que, d’autre part, les deux unités qui concourent ensemble, fournissent les deux parties de la composition, savoir : la partie non décomposée, laquelle est solide; et la partie décomposée, laquelle est liquide; (je parle de) celle qui est extraite de la marmite, lorsqu’on l’a fabriquée au moyen de l’appareil, après le temps marqué pour l’iosis. De là vient que la prophétesse hébraïque s’est écriée sans réticence: « Un devient deux, et deux deviennent trois, et au moyen du troisième, le quatrième accomplit l’unité; ainsi deux ne font plus qu’un.[190] » 

Vois comment (l’eau divine est) une quant au genre, et non quant à l’espèce, ou au nombre; en effet, de l’unité procèdent les nombres deux et trois, qui à leur tour se contractent en unité. C’est pourquoi aussi elle ajoute encore: « l’un » (etc.), réitérant sa déclaration. Zosime la suit en disant: « En effet toutes choses procèdent de l’unité et se rangent dans l’unité. Il a parlé d’abord de l’unité générale, il a terminé par l’unité numérique;[191] il voulait indiquer ainsi la fabrication parfaite de la poudre de projection. 

VI. vi. — LE CHRÉTIEN 
OBJECTION SUR CE QUE L’EAU DIVINE EST UNE PAR L’ESPÈCE. — SOLUTION
1. Quelques-uns assurent que l’eau (divine) est une par l’espèce, faisant intervenir Démocrite qui dit : « Une espèce unique produit l’action de plusieurs, attendu que la multiplicité procède de l’unité naturelle ». Et encore : « Une espèce unique, diversement traitée, aura des actions diverses. Nous leur répondrons que le Philosophe a eu raison d’écrire (cela); car son explication en cet endroit ne porte pas sur le Tout, mais à proprement parler et en réalité sur l’espèce unique. En effet les parties blanches des espèces que l’on fait monter au moyen d’un feu doux peuvent produire une eau (divine) blanche et blanchir leur propre résidu. Celui-ci, étant mis en réaction avec la cendre blanchie, et étant ensuite épuisé, devient susceptible de retenir la teinture. S’il est chauffé plus fortement, il produit une eau jaune propre au jaunissement; et le même résidu changé en ios fixe les teintures.[192] 

2. Par suite, on comprend comment Démocrite rejetait le feu violent pour l’œuvre du blanchiment, et disait : « il ne t’est pas utile pour le moment, car tu veux blanchir les corps...[193] » 

Coloré par l’orcanette et par le fucus, séparé en deux parties et changé en ios, (ce produit) teint la pourpre qui ne passe pas, ainsi que les perles. Mais s’il demeure blanc et sans teinture et s’il a subi l’iosis, alors il amollit, il dissout et fixe à l’aide de la chrysocolle, qui forme un grand ensemble en soudant plusieurs petits objets. Si l’on y ajoute des biles de poissons et d’autres animaux, il colore les perles, quand elles ont été desséchées.[194] De même le sang-dragon, ou quelque autre espèce, teint les pierres et verres, les cristaux, bien débarrassés de toute substance tinctoriale, ainsi que les émeraudes, les escarboucles et les autres espèces, placées dans un double creuset posé sur un feu de charbons, où elles sont chauffées jusqu’à ce qu’elles deviennent incandescentes et que, prises de soif, elles absorbent le liquide tinctorial, placé dans la bouteille où on les immerge. 

3. De même le jaune d’œuf,[195] selon l’intensité plus ou moins grande du feu qui chauffe les alambics, fournit une eau jaune, ou une eau blanche, et produit tous les effets dont on a parlé, avec plus de perfection et d’une manière plus durable. 

Ainsi donc, ce n’est pas sur l’eau en général que porte l’explication actuelle du Philosophe, mais sur une eau spéciale, lorsqu’il dit: En effet l’espèce unique diversement traitée... etc. » Zosime, louant les paroles de Démocrite, adressées aux jeunes gens, s’exprimait ainsi : « Que vous importe la matière multiple, étant donnée l’unité naturelle; je ne parle pas de celle de l’espèce, mais de celle de l’eau? » Cet auteur qui l’approuvait et qui voulait toujours marcher sur ses traces, comment aurait-il pu émettre des assertions contraires aux siennes, en disant : « je ne parle pas de celle de l’espèce »; tandis que Démocrite parlait : « de l’espèce unique » ? Il est évident que Démocrite comprenait par là l’espèce en général; tandis que Zosime exhortait les jeunes gens à s’écarter de l’espèce matérielle. 

VI. vii. — AUTRE OBJECTION 
ON VEUT MONTRER QUE L’EAU DE L’ABÎME EST UNE QUANT AU NOMBRE: NOUVELLE SOLUTION
1. D’autres disent que l’eau est complexe, étant formée de deux monades composées, au même titre que sont composées les choses naturelles ou artificielles, un navire, par exemple, et une maison. De même aussi le monde est un par le nombre, tout en étant composé de plusieurs choses. Voilà pourquoi Hermès dit que la multiplicité est appelée unité. On parle ainsi pour se conformer à cette explication donnée par lui: « Un par le nombre, il a une triple signification ». En effet on appelle un par le nombre un objet continu, par exemple un madrier de 12 coudées; il est un en acte, par la continuité des parties, et cependant multiple en puissance, attendu qu’il est divisible à l’infini. Il y a unité par le nombre, quand il y a homonymie, comme lorsqu’on dit : le chien céleste, le chien marin, le chien terrestre; car tous trois ont une dénomination unique. Leur nom est un par le nombre. Il y a aussi (l’unité) simple et ne comportant pas l’accouplement, comme (par exemple) un esprit, une âme, un ange. 

2. Ainsi l’eau très divine de l’art, celle qui est appelée « Eau de l’abîme » par le maître, est une, quant à la continuité, et cependant composée de deux monades, et non simple. Hermès ne l’ignorait pas, quand il disait que, tout en étant multiple, elle est dite une; attendu qu’elle peut être divisée en plusieurs quant à l’espèce et quant au nombre, ainsi qu’il arrive pour l’unité de l’univers. Nous ne devons pas manquer de suivre ces opinions contraires, nous qui voulons apprendre la vérité cachée au moyen des symboles, et non au moyen des fables. En effet il n’est pas possible à la même eau d’être à la fois jaune, blanche et noire; pas plus qu’il n’est possible au même homme d’être à la fois blanc, noir, gris ou d’une autre couleur. 

Le § 3 continue à développer ces subtilités. 

VI. viii. — RÉSUMÉ DU CHRÉTIEN 
QUELLE EST LA RAISON D’ÊTRE DU PRÉSENT TRAITÉ
L’exposé de la science divine vous a été fait à plusieurs reprises et avec développement, dans les études précédentes; parce qu’il est difficile à la plupart des hommes de se rendre maitre de cette philosophie précieuse et excellente; les anciens et les hommes de sens l’ont rassemblée sous une seule et même dénomination, sous laquelle il s’agit de découvrir la chose désirée. 

Mais les règles des anciens savants sont difficiles à entendre, parce que la vraie nature est (voilée sous des symboles) tirés des œufs d’oie et (d’autres) oiseaux domestiques.[196] 

VI. ix. — DIVISION DE LA MATIÈRE 
DE LA DIVISION DE LA MATIÈRE EN QUATRE PARTIES RÉSULTENT DIVERSES CLASSES DE FABRICATION, LEURS PARTIES ÉTANT TANTÔT SÉPARÉES, TANTÔT COMBINÉES ENTRE ELLES
1. L’ornithogonie (génération de l’œuf) est divisée en quatre parties, je veux dire la coquille et l’hymen, le blanc et le jaune, et l’on a établi avec raison diverses classes, tant générales que spéciales. Dès le début, on traite séparément des liquides provenant des solides, par la fabrication des eaux au moyen des alambics. Ensuite on s’occupe de leur union dans le mortier; puis de nouveau, de la séparation (des matières) dans les lavages, jusqu’à ce que soit dissipée, d’après Démocrite, la coloration noire de l’antimoine. Après cela, vient la distinction des parties; c’est alors que toute la préparation est partagée en deux. Mais il ne s’agit pas de la séparation en ses composants primitifs; car cela n’est plus possible après la combinaison formée par l’iosis emplastique et le mélange intime et réciproque. 

2. Ensuite la (première) moitié de la préparation est associée avec divers liquides, dans la proportion d’une cotyle pour une once; ce qui produit ce qu’on appelle la liqueur d’or, la liqueur d’argent, ou l’efflorescence noire. Tandis que l’autre moitié, mélangée avec les matières qui ont été broyées jusqu’au dernier degré d’atténuation, réalise le produit cherché. C’est ainsi que se manifestent les branches de l’art qui résultent de ces divisions et les parties de la matière, mises en harmonie par une loi nécessaire. 

VI. x. — COMBIEN Y A-T-IL DE VARIÉTÉS DE FABRICATION 
EN PARTICULIER ET EN GÉNÉRAL?
1. La matière comporte quatre parties, comme nous l’avons dit. Parmi les classes, les unes comprennent toutes ces parties; les autres, en comprennent trois, d’autres deux seulement; d’autres (enfin) une seule. Dans le nombre, les unes embrassent ce qui se prépare avec l’eau, comme lorsqu’il s’agit du fer liquide éteint dans l’eau (trempe du fer?). Les autres comprennent les matières sèches: tel est le cas des (poudres) sèches médicinales. D’autres sont de nature composée, comme il arrive pour les classes des matières ramollies, telles que les emplâtres, les onguents et (généralement toutes) les couleurs employées en peinture. 

Les unes comprennent (encore) les espèces cuites au feu, ou passées à l’alambic, ou soumises à l’action du feu de toute autre manière, ainsi que les espèces complètement délayées sans le secours du feu, ou bien épuisées par l’action de l’eau; ou bien celles qui se sont déposées dans des lieux froids après leur épuisement; ou bien encore (les produits obtenus) lorsque la matière est délayée par action mutuelle, puis desséchée en la soumettant à l’action du feu, avec la chrysocolle;[197] ou bien encore lorsqu’elle est macérée en un certain endroit, décomposée à plusieurs reprises, distillée au moyen d’un appareil (plongé) dans le crottin de cheval : de cette façon elle n’est pas séparée subitement par l’action du feu, et elle n’en subit pas le contact direct. 

2. Or donc, il y a 9 classes générales (de traitement), provenant du tout : 3 classes, sans le secours du feu, accomplissent la préparation tout entière, qu’elle soit sèche, ou liquide, ou dans un état distinct de ces deux-là; 3 classes, avec le secours du feu, effectuent la préparation, qu’elle soit sèche, ou liquide, ou intermédiaire; 3 classes procèdent par voie mixte, pour obtenir une préparation sèche, ou liquide, ou autre. 

3. Si l’on ne fait intervenir que trois parties de la matière,[198] on voit qu’il y a 36 classes générales de fabrication, effectuées au moyen des espèces crues ou cuites, ou prises dans un état intermédiaire. 

En effet celles des classes que l’on traite sans faire intervenir les jaunes d’œuf,[199] sont au nombre de g. Sans le secours du feu, on accomplit 3 classes de préparations liquides, sèches, ou intermédiaires. Avec le secours du feu, on accomplit aussi trois préparations la liquide, la sèche, ou l’intermédiaire ; enfin par une action mixte : 3 classes pareillement. 

4. Il y a également 9 (classes) dans lesquelles on ne fait pas intervenir les blancs (d’œuf), savoir sans le secours du feu, 3 classes de compositions sèches, liquides, ou intermédiaires; avec le concours du feu, semblablement 3 classes ; enfin, 3 autres classes obtenues par une action mixte. 

5. Lorsque les parties sont traitées sans faire intervenir les membranes (de l’œuf), il naît de là semblablement 9 classes de fabrications générales 3 sans le secours du feu, savoir la préparation liquide, la préparation sèche, ou l’intermédiaire; 3 avec le concours du feu ainsi qu’on l’a dit, et 3 par une action mixte. 

6. Lorsque les espèces sont traitées sans faire intervenir les coquilles (de l’œuf), tu trouves 9 autres variétés de préparations sèches, ou liquides, ou intermédiaires, suivant qu’elles sont crues, cuites, ou intermédiaires. De telle sorte que ces classes de traitements sont en tout au nombre de 36. 

7. Quant aux variétés générales de classes provenant de deux parties de la matière réunies, on en trouve 54; savoir : 9 provenant de la coquille et des membranes réunies; 3 préparées au moyen du feu, 3 sans le feu, et 3 par un procédé mixte ce qui fournit des compositions liquides, sèches, ou intermédiaires. Semblablement, 9 classes avec les produits provenant du blanc et du jaune, comme on l’a dit à plusieurs reprises; semblablement, 9 classes provenant de la coquille et du blanc (réunis), suivant la recette indiquée; 9 provenant des membranes et des jaunes; et semblablement encore 9 provenant de la coquille et des jaunes; 9 pareillement, provenant des membranes et des blancs. Les traitements généraux provenant de deux parties réunies de l’œuf sont donc en tout au nombre de 54. 

8. Les traitements généraux provenant d’une seule partie de l’œuf sont au nombre de 36: pour chacune de ces parties, il y a 3 traitements avec le feu; 3 sans feu; 3 par voie mixte : ce qui engendre une préparation sèche, liquide, ou intermédiaire, laquelle se trouve ainsi (provenir) des seules coquilles, ou des (seules) membranes, ou des (seuls) blancs, ou des (seuls) jaunes. 

Conserve la composition à l’état liquide, sans la colorer avant la fin; lave dans l’eau, au moment de la teinture, enduis de nouveau les objets et les lames d’argent et de cuivre. Après avoir soumis au feu, fais pénétrer la préparation, ainsi que Zosime l’a exposé dans le discours sur l’eau divine. Nous avons mentionné tout cela ou à peu près dans nos études précédentes; seulement, que ce soit pour toi un précepte universel pour toute substance dérivée du soufre apyre, corps naturellement solide; il faut la taire macérer préalablement au soleil et la laver dans du lait, sans y ajouter d’espèces solides ou liquides. Il faut éviter surtout de recourir à une chaleur immodérée pour produire l’iosis. Il faut que toute l’eau éprouve la réaction et qu’elle s’unisse avec (la matière) non décomposée, soit que (la composition) se trouve dans l’état liquide, ou bien au contraire dans l’état sec, ou dans un état intermédiaire. 

9. Ainsi donc les seules classes de la fabrication dont nous ayons parlé sont démontrées être au nombre de 135.[200] Les procédés dans lesquels on emploie l’œuf entier, sont au nombre de, suivant que l’on opère par le feu seul, sans le feu, ou par voie mixte; de façon à obtenir une préparation sèche, liquide, ou intermédiaire. Quant aux autres procédés spéciaux, (dans lesquels on n’emploie pas l’œuf entier), ils sont au nombre de 126, et il est impossible d’en trouver davantage. En effet, si l’on cherche à trouver d’autres genres ou espèces de fabrication, en dehors des précédents, on ne pourra sortir des genres et des espèces que nous faisons connaître en ce moment. Alors même que tu t’apercevrais que ces classes comportent des variétés en nombre infini, tu ne seras nullement pris de vertige, si tu reconnais à quel genre ou à quelle espèce elles appartiennent. En effet, les opérations sont indivisibles : lors même qu’il se trouve mille substances analogues (susceptibles d’être substituées les unes aux autres), cela ne fait aucune opération nouvelle. De même que pour chaque espèce, il existe un grand nombre de variétés particulières; de même dans le cas de cette belle philosophie. C’est là un fait connu d’ailleurs de tous ceux qui philosophent sur ces sujets: la science de la matière (en général) est unique quant à son objet. Si les maîtres lui donnent des noms divers, suivant la variété des matières (spéciales), c’est pour exercer nos esprits[201] et parce qu’ils ont pris l’habitude de la dénommer en raison de la variété des traitements et des matières spéciales. Mais en réalité le traitement est unique quant à l’espèce. 

C’est ainsi que l’auteur vigilant et attentif, pareil à l’abeille, recueillant son butin dans nos écrits et dans ceux des hommes éminents d’autrefois, vaincra méthodiquement la pauvreté, ce mal incurable:[202] nous aussi, nous nous sommes efforcé de nous conformer aux écrits des savants, nos devanciers 

VI. xi. — RELATION ENTRE LES DIVISIONS DE LA SCIENCE ET LES FIGURES GÉOMÉTRIQUES
La cause matérielle[203] des résultats de la science se divise en quatre parties, savoir : la première, la partie qui concerne la coquille de l’œuf; la seconde, la partie qui concerne les membranes; la troisième, la partie qui concerne le blanc; la quatrième, la partie qui concerne la partie jaune, c’est-à-dire le jaune d’œuf. 

Supposons des figures décrites sur une surface plane, nous représenterons les traitements provenant du Tout, par un carré. 

Les (traitements effectués) avec trois parties, on les représente par un triangle, les éléments répondant aux angles de diverse façon, suivant les diverses fabrications. 

Les (traitements effectués avec deux parties seulement), nous les représenterons par des demi-cercles fermés par un diamètre, avec un rayon perpendiculaire, représentant la descente des éléments les plus élevés.[204] 

Quant aux classes formées avec une seule partie, c’est à proprement parler le (cercle) seul, décrit en tant que résultant d’une ligne unique. 

Si, d’une part, on opère par le feu seulement, on obtient un système pyramidal,[205] qui caractérise les classes de préparations faites au moyen du feu. 

Si, d’autre part, (on opère) sans le secours du feu, on aura une figure octaédrique, laquelle répond à l’air; et, par sa partie centrale, elle répond à l’eau et à l’air. Voici ces figures.[206] 

VI. xii. — QUELLE EST LA CLASSE EXPOSÉE DANS LES ÉCRITS SECRETS DES ANCIENS
1. Ici commence le traitement exact, originaire des sanctuaires.[207] Prenant la matière engendrée par les oiseaux (l’œuf), intacte, immaculée, sans tache, partage-la comme pour les ragoûts; car dans beaucoup de (cas) l’art culinaire nous est utile.[208] Ensuite, mets dans deux marmites chacun des liquides; opère l’épuisement au moyen des appareils à mamelon, jusqu’à ce que la vapeur ne monte plus. Toute la partie qui est laissée à l’intérieur des matras devient noire, inanimée, morte, c’est-à-dire privée d’esprit (caput mortuum). 

2. Cela a été surtout expliqué d’une façon détournée; de crainte qu’un exposé trop clair ne permît aux gens jaloux de réussir sans le concours de l’écrit. Voilà pourquoi ils ont décrit (l’œuvre) à leurs auditeurs sous des dénominations et des formes multiples;[209] ils ont exposé le travail de classes innombrables, quoique la matière soit à proprement parler (toujours) la même et que l’opération soit unique; ils voulaient exercer les esprits des jeunes gens, afin qu’ils amenassent à la vie les résidus et les semences de cette (matière). Mais ceux qui avaient un raisonnement terre à terre et qui se traînaient sur les textes, s’imaginaient avoir compris les écrits des anciens et, par là, ils tombaient dans l’égarement au sujet de la matière. Animés d’un sentiment plus bienveillant, les maîtres venus depuis ont présenté aux autres la science tout entière, comme consistant en une seule matière[210] et une seule manipulation; ils n’en ont pas fait mystère par jalousie. De ce nombre sont Pétasius et Synésius, ces hommes merveilleux. En effet, l’un, faisant mention opportune de l’arsenic seul, en expose les traitements de diverses manières; il en indique exactement les mesures et les combinaisons, afin de démontrer clairement la chose à tous les naturalistes. Il s’accorde avec les philosophes qui s’écrient: « La nature jouit de la nature et la nature triomphe de la nature ». L’autre, au moyen de la rhubarbe du Pont,[211] a montré que les fabrications les plus faciles[212] des eaux sont les seules opérations maîtresses de la vraie science. 

3. Quoique les méthodes de ces auteurs soient estimées à cause de leur clarté; cependant ils abrégeaient et voilaient ce qui concerne la matière, mettant ainsi en peine leurs auditeurs. En effet, comment ceux-ci auraient-ils pu comprendre que l’arsenic ou la rhubarbe du Pont donnassent lieu à de telles déclarations, tandis que l’œuf accomplit le Tout, ainsi que nous l’avons montré en détail dans un exposé dogmatique? 

4. L’un (de ces deux auteurs), sous le nom de l’arsenic, a voulu faire entendre par énigmes la virilité,[213] et, sous le nom du (corps) apte à retenir (la teinture), le cuivre et le métal doué de l’éclat de l’or. L’autre, sous le nom de rhubarbe du Pont, a désigné l’eau fixatrice et féconde de l’art. En effet, la mer[214] se précipite, et avec elle la foule des poissons et l’agglomération des barbares; tandis que le cuivre est une chose meurtrière : Il détruit les gens inexpérimentés qui s’approchent de lui. De là vient aussi qu’il est efficace pour endormir la vie, lorsqu’on en prend une dose égale à la grosseur de la lentille ou du sésame, d’après ce que disent les anciens. 

5. Pour éviter que l’art manque d’expérience et paraisse insaisissable de tout point à tout le monde, tandis qu’il existe au contraire, avec son développement véritable et conforme à l’expérience, nous avons été conduit à l’exposer, en tirant parti des explications de ceux-là, et compulsant les travaux de ceux-ci. Voulant par philanthropie (écarter) l’obscurité du sujet, nous avons décrit la matière authentique et, nous l’avons médicamentée par plusieurs manipulations; les gens sensés qui les liront verront que la vérité est présentée dans toutes, sans s’écarter du but. En effet, elles décrivent, suivant une seule et même méthode, le noircissement et le blanchiment, le jaunissement et l’iosis, ainsi que le partage de la composition et l’union du Tout, opérations sans lesquelles il est impossible de produire rien d’utile. 

6. Seulement, pour ne pas nous mettre nous aussi dans le même cas que ceux qui opèrent sans expérience, en exposant une quantité infinie de fabrications, et pour ne pas encourir les mêmes reproches, nous présenterons dans le traité le résumé de toutes les opérations, en exposant les plus générales d’entre elles.[215] Par cette description, on pourra reconnaître aussi la vérité des opérations spéciales; nous procéderons habituellement par divisions, pour plus de clarté. Celui qui rejetterait une telle méthode, n’aurait pas lieu de s’en vanter, ainsi qu’il résulte de l’opinion du savant Platon et de la vérité. Cette méthode manifeste à la fois la vérité et l’erreur: les parties faibles sont placées à côté des parties certaines, afin de ne rien omettre. 

7. Après avoir exposé les classes conformément à notre division, et par démonstration graphique, dans un discours ordonné, nous vous présenterons à vous et aux gens intelligents, des (notions) exactes, mettant en lumière la fabrication des âmes, d’après les procédés contenus dans les sanctuaires et les dépôts sacrés. Les (classes) en nombre infini, nous les grouperons d’après l’identité des espèces; les espèces, nous les réunirons par genres; nous les dériverons des jaunes d’œuf; c’est là ce que les écrivains en cet art nomment spodios.[216] 

8. Jetant cette scorie dans un mortier, broie fortement et, après avoir fait fondre, lave dans les eaux de mer blanches, jusqu’à ce qu’ait disparu la couleur noire de l’ios du cuivre.[217] Tel est le premier blanchiment et la décoloration des espèces; de cette façon elles deviennent aptes à recevoir les couleurs. C’est ainsi que l’on fait fondre le lachium, que les gens du métier appellent lachas (je veux parler des teinturiers en bleu). Ainsi donc lorsqu’on opère régulièrement, au moyen du natron et de la chaleur, le produit rejette toute son espèce sanguinolente. Il est fortement délayé dans une barre d’Ascalon,[218] avec les mains, comme pour le lavage des graines légumineuses. Devenu blanc, ou plutôt dépourvu de couleur, il est alors étiré,[219] battu avec des marteaux sur des pierres meulières fixées en terre. On le retourne de temps en temps, ainsi que le morceau de bois dans lequel il a été encastré, après avoir été chauffé au préalable. Ensuite il est coloré par l’action d’une matière tinctoriale, et alors il est martelé, de peur qu’après refroidissement il ne cesse d’être malléable, et ne fasse désespérer des teintures. En effet, les coups répétés et continuels des jeunes hommes qui le battent, l’amollissent, de façon à y faire pénétrer les couleurs, quand il reçoit la colophane qui (les) retient, ainsi que la colle. 

9. De même aussi ce cuivre si réputé sera délayé avec la chrysocolle dans les eaux marines, de la façon que nous avons souvent expliquée, ou bien dans les urines de grues, ou bien dans les rosées célestes: car toutes les (matières susdites sont la même chose, et ont la même efficacité, celle de détruire le noir développé) par l’action mortifiante du feu. Le métal devient par là apte à recevoir les couleurs de l’art, après qu’on l’a dépouillé de mût élément liquide, en le blanchissant d’abord dans un mortier avec des eaux blanches : qu’il s’agisse de la génération de l’asèm, ou des perles, ou des pierres précieuses. ou de la pourpre.[220] Le produit est jauni après le blanchiment, pour la génération de l’or, la production de la couleur rouge et la teinture des peaux. Il reçoit l’espèce de la couleur pourpre après le blanchiment, quand il s’agit de la pourpre royale, provenant du fucus et de l’orcanette. 

10. En général, indépendamment du noircissement, c’est-à-dire de la coloration en noir d’ébène, lorsqu’on veut obtenir toute sorte de couleur, préparer la poudre de projection et la composition (cherchée), la scorie est lavée avec des eaux de même nature. On tient la matière blanche dans la chrysocolle,[221] au sein d’un bain, ou bien en employant tout autre mode d’échauffement inoffensif. On lave bien, jusqu’à ce que cesse de surnager au-dessus des eaux, la matière noire que l’on appelle aussi grau (pellicule ?).[222] Tout ce qui ressemble à la cendre étant une fois enlevé, tu auras de l’étain purifié.[223] Dès que la matière noire ne monte plus, fais sécher au soleil la composition; broie dans un mortier et colore avec des eaux blanches : il se forme ainsi un rayon de miel extrêmement blanc, comme le dit Hermès Trismégiste.[224] 

C’est alors qu’il dit: La composition est dirigée de façon à obtenir l’asèm; on la partage en deux portions: l’une est traitée par plusieurs eaux dans les appareils et mercurifiée; l’autre est gardée exempte de toute réaction ; on y délaie l’eau transformée et il se forme de la poudre de projection, celle qui est cherchée depuis des siècles. 

11. Si l’on veut poursuivre la fabrication de l’or, après avoir blanchi préalablement les (matières) sur lesquelles on a précédemment opéré un partage, on jaunit, en ajoutant des eaux jaune, et l’on fabrique une poudre jaune, suivant l’opinion d’Hermès, en partageant ce produit en deux portions « laisse au fond et c’est produit[225] ». 

Cette (préparation) étant devenue ios, fais-la monter au moyen de l’appareil; mélange avec la matière non décomposée et tu auras la parfaite poudre de projection. 

Au sujet des perles, il est dit : Mettant de l’eau blanche avec de l’eau blanche, tu amollis dans des vases de verre, en opérant sur de petites perles,[226] ou sur de l’aphrosélinon, ou sur toute autre matière analogue. Lutant à l’entour et garnissant de suif les jointures, dépose dans du crottin de cheval, ou emploie quelque autre mode de chauffage semblable, jusqu’à ce que la pierre soit complètement dissoute. Elle est de nouveau durcie dans la même eau, en l’exposant au soleil pendant les chaleurs caniculaires. 

Au sujet des pierres, il est dit Prends telle couleur tinctoriale que tu veux, unis-la à l’eau en même temps que l’ios de cuivre, en proportion convenable, et fais chauffer au soleil. Tu amolliras dans le bain tinctorial et tu teindras D. 

Au sujet de la pourpre et des autres colorations On met de l’orcanette et du fucus dans les eaux blanches, provenant des matières blanches. Lorsqu’elles ont pris la couleur, partage en deux portions et tu feras de l’ios, en même temps que de la poudre de projection. En effet tout ios de cuivre tire son origine des (matières) solides et liquides. Mélange avec d’autres eaux de même couleur, et tu teindras ». 

VI. xiii. — LE PHILOSOPHE ANONYME SUR L’EAU DIVINE DU BLANCHIMENT[227]
1. Le premier mode de macération, c’est celui de l’eau divine du blanchiment;[228] autant qu’il en est besoin, on va l’expliquer. En effet un excès de liquide fait couler le produit; tandis qu’une quantité insuffisante ne permet pas d’accomplir l’opération. Ainsi il faut ajouter les liquides, autant qu’il est nécessaire pour effectuer la composition et ne pas laisser celle-ci couler, ni demeurer confondue (avec le liquide). 

2. Le second mode de macération doit être réglé, de façon à obtenir une parfaite dilution et purification. De même que les vêtements crasseux sont lavés jusqu’à ce qu’ils ne perdent plus de crasse, mais que les mousses (de l’eau de savon) s’écoulent pur de même aussi notre composition est lavée jusqu’à ce que l’eau n’entraîne plus de crasse. En effet il lui arrive naturellement d’être encrassée, par suite de la pénétration à l’intérieur du métal de la portion superficielle, devenue plus terreuse et plus épaisse après qu’elle a été extraite, raréfiée et expulsée de la masse par la chaleur du feu; par suite, la surface se trouve ainsi encrassée. On lave donc jusqu’à ce que la crasse soit entièrement nettoyée. 

3. Le troisième mode d’opération est réglé comme il suit: on délaie les œufs dans l’eau et on les met dans un matras. La composition ainsi délayée et formée par macération, est reprise après le lavage, dans un matras surmonté d’un second récipient de verre;[229] elle est alors agglomérée en forme de boule et on l’abandonne à elle-même pendant 6 heures, en veillant à ce qu’il n’y ait pas de fumée. C’est pourquoi le siège de l’opération est établi dans un lieu bien éclairé, afin que la vue de la fumée ne puisse échapper. Or cet appareil est en forme de tube, droit et double. Par en bas on souffle sur les charbons, tandis que par en haut on reçoit la composition dans le double récipient; par le milieu elle est rafraîchie, afin d’éviter qu’elle ne soit brûlée.[230] Tout d’abord, en nous levant de bon matin, nous étendons la durée du délaiement jusqu’à 6 heures; puis nous lavons; on fait cuire pendant 6 autres heures. On laisse refroidir tout autour, pendant la nuit et jusqu’au matin. Ainsi s’explique ce que disait Hermès: « Toutes les matières que tu peux faire macérer, lave-les aussi, et laisses-les déposer dans des vases; tout ce que tu peux faire, fais-le ». 

4. Ainsi on fait macérer avec l’aide des courants liquides, pendant les lavages, et on fait déposer, en laissant encore refroidir durant l’opération. 

Par le chaud et le froid, nous voulons parler de la vie et de l’action du feu. De même que la génération de l’oiseau s’accomplit par l’effet de la chaleur, agissant sur le jaune de l’œuf, et que celui-ci est transformé au moyen du froid provenant du blanc; de même aussi cette composition (c’est ce que nous appelons l’œuf des philosophes), est engendrée en vertu de la chaleur qui réside dans le jaune; par suite du mélange et de la coopération (de ses diverses parties), elle prend consistance; et elle est transformée par le froid qui réside dans le blanc et dans le souffle aérien. 

Il ne faut pas ignorer que lors du mélange, le corps solide et jaune a été précédemment envisagé comme chaud; tandis qu’on assimile au froid ce blanc sans fixité, qui est tiré du plomb et du métal étésien. Ceci s’applique aussi à l’échauffement et au refroidissement alternatifs, résultant de la succession des jours et des nuits. 

5. Vois de quelle philosophie est rempli le présent travail; avec quelle circonspection théorique et philosophique toutes choses sont produites rien n’est fabriqué à la légère et avec dédain. (En effet) Dieu aime celui qui vit avec sagesse. La négligence est condamnée par l’Écriture inspirée de Dieu; l’homme présomptueux et dédaigneux ne viendra à bout de rien.[231] 

Après avoir décrit ces choses comme conformes à notre souvenir, maintenant nous les mettons sous notre sceau, glorifiant, remerciant et bénissant Dieu qui, dans sa sagesse, s’est plu à faire toutes choses sagement, et qui nous a donné de comprendre ces matières; ce Dieu en qui l’on adore le Père, le Fils et le Saint-Esprit; celui qui reçoit un culte de toute sa création, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles; ainsi soit-il.[232] 

VI. xiv. — DU MÊME PHILOSOPHE ANONYME: 
(DISCOURS) SUR LA PRATIQUE DE LA CHRYSOPÉE, DÉVELOPPÉ AVEC L’AIDE DE DIEU[233]
1. Nous nous sommes étendu précédemment sur les considérations théoriques relatives à la Chrysopée,[234] et nous allons en signaler les coryphées. Le premier, Hermès, appelé Trismégiste, nous est donné comme ayant reçu cette dénomination parce que la présente fabrication comprend les trois puissances de l’acte,[235] en observant aussi, en dehors de l’acte, les trois essences distinctes des êtres. Celui-ci est le premier qui ait écrit sur le grand mystère ; il eut pour disciple Jean, devenu archiprêtre en Sainteté (Évagie) de la Tuthie et des sanctuaires qu’elle renferme.[236] 

Après celui-ci vint, en troisième lieu, Démocrite, célèbre philosophe d’Abdère, supérieur aux prophètes ses devanciers. 

On cite ensuite le très savant Zosime. 

Voici (maintenant) les fameux philosophes œcuméniques, les commentateurs de Platon et d’Aristote:[237] Olympiodore et Stephanus;[238] ils ont approfondi encore davantage ce qui concerne la Chrysopée; ils ont composé de vastes commentaires, dignes des plus grands éloges, donnant des règles assurées pour la fabrication du mystère. 

2. Quant à nous, après avoir lu leurs très savants livres,[239] et les avoir éprouvés par l’expérience et la pratique, nous nous rappellerons que leur exposition repose sur l’intelligence de ce qui existe, et qu’elle est nécessaire et véridique. 

Ils ont révélé la fabrication du molybdasèm, au moyen du molybdochalque;[240] étant tous tombés d’accord dans leurs descriptions officielles, relatives au molybdochalque. C’est ainsi que, d’après l’expérience, la pratique et les distinctions relatives à la matière, nous avons fait un commentaire; nous étant imposé cette règle,[241] de nous abstenir de toutes les substances qui ont le pouvoir de brûler, par l’action du feu et du soufre; de même, du mélange trop violent de tous les agents arsénicaux, qui causent des dommages de toute sorte et amènent l’insuccès. Mais il convient d’avoir recours à toutes les choses qui possèdent la puissance liquide et d’opérer par le mélange et l’action assimilatrice des éléments, avec le concours du plomb mélangé. Ce mélange est ce que nous appelons, nous, l’union des substances. On la réalise d’abord au moyen du creuset; puis on pétrit et on lave. C’est ainsi qu’on donne comme étymologie du mot magnésie,[242] ce fait qu’elle résulte du mélange et du pétrissage, lequel a confondu en une substance et une existence uniques les composants du mélange. Or le pétrissage du Tout, celui de toute substance[243] s’opère au moyen des liquides et dans les liquides ; les matières lavées sont pétries, comme on fait pour la pâte limoneuse et pour les étoffes de lin ou de soie que l’on veut blanchir.[244] 

3. Voilà aussi pourquoi le célèbre Olympiodore, dans sa grande Exposition, a écrit que le mystère de la Chrysopée réside dans les liquides.[245] Il en fournit mille exemples[246] et représentations typiques, au moyen des courants, des écoulements et des flux, des effluves et des lavages, de ce qu’on nomme macération et purification. (Les vrais auteurs) décrivent[247] le traitement qui accomplit le mystère. Ils reviennent sur cette pensée unique que les substances deviennent l’ios d’or; ils disent que celui qui fabrique de l’ios fait (de l’or), tandis que celui qui ne fabrique pas d’ios ne fait rien. En effet, les substances primitivement compactes deviennent atténuées et spirituelles, étant transformées en matières ténues et transmutées, par suite de leur imprégnation réciproque et de leur fixation commune. Étant ainsi mélangées et imprégnées entre elles, elles se détruisent elles-mêmes et se régénèrent de nouveau. Ainsi Démocrite, s’adressant à nous autant qu’au roi, dit: « Sache, ô roi; sachons aussi, nous autres, prêtres et prophètes, que si l’on n’apprend pas à connaître les substances,[248] et si l’on ne mélange pas les substances, er que l’on ne connaisse pas les espèces; si l’on ne combine pas les genres avec les genres, on travaille en pure perte et l’on se fatigue pour un résultat sans profit. Car les natures jouissent les unes des autres ; elles sont charmées les unes par les autres ; elles se détruisent les unes les autres; elles se transforment les unes les autres, et de nouveau elles s’engendrent les unes les autres s. 

Les §§ 4, 5, 6 sont de pures subtilités, que l’on n’a pas cru utile de traduire. Le dernier se termine par ces mots 

6. ……………. Il faut apprendre d’abord à connaître les natures, les genres, les espèces, les affinités, les sympathies, les antipathies, les mélanges, les extractions, les amitiés, les haines, les aversions et tous les analogues, et de cette façon arriver à la composition proposée; ainsi que le dit Démocrite, en récapitulant ces points. 

7. En effet il ne faut pas ignorer que c’est par l’effet d’une sympathie naturelle que la pierre magnétique attire le fer; tandis que, par l’effet d’une antipathie, l’ail frotté contre l’aimant le soustrait à cette action naturelle. Il y a mélange de l’eau versée dans du vin; mais séparation de l’huile versée dans de l’eau: les matières qui ont une sympathie naturelle se réunissent, tandis qu’il y a séparation entre les matières antipathiques. 

Il n’a pas paru utile de traduire les 8 à 14, qui sont des subtilités byzantines. 

A et K reproduisent ensuite le traité de Zosime sur la Vertu et l’Interprétation III, vi. 

VI. xv. — LE PHILOSOPHE ANONYME 
LA MUSIQUE ET LA CHIMIE[249]
1. L’œuf est composé par nature de quatre parties, étant formé des parties susdites.[250] Or toutes les variétés de fabrications générales sont au nombre de 135;[251] et il n’est pas possible d’en trouver un nombre plus grand ou plus petit que celui-ci. Il s’agit des genres et des espèces de la matière unique et véritable, décrite dans les (ou 5) livres[252] précieux qui embrassent la science, (c’est-à-dire) l’argent, l’or, les perles, les pierres et la pourpre.[253] Or il existe plusieurs voies spéciales,[254] pour ceux qui poursuivent [l’art]: les unes méthodiques, les autres non méthodiques. Parmi eux quelques-uns ont donné des descriptions que nous reproduirons; tandis que d’autres manquent de tradition et d’expérience; nous écarterons cette inexpérience et ces opinions individuelles. 

2. Il en est de notre science comme de la musique. Les rangées musicales les plus générales étant au nombre de quatre,[255] la 1re , la 2e , la 3e et la 4e , il s’en forme 24 autres, différant par les espèces, celles-ci (au nombre de six) appelées centrales, égales, plagales, pures, non-tonales (et détonnantes). Il est impossible de constituer autrement les mélodies qui sont indéfinies quant à leurs parties, telles que celles des hymnes, ou des offices, ou des révélations, ou de toute autre branche de la science sacrée, comme par exemple de l’écoulement (?), ou de la phthora (modulation, ou d’autres affections musicales. De même ici (en chimie), il y a lieu de définir ce qui est possible, quand il s’agit de la matière unique, véritable et fondamentale, (savoir) la fabrication du produit des oiseaux.[256] 

3. Tout ce qui est exécuté sur la flûte et ce qui l’est sur la cithare est composé, soit des quatre rangées, soit de trois, soit de deux seulement, soit d’une seule. Lorsque la composition est obtenue avec trois rangées, elle comprend nécessairement la 1re, la 2e et la 3e rangées; ou la 2e, la 4e et la 1re ou bien la 4e, la 1re et la 3e.[257] Lorsque le chant est composé avec deux (rangées), (il l’est) forcément de la 1re et de la 2e ou de la 2e et de la 3e; ou de la 3e et de la 4e; ou de la 4e et de la 1re; ou de la 1re et de la 3e; ou de la 2e et de la 4e. Et lorsque (le chant) est composé avec une) rangée seulement, il l’est incontestablement, ou de la 1re, ou de la 2e, ou de la 3e, ou de la 4e; et il est impossible[258] qu’il se forme dans d’autres conditions avec l’une des branches: il n’y a rien au delà. C’est de la nième façon qu’il faut raisonner ici, quand il s’agit de notre science, et il faut nécessairement s’attendre à ne pouvoir atteindre le but, si l’on s’écarte des règles. 

4. De la même manière que, dans les (matières) musicales, on voit que le chant est incorrect et inexact, sien commençant par la 1re rangée on court consécutivement sur la 3e ou au delà, et inversement; ou bien si l’on va au hasard de la 2e à la 4e, et réciproprement; ou bien si, négligeant l’alternance des tons plagaux et des tenues, (on passe) du ton pur au central, ou du 1er central au 2e, au 3e ou au 4e central, ou d’un ton égal à un (autre) égal, ou d’un plagal à un (autre) plagal, ou d’un non-tonal à un autre pareil, ou d’un détonant au précédent, ou bien au 3e (ton), ou bien à quelqu’un des autres, (ou) inversement.[259] Car sur tous ces points et leurs analogues, il y a une grande distinction (à faire); et il se rencontre des hauts et des bas, des altérations et des mortifications, ou toute autre faute de cette sorte. 

5. C’est pourquoi les maîtres en cette science ont dit que les (sons) propres à un ton) surpassent les (sons) propres (à un autre ton) pour chaque rangée des centraux proprement dits; de même le central du milieu pour les sons purs situés au delà du central qui vient après; de même le 3e (surpasse) le 2e, et le 3e (surpasse) le 4e. Celui qui rend très grandes et irrégulières les entrées et les sorties des rangées dans les chants excite un rire excessif, parce qu’il produit les effets susdits. Il est (surtout) critiqué à bon droit par les savants, par ceux qui nous instruisent clairement dans leurs discours sur les effets (mélodiques). 

De même[260] ici (en chimie), il faut se garder de l’irrégularité dans toutes les questions susdites; car si (l’on) s’occupe du noircissement, du blanchiment des coquilles (d’œuf), de l’iosis des jaunes (d’œuf), ou de toute, autre partie du traitement, sans marcher pas à pas; ou bien, si, au lieu de procéder au blanchiment en 1er lieu, en 2e lieu ou en 3e lieu, en opérant sur les parties ou sur le tout; si (disons-nous) l’on commence par l’iosis des parties séparées, ou brouillées ensemble; ou bien encore si l’on débute par les coquilles, et si l’on passe subitement au jaune; ou bien si, négligeant le 1er mercure (obtenu) par les alambics, on passe au (mercure) moyen;[261] ou au dernier; ou bien si, après avoir accompli les premiers délaiements, on passe aussitôt aux derniers, ou bien qu’on fasse l’inverse pour toutes les (opérations) susdites; ou bien si l’on fait quelque autre chose contraire à l’ordre obligatoire : dans tous ces cas, le résultat se ressentira de pareilles erreurs et prêtera à rire. 

5 bis. De même, etc.[262] 

6. De même que, à propos des parties de la matière, nous avons parlé des diversités de fabrication, en vue de leur division; de même aussi, on pourra (le faire) à propos des traitements. (Cependant) il est possible de voir au contraire, dans le cas de notre traitement, que sa nature est une; l’espèce est une et la substance unique. C’est d’après ces principes que Zosime, ce saint auteur, commentait les mots: « une nature unique triomphant du Tout »; et ceux-ci: « l’être naturel est un; il ne s’agit pas de l’espèce, mais bien de l’art ». 

Si l’on voulait rappeler que les espèces des 24 rangées comprennent seulement six catégories, (savoir) le pur, le plagal, l’égal, le central, le non-tonal ou le détonant, qu’on se rappelle aussi que chacune est partagée en 1re, 2e, 3e et 4e rangées (musicales). Mais il n’est pas dans notre plan de parler maintenant de ces sortes de choses. 

Semblablement aussi, au sujet de la matière chimique et de l’espèce, il est permis à ceux qui (le) veulent, de concevoir des (idées) analogues, et d’admettre que la matière est tout à fait unique, absolument parlant. Dans l’espèce chimique, il s’agit du traitement, pris absolument; de même qu’il y a la rangée prise absolument, ou l’instrument musical pris dans un sens absolu (?). Tandis que la matière subordonnée et générique[263] est celle qui provient des (œufs) d’oies et des (autres volatiles) domestiques. 

Les espèces subordonnées sont celles qu’on obtient soit par le feu, soit sans le secours du feu, soit par un procédé mixte; car les genres se trouvent être alternatifs. De la même manière dans la musique, il y a des instruments généraux et spéciaux, répondant aux parties spéciales de la science, (à savoir): le genre nauston (instruments à percussion ?), l’aulétique (instruments à vent) et le citharique (instruments à cordes); tous correspondant au quaternaire des lignes c’est-à-dire (aux quatre lignes musicales). Or les espèces exécutées sur ces instruments et les genres secondaires sont au nombre de six dans la science, savoir: le pur, le plagal, l’égal, le central, le non-tonal et le détonnant. 

Les instruments cithariques sont nombreux et diffèrent par leurs espèces; car il y a le plinthion,[264] à 32 (cordes), la lyre, à 9 (cordes), l’achilléen, à 21 (cordes) ………… le psaltérion, à 10 cordes au moins, ou à 30 ou à 40 au plus, et celui qui n’en a que 3 ou 4, ou 5. Il y a aussi le plinthion,[265] à 32 cordes, propre (à célébrer) les puissances divines, lequel convient principalement aux mêmes, ainsi qu’à leur conjonction avec les puissances corporelles. 

L’instrument aulétique est tantôt en cuivre, tel que le très grand instrument appelé psaltérion ou orgue à main, le cabithacanthion (?) pour sept doigts, le pandourion, le tonadion, la trompette, et les trompes. Il peut être aussi construit sans cuivre, (tels que) le chalumeau simple, le double chalumeau, le chalumeau multiple, le rax, le tétroréon et le plagal. Nous rangeons parmi les instruments (à percussion) les cymbales pour les mains ou pour les pieds, les aiguières (vases musicaux) en cuivre et en verre. Il y a aussi l’instrument composé[266] de plusieurs métaux, que l’on comprend quand on sait réaliser la mise en œuvre des 24 rangées. 

8. Le divin Xénocrate[267] a exposé encore autre chose. Les espèces des (œufs) d’oies et des (autres volatiles) privés se trouvent de leur côté[268] comporter quatre subdivisions, (savoir) le blanc, le jaune, la membrane et la coquille. 

Par suite, les variétés relatives à l’espèce des fabrications ont été exposées comme des portions de la science; tout comme les variétés des rangées musicales susdites et des mélodies forment des espèces très spéciales (en musique). En effet, de même que notre art, opérant sur les parties générales de la matière chimique, expose en grand nombre et variété les espèces des fabrications; de même aussi la musique, ce bien donné par Dieu, étant combinée avec les espèces matérielles, a engendré plusieurs variétés.[269] 

9. Non seulement les susdites variétés existent en chimie pour la poudre sèche; mais encore il existe des fabrications aussi nombreuses quant à l’espèce, suivant que l’on emploie des (matières) liquides, des matières sèches ou mixtes. En effet, pour toutes les variétés d’espèce, parmi les poudres sèches, nous trouverons des divisions en nombre égal, parmi les préparations liquides et mixtes; parmi celles qui sont distillées au moyen des appareils, et non distillées, mais bien exprimées au moyen d’un linge, ou bien épuisées d’eau par tel ou tel autre procédé; afin que (le liquide) soit uni aux solides matériels et réalise le mélange moyen après l’iosis : le tout est délayé ensuite et possède une existence tout à fait liquide. Ce ne sont pas seulement les deux parties liquides de l’œuf qui peuvent être mercurifiées, en raison de leur nature fluide; mais les deux (parties) sèches qui constituent le surplus de la nature (de l’œuf), sont aussi capables d’être mercurifiées; attendu que tout corps naturel a une existence mélangée des quatre éléments, en proportion inégale ou égale.[270] 

10. Ainsi les liquides sont absorbés par les substances solides, ces ingrédients étant employés à dose minime, avec le concours des alambics. Ou bien on les mélange; ou bien on les éteint dans les liquides naturels, en laissant s’opérer la décomposition avec le temps et la dissolution. Les produits obtenus sont partagés en deux, et traités par le pélican (appareil distillatoire), ou bien sans le secours de l’appareil à mamelon. Alors sont mélangées entre elles les parties de même nature: je veux dire la (partie) décomposée et la partie non décomposée. Si (l’on) veut, avec les liquides seuls, pratiquer une teinture à fond par leur décomposition, on n’a pas recours au délaiement; mais en mêlant de l’eau avec l’eau, on accomplit la préparation, en partageant les substances solides amenées à l’état de dépôt, ainsi que l’a fait voir clairement le grand Synésius. 

Les § 11, 12, 13, 14, concernent des opérations chimiques décrites d’une façon trop vague, pour que l’on ait réussi à donner un sens suffisamment précis à la traduction. 

15. Mais on dira: « Montre-moi qu’il en est ainsi d’après les anciens écrits ». Écoute le premier des chimistes : e Prenant, dit-il, une pierre pyrite,[271] fais la chauffer, jusqu’à ce qu’elle devienne incandescente. Après l’avoir enlevée (du feu), trempe-la dans l’eau froide; (retire-la aussitôt) et mets-y de la salive avec ton doigt: si elle l’absorbe, c’est qu’elle aura été chauffée convenablement ; alors, dépose-la dans la teinture.[272] 

VI. xvi. — COSMAS 
EXPLICATION DE LA SCIENCE DE LA CHRYSOPÉE PAR LE SAINT MOINE COSMAS [273]
1. Cette chimie véritable et mystérieuse demande beaucoup de travail, mais peu de dépense, car Un est le Tout et par lui est le Tout, et si un n’est pas trois et trois un, le Tout n’existe point c’est là la délivrance de la maladie importune de la pauvreté. Ainsi c’est par affection pour toi que je t’écris, pour t’adresser une sorte de viatique et un petit artifice contre elle. 

2. Prends de l’or pur, 3 hexages; du mercure, 1 hexage; fais un mélange à la façon des orfèvres. Ensuite trempe le mélange dans de l’eau, pour que la couleur noire s’échappe. Puis presse bien le mélange dans un linge de lin, afin que le mercure s’échappe. 

Ensuite unis le mélange avec de l’ios de bonne qualité, du sel ammoniac et un peu de la chaux tirée de l’œuf; broie bien le tout sur un marbre. 

Ensuite unis ces (matières) à un jaune d’œuf; place le tout dans une coquille d’œuf dur, (percée) d’un trou. Il faut que la coquille soit fraîche et propre.[274] Lute bien le trou, ainsi que l’œuf entier, et plonge dans du crottin de cheval chaud, pendant 7 jours. 

Ensuite après l’avoir retiré, regarde par le trou de l’œuf (l’état de) la composition. Si elle est tout entière passée à l’état d’ios, c’est bien; si non, répète l’opération jusqu’à ce que le Tout soit Un, c’est-à-dire changé en bel ios. 

Alors, allumant des charbons, à plusieurs reprises et sans désemparer, fais rôtir l’œuf entier; puis, retirant le mélange, broie sur le marbre; garde cette poudre de projection. 

En faisant fondre de l’argent très pur dans un creuset, et en y ajoutant une partie de cette poudre, tu obtiendras de l’or très brillant. Si tu veux le rendre encore plus fin, renouvelle 2 et 3 fois l’opération première, jusqu’à ce que (le résultat) te plaise. 

3. CE QUI SUIT EST TIRÉ D’UN CERTAIN AUTEUR ANCIENS ZOSIME; — L’AUTRE (FRAGMENT) L’EST DU GRAND ART DES ANCIENS. FAIS L’ÉPREUVE QUE VOICI :[275] Prends œufs, mets-les dans un vase de terre cuite d’une grande capacité; après avoir pétri un peu de fleur de farine avec du miel, dispose ce mélange tout autour des œufs dans un vase. Bouche-le bien, plonge dans de la fiente pendant 120 jours, jusqu’à ce que se produise une nature rouge de sang (destinée à devenir l’&me du produit). Ensuite, découvrant, mets le contenu dans un (vase) de terre cuite tout neuf; porte à l’incandescence les charbons embrasés en les éventant, et dirige la vapeur des charbons sur le résidu disposé à l’avance. Lorsqu’il est grillé, mets-le dans un mortier, sans que ta main le touche. Après avoir broyé, garde-le dans un bocal. Fonds de l’argent pur, 1 livre; projettes-y de cette poudre sèche 3 ou 6 parties et tu seras surpris. C’est là le divin et grand mystère, celui que l’on cherche, celui qui peut vaincre la pauvreté et écarter les ennemis. Ainsi soit-il. 

4. AUTRE EXPLICATION. — (Prenant) de la sandaraque, de la couperose, de l’arsenic, du soufre et du cinabre, unis toutes ces matières ensemble. Après avoir broyé, délayé et formé un mélange visqueux, mets dans un verre propre, c’est-à-dire dans un ballon, qui devra avoir un orifice plus étroit que son ventre, tel que les paniers ronds des ruches (?). Après avoir garni l’orifice de lut, fais chauffer sur un feu doux. Ensuite, ôtant le lut, tu trouveras le mélange desséché, en consistance de poix. Après avoir encore délayé, transvase dans un pot de terre cuite; et prenant le tout, place auprès du feu. Après avoir découvert, tu trouveras du jaune. 

5. Prends de la magnésie blanche, et le même poids de limaille, ainsi que les (matières) traitées préalablement. Ensuite faisant tiédir les deux (corps) dans de l’huile de raifort, laisse digérer : tu obtiendras un jaune de qualité supérieure pour la fonte. Mais si la couleur n’est pas brillante, après avoir enduit de sel, de misy et de rouille de fer délayée avec du vinaigre, et après avoir fait intervenir la puissance de la limaille provenant du petit plat, (la préparation) sera parfaite. 

6. Maintenant, si tu as de l’or, et que tu veuilles en doubler le poids, sans en diminuer la qualité; après avoir pesé cet (or), mets double dose de la préparation précédente, obtenue avec le misy et la limaille de fer noircie, en prenant de l’un et de l’autre un poids quadruple de l’or. Mélangeant ou combinant ces choses, applique les autour de l’or ; après avoir mis dans un creuset et fait chauffer, enlève : tu trouveras l’or (en quantité) double. 

7. Le cinabre et l’ios du cuivre couleur d’or, ainsi que certaines espèces naturelles, projetés dans la matière lunaire (l’argent), produisent de l’or métallique. 

8. Après avoir fondu du plomb au feu, saupoudre-le de soufre et chauffe jusqu’à ce que la mauvaise odeur soit évaporée. Ensuite mettant de l’alun lamelleux et du cinabre dans les vases, en égale proportion, et mêlant avec de l’oxymel, arrose avec le plomb liquéfié. Agis semblablement avec du soufre apyre, jusqu’à ce que la matière durcie se change en or. 

9. Prenant du cuivre, étends-le en lames, coupe-(le) en petits morceaux carrés et mets ceux-ci dans un petit pot d’argile: une couche de cuivre, puis une couche de soufre pilé; bouche bien l’orifice à la partie supérieure, avec du lut. Puis, mets ce petit pot dans un autre pot (plus) grand; celui-ci doit avoir des trous. Laisse entrer le feu par ces trous; emploie un feu fort et fais cuire pendant heures : le cuivre calciné devient ainsi pulvérulent, et pareil à du sel: il se forme ce qu’on appelle du rasouchti.[276] 

10. Ensuite prends du rasouchti, 5 onces et demie; du natron ou de l’efflorescence artificielle (?), 3 onces; du mercure, onces: mélange tout cela et broie fin comme de la farine. Broie ces choses, jusqu’à ce que l’on ne voie plus le mercure. Ensuite, procure.toi deux plats, agencés de façon à se recouvrir exactement et que rien ne puisse en sortir, pas même de l’eau; ensuite, enduis.les avec de l’argile à creuset ; ou bien, si tu n’en trouves pas, avec l’argile dont se font les assiettes. Dès que tu as bien disposé les deux plats, de façon que leurs bords s’adaptent l’un à l’autre, enduis-les exactement. Le vase inférieur, c’est-à-dire le plat, doit être plongé de nouveau dans cette argile et luté, aux jointures et tout autour, avec du blanc d’œuf. Ensuite, fais dans le fond du plat supérieur un trou capable d’admettre une aiguille à coudre des sacs, ou même un trou plus petit, comme pour une grosse aiguille (ordinaire). Puis fabrique un petit fourneau et rétrécis-le par en haut, de façon que l’espace supérieur puisse contenir les plats, tandis qu’à sa partie inférieure il sera plus large. Dépose les plats dans la partie supérieure du fourneau, et, par en bas, mets un peu de feu, réparti également. Dispose sur le trou du plat supérieur un couteau, afin de pouvoir racler avec la pointe, et fais bien cuire. Retire souvent le couteau et regarde : lorsque tu verras monter quelque chose de pareil à l’argent, alors fais bien cuire. D’abord il montera une fumée épaisse, et, plus tard, du mercure[277] pareil à l’argent. 

11. Lorsque tu verras cela, cesse le feu; bouche le trou du plat avec du lut et laisse refroidir (pendant la nuit). Vers le matin, retire le produit, après avoir ôté l’enduit des plats. Saisis d’abord le plat supérieur, puis l’autre, et recueille tout le mercure, de façon à n’en rien laisser dans le plat supérieur; car il adhère à ce plat: racle-le entièrement et prends-le. Alors prends de l’argent, 4 onces, et du cuivre, 8 onces. Fais fondre d’abord le cuivre et, dès qu’il est fondu, ajoute l’argent. Quand tu l’as fondu également, et que les deux (corps) n’en forment plus qu’un, alors ajoute de la poudre sèche, c’est-à-dire du mercure recueilli dans le plat, jusqu’à concurrence d’une demi-once : le tout te fournira un argent pur et parfait. Lorsque tu l’auras fondu dans l’appareil, mets dessus du sel ammoniac; et si tu veux qu’il soit plus beau, mets-y une autre demi-once du mercure recueilli dans le plat, et l’argent sera encore meilleur. 

VI. xvii. — LA PIERRE PHILOSOPHALE 
Compilation de morceaux déjà imprimés pour la plupart. On donnera seulement le suivant: 

Zosime — 1. Je vais vous expliquer la comaris.[278] La comaris, par son addition, amène les perles à perfection. Sous ce nom on désigne la pierre qui attire au dehors l’esprit, par la puissance de la poudre de projection. Aucun des prophètes n’a osé exposer ce mystère dans ses discours; mais ils savaient que c’était ainsi qu’il convenait de fixer cette précieuse puissance féminine; car elle est la blancheur vénérable, d’après l’interprétation de tous les prophètes. On obtient cette puissance de la perle en la faisant cuire dans l’huile. 

2. Prenant la perle attique, fais-la cuire dans l’huile, dans un vase découvert et non clos, pendant 3 heures, au milieu du feu. Frotte la perle avec un chiffon de laine, pour la débarrasser d’huile et conserve-la pour t’en servir dans les teintures. Car c’est avec l’aide de l’huile que l’on amène la perle à perfection. 

VI. xviii. — SUR LA PIERRE PHILOSOPHALE 
1. Le célèbre philosophe d’Abdère, Zosime, Jean l’Archiprêtre, Hermès Trismégiste, Démocrite, Olympiodore et Stephanus, dans l’exposition de la Chrysopée, ont révélé le mystère du molybdochalque;[279] ils se sont accordés à le prendre comme point de départ. Dans leurs mémoires fondés sur l’expérience, la pratique et la connaissance de là matière, ils prescrivent d’écarter tous les agents qui possèdent le pouvoir caustique, tels que le feu, le soufre, et tous les arsenics, parce que leur mélange et leur force sont la source de tous les dommages et accidents. Mais d’après eux il convient d’employer les agents doux, ceux qui possèdent le pouvoir liquéfiant, pour le mélange des éléments et l’alliage du plomb. Ils appellent aussi cet alliage union des substances d’abord lorsqu’on le réalise au moyen de la fusion, et aussi (lorsqu’on opère) par grillage et lavage. Ils désignent (le molybdochalque) sous le nom de magnésie, parce qu’on mélange, pétrit et trempe, afin d’amener l’alliage à l’état d’une substance unique, par l’identification des substances composantes. Or le mélange du Tout, la (fabrication de la) matière, s’accomplit entièrement par voie humide et par les liquides; de même que l’argile est pétrie avec les matières lavées, telles que les étoffes et les soies blanchies. 

2. C’est pourquoi Olympiodore écrit que le mystère de la Chrysopée réside dans les liquides. C’est par les écoulements d’eau, les courants, les lavages, la macération et le traitement que l’on accomplit l’opération mystérieuse. 

(Suit une subtilité.) 
3. Démocrite dit au roi:[280] Si tu ne connais pas les substances et leur mélange, si tu ne comprends pas les espèces et l’union des genres avec les genres, tu travailleras en vain, ô roi. 

4. Zosime dit:[281] Dans le mystère de la teinture de l’or, les corps deviennent esprits, afin d’etre teints par l’esprit dans la teinture; c’est-à-dire que les corps (métalliques), unis au molybdochalque et modifiés par le mercure, deviennent esprits. Par ces agents ils sont d’abord liquéfiés, cuits, soumis à l’écoulement, en vertu de la macération qui en résulte et de l’opération de la transmutation, et ils changent ainsi de corps. Car ils passent naturellement à l’état incorporel, et ils arrivent d’une façon extraordinaire à l’état d’or cuit. 

5. Olympiodore dit:[282] le molybdochalque ou pierre étésienne détermine ensuite l’écoulement simultané de ces produits par le feu. L’un des effets est dû au plomb et l’autre au feu. Ce n’est pas de l’une des matières isolées que dépend l’écoulement simultané; mais on doit faire écouler la matière par l’association des trois produits. On les mélange d’abord à parties égales et pour les faire écouler, il ne faut pas ajouter l’un des produits aux deux autres, mais mélanger à la fois les trois dans un même alliage. Le mot écoulement simultané montre qu’il faut faire écouler l’ensemble d’un seul coup. 

6. (Suivent des subtilités.) 

7. Zosime dit: Ne craignez pas, etc. (reproduction d’un passage donné: III, vi, § 13, p. 135, jusqu’à la fin du §). 

8. L’évaporation de l’eau est sa disparition. Je m’étonne du résultat de notre étude, et de voir comment l’émission et l’action de la vapeur de l’eau divine peuvent cuire et colorer notre composition. 

9. Stephanus dit ………… (III, vi, § 23 et 24, p. 138 et 139, avec diverses lacunes indiquées dans le texte grec). 

Viennent ensuite une série de morceaux déjà publiés, tirés de Zosime, de Jean l’Archiprêtre, de Stephanus, de Comarius, d’Olympiodore, etc., avec des portions abrégées et des lacunes. 

VI. xix. — HIÉROTÉE 
SUR L’ART SACRÉ[283] 
1. Prenant de la batiture de fer, 1 partie; de l’antimoine d’Italie, 1 partie, délaie le tout dans de l’huile de natron. Après avoir opéré l’extraction, mets à part et fais fondre avec une quantité égale de cuivre d’Italie. Après avoir réduit, allie avec de l’or et laisse 3 jours. Prends du soufre, 1 partie ; du misy, 1 partie; délaie, puis prenant l’alliage, dispose-le par couches alternatives, et opère l’extraction. Prends de ce produit, 3 parties, et 1 partie d’or; fais fondre et tu trouveras ce que tu cherches. 

2. Si tu veux faire mieux encore, traite l’alliage et fais-le macérer avec la fleur de natron, jusqu’à ce qu’il devienne fluide (comme) du mercure. Sublime sept fois et partage en deux portions; la première est soumise à la décomposition jusqu’à production d’eau; quant à l’autre moitié, tu la mélanges avec le tiers de son poids d’or et le 6 de cuivre d’Italie et de fer ayant subi le premier traitement. Broyant le tout, arrose avec l’eau du mercure dissous plus haut, et fais chauffer. Opère ainsi jusqu’à ce que l’eau ait disparu; mélange un peu de soufre, de façon à ce qu’il pénètre la préparation, et s’y imbibe. Opère ainsi jusqu’à ce qu’il se forme du cinabre (ou de l’or ? 

3. Emploie cette (recette) avec le concours d’Emmanuel,[284] le chef des êtres animés, le Verbe divin, la lumière du St Esprit. Car c’est lui qui est le sauveur, le dispensateur et la cause de tous les biens. C’est par son entremise qu’est offert aux fidèles et aux gens qui en sont dignes ce divin mystère, le remède de l’âme et la délivrance de toute peine. Celui qui a trouvé ce mystère, celui qui a reçu ce don de Dieu, celui qui sait opérer les traitements et parvenir au but désiré, le doit au très haut Emmanuel: celui-là deviendra son ministre et son agent dans l’exécution de cet art divin. (C’est pourquoi) en tout (il réservera) la dîme pour la construction des saintes églises et pour le soutien des indigents. Il interviendra en ma faveur, secourra mes besoins et me fera traverser la vie. 

Pour que son existence demeure à l’abri de l’envie, il ne doit pas tirer vanité de ses richesses, ni du soin qu’il donne à la prospérité de ses affaires; il ne doit pas non plus s’abandonner à la pauvreté, cette maladie fâcheuse et incurable. Mais il doit plutôt resplendir de la richesse des vertus divines et des actions pures, étant tout animé d’humilité, de pitié et d’amour sincère (de Dieu). Il fera des prières pour moi, qui ai exposé ces choses libéralement et simplement, afin que nous obtenions tous deux la pure et éternelle royauté du Christ notre Dieu. Qu’il nous soit donné à tous de l’obtenir, par les recommandations et par les prières de Marie, l’immaculée mère de Dieu, et de Jean le précurseur trois fois bien heureux, ainsi que par (celles) de la cohorte pure des divins apôtres et prophètes et de tous les saints. Ainsi soit-il: amen. 

VI. xx. — NICÉPHORE BLEMMIDÈS[285] 
CHRYSOPÉE
Sur la Chrysopée de l’œuf qu’a traitée le très savant maître en philosophie Nicéphore Blemmidès, lequel a atteint le but, avec le concours de celui qui amène toutes choses du non-être à l’être, le Christ, notre Dieu véritable, à qui appartient la gloire dans tous les siècles des siècles amen. Prends, avec l’aide de Dieu, cette pierre non-pierre,[286] que l’on nomme la pierre des sages, formée par les 4 éléments la terre, l’eau, l’air et le feu; c’est-à-dire par l’humide, le chaud, le froid et le sec. Prends donc l’un des éléments, la terre, l’élément froid et sec, autrement dit, la coquille des œufs. 

Après avoir lavé et purifié, refroidi et broyé exactement, mets dans une marmite; bouche l’orifice de la marmite avec un lut qui résiste au feu, et mets-la dans un fourneau de verrier. Fais chauffer pendant 8 jours,[287] jusqu’à ce que le produit blanchisse. Mets-le à part avec soin; car c’est là la fameuse chaux. Attention! 

2. Après cela, prenant le blanc intérieur (de l’œuf), dépose-le dans un vase en forme de coquille, à l’orifice du vase, adapte cet instrument en forme de mamelon, nommé alambic. Qu’il soit bien bouché et assujetti avec du plâtre.[288] Fais monter cela comme l’eau de roses, et garde avec soin dans une fiole. Attention! 

Ensuite prenant de la chaux,[289] 1 partie, et de l’eau distillée, 9 parties; mets ensemble; introduis (dans le vase) et bouche avec soin, comme précédemment. Distille cela comme de l’eau de roses. La coquille doit être cette fois en verre; la 1re était en terre cuite. Remets le produit distillé sur la même cendre; extrais et mets le tout ensemble dans une fiole de verre. Bouches-en soigneusement l’orifice avec un linge et du plâtre, et enfouis dans du crottin de cheval pendant 21 jours. Attention ! 

4. Ensuite retirant du crottin, mets dans la coquille et fais monter comme précédemment. Puis, de nouveau, prenant le tout ensemble, mets l’eau et la matière dans une fiole de verre et fais digérer dans du crottin de cheval, comme précédemment. Puis, retirant du crottin, mets le tout ensemble dans une coquille; fais monter comme précédemment et garde dans une fiole. Attention![290] 

5. C’est là ce qu’on appelle eau divine, eau de chaux, eau de mer, vinaigre, mercure, lait de vierge, urine d’enfant impubère, eau d’alun, eau de cendre de chou, eau de natron, eau de t” filtration, et d’autres noms (encore). Cela constitue l’eau divine, au moyen de laquelle est blanchie le corps de la magnésie. Le cuivre brûlé, c’est la cendre qui doit être produite par le jaune des œufs. 

6. Il faut prendre d’autres coquilles d’œufs non brûlés,[291] (les) bien broyer et les mettre dans une coquille de verre avec de l’eau montée une fois sans l’emploi de la chaux. Qu’il y ait de cette eau la valeur de 3 parties et des coquilles, 1 partie. Distille cela encore 3 fois, sans digestion. A chaque distillation, rejette les coquilles et mets-en d’autres en même quantité. A la 3e fois, garde dans une fiole ce qui est déposé. 

7. Ensuite prenant la nouvelle chaux,[292] mélange-la bien avec cette eau. Qu’il y ait de cette eau, 3 parties, et de la chaux, une partie; mets cela dans une fiole. Bouche bien l’orifice de la fiole et fais digérer dans du crottin de cheval pendant 40 jours, et s’il y a de la cendre, pendant 21 jours. 

8. Ensuite, prenant des jaunes d’œufs, mets-les dans une coquille de terre cuite et distille cela comme de l’eau de rose, avec un feu (moins) énergique; car il faut que le feu des (opérations) susdites soit plus doux. Bouche avec soin et recueille ainsi l’huile (couleur) de cochenille. 

9. Prenant cette huile,[293] réunis-la avec la chaux[294] tirée des coquilles. Qu’il y ait de cette chaux, 1 partie, et de l’huile, 3 parties; opère avec cela comme avec l’eau de chaux, c’est-à-dire distille et fais digérer. Puis de nouveau distille et fais digérer, et après avoir distillé, garde le tout. Attention ! 

10. La cendre des jaunes d’œufs qui se déposera, blanchis-la avec la 1ère eau divine obtenue avec la chaux; car celle-ci est la magnésie. 

11. Prenant de cette magnésie,[295] 4 parties, et de la chaux déposée dans la coquille,[296] 1 partie, c’est-à-dire de cette dernière le 5e (du tout); broie bien l’une et l’autre sur le marbre, de façon à rendre la matière très fine et ténue. Délaie complètement avec un peu d’eau (provenant) de la chaux, comme font les peintres. Après avoir laissé refroidir, mets dans une coquille 1 partie de ce mélange, et de l’eau de chaux, 3 parties. Il faut ici que la coquille soit en verre. Puis fais monter cette (eau) comme l’eau de roses et recueille tout ce qui distille dans un vase de verre. 

12. Ensuite, prends la poudre sèche, déposée dans la coquille; mets-la de nouveau sur le marbre, délaie-la par petites portions, avec l’eau distillée qui en provient. Laisse sécher le produit à l’ombre; et opère ainsi jusqu’à ce que toute l’eau distillée ait disparu. 

13. Ensuite, après avoir broyé la poudre sèche, mets-la dans une coquille, et avec elle une autre quantité d’eau de chaux. Qu’il y ait de l’eau, 3 parties, et de la poudre sèche, 1 partie; fais monter cela et délaie comme il a été dit, jusqu’à 5 fois. 

14. Prenant la 5e fois toute l’eau distillée, rassemble la poudre sèche déposée. Après les avoir prises et mises toutes deux dans un alambic de verre, plonge celui-ci dans du crottin de cheval pendant 40 jours, ou autant de temps que tu voudras. 

15. Ensuite remets de nouveau dans la coquille de verre, et fais monter comme précédemment. Lorsque la moitié du liquide aura été distillée, après avoir ouvert la coquille, remets-le de nouveau dans ce (vase), et répète cela jusqu’à 5 fois. 

16. Or tu prendras cette précaution de ne pas distiller (vivement), comme précédemment, mais doucement et lentement. 

17. Après la 5e fois, recueille tout ce qui a été distillé dans l’alambic. La poudre sèche déposée dans la coquille, mets-la sur le marbre; et après l’avoir broyée et délayée avec le liquide distillé, comme ci-dessus, laisse refroidir à l’ombre. Fais cela jusqu’à ce qu’elle ait absorbé tout le liquide. Pendant que l’on broie et que l’on arrose, on trouvera le produit blanchi cette blancheur constitue le signe (qui précède?) la couleur rouge. 

18. Or il faut que le produit soit bien blanchi. Ensuite, mets la (partie) blanchie dans un alambic de verre; ajoutes-y de nouveau la matière qui provient de l’eau de chaux, 3 parties contre 1 partie du produit. Après avoir bien mélangé le tout, enfouis dans du crottin pendant (40) autres jours. 

19. Après avoir retiré, fais monter, recueille le liquide et remets-le dans ce (vase) : fais monter une seconde fois, recueille et surveille. Or la partie déposée dans la coquille, tu la trouveras blanche, semblable à du marbre. Prenant cela semblablement, opère avec soin. 

20. Ensuite, après avoir pris de l’espèce semblable à du marbre une partie, et de l’eau distillée, une autre partie; après avoir bien mélangé ces choses, mets dans une coquille de verre, si tu n’as pas d’alambic; puis scelle et bouche convenablement son orifice avec un couvercle de plomb; étends un mince enduit sur ladite coquille de verre, en employant un lut qui résiste au feu. 

21. Ensuite traite habilement (cette matière) et dispose-(la) sur un petit fourneau, pareil à celui de l’eau de roses. Au lieu d’un feu de charbon, place-le au-dessus d’une lampe allumée. Si les espèces de l’intérieur sont dans la proportion d’une once (chacune), c’est-à-dire que le poids de l’une et de l’autre soit de 2 onces, il faut faire brûler la lampe pendant 7 jours, c’est-à-dire 7 jours et 7 nuits. Si ces espèces n’ont qu’un poids moitié moindre, fais brûler pendant 4 jours; si c’est le quart, 2 jours. Après les 7 jours, ayant ouvert le vase, et reconnu que l’espèce est compacte, ajoute encore de l’eau mise à part, une autre once, comme précédemment. Ensuite, faisant brûler la lampe autant de jours qu’il a été dit, opère ainsi jusqu’à 9 fois. 

22. Après avoir ouvert, tu trouveras un produit jaune compacte, dont le poids répondra à celui de toutes les matières ajoutées successivement en 9 fois, jusqu’à concurrence de 10 onces. 

23. Mets de côté et prends-en 1 partie, c’est-à-dire la valeur d’une once. 

24. Ensuite, ayant opéré au moyen du feu, c’est-à-dire à la chaleur de la lampe, arrose ces (matières) fois; en opérant au moyen d’un poids égal d’huile divine, comme tu as fait avec l’eau divine. La dernière fois, c’est-à-dire la 9e, tu prendras le double du poids d’huile, et (alors) tu feras brûler la lampe plus fort. 

25. Ensuite tu trouveras la poudre sèche complètement préparée, de couleur pourpre vif. Après l’avoir bien broyée, garde-la avec soin. 

26. Lorsque, avec l’aide de Dieu, tu auras obtenu ce produit, prends de l’argent pur, la valeur d’une once; fais-le fondre au feu et mets-y de la poudre précédente, la valeur d’un grain : tu trouveras l’or brillant et dont l’éclat s’étend jusqu’aux limites de la (terre) habitée. 

NICÉPHORE BLEMMIDÈS. — APPENDICE 
CE QUE RÉCLAME LA PRÉSENTE PRÉPARATION
D’abord des œufs propres avec leurs 36 (?) germes. 

Appareils: Deux coquilles de terre cuite, avec des bouchons de verre. 

Semblablement aussi 3 coquilles de verre, capables de contenir, l’une, une pinte, l’autre, 2 pintes, et la dernière une demi-pinte, avec son chapeau. 

Mortier en marbre; — et porphyre. 

Palette de peintre. 

Plâtre vieux, provenant d’une église. 

Un vase résistant au feu et deux marmites en forme d’écuelle (?) 

Lut qui résiste au feu. 

Il faut aussi, tout d’abord, de l’eau blanche distillée une fois, 36 onces. 

Semblablement, en second lieu, (la même eau) montée une fois, 18 onces; 

Et de l’huile de cochenille, montée une fois, 15 onces. 

Sache que les 36 œufs absorbent 9 onces d’eau. 

La pinte comporte 2 mesures d’eau. 

De même il faut aussi de la chaux (tirée des coquilles d’œuf, avec les membranes), 9 onces ; des enveloppes d’œuf broyées et incombustibles, 18 onces; de la magnésie, c’est-à-dire des jaunes (d’œufs) calcinés, hexages 20 cotyles. 

Des balances, du bois à brûler, un petit fourneau et un esprit subtil et sans limite. 

Voici ce qu’il faut (pour compléter le mystère dans son intégrité : Prends[297] le sang d’un homme aviné, la bile d’un bœuf noir non marqué, et le suc de la plante appelée barbe de bouc. Employant ces trois (matières) en proportion égale, chauffe du fer et trempe : tu pourras réussir. 





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[1] Voir Introd., p. 15, le cément royal.

[2] Aiguière, ou vase en forme de coquille.

[3] C’est-à-dire avec l’amalgame d’or préparé plus haut.

[4] Il s’agit sans doute d’une opération d’émaillage, désignée par le mot ἔγκοψιν, ἔγκαψιν ou ἔγκαυσιν. — Voir le Commentaire de Reiske sur Constantin Porphyrogénète, de Cerim. Aulae byzantinae (coll. Byzantine de Bonn), t. III, p. 5. — Saglio, Dictionn. des Antiquités grecques et romaines, art. Cœlatura.

[5] Le mot savon doit être entendu ici comme signifiant un fondant alcalin. Quant au « sel de soude », je traduis ainsi le mot τζαπαρικόν. — En effet du Cange traduit à la fois τζαπαρικόν par fossicius et ἅλας τζ., par sel ammoniac. C’était sans doute au début le sel ammoniac de Pline (Introd., p.45 et 237), variété de natron on carbonate de soude. Mais j’ai exposé comment le même mot a fini par désigner aussi, dans le cours du moyen âge, notre sel ammoniac moderne: le sens du mot byzantin ayant changé de la même façon que celui de la vieille dénomination « sel ammoniac », qu’il avait remplacée.

[6] Sans doute après l’avoir garni d’émail. Il y a ici, comme dans toute description technique, des omissions que le praticien suppléait, mais qu’il est difficile de deviner aujourd’hui.

[7] Pour incruster ou vernir un objet métallique.

[8] Le mot savon signifie ici une matière alcaline, propre à nettoyer les métaux (voir la note 5).

[9] Βοράκην: ce mot est l’origine du nom de notre borax; mais dans la langue des anciens auteurs ce n’était pas la même chose.

[10] C’est donc de l’argent allié.

[11] De façon à la rouler à la surface de l’objet que l’on veut dorer. Cp. § 4.

[12] Opération d’émaillage.

[13] Recette peu intelligible.

[14] Les anciens polissaient avec des dents d’animaux.

[15] Voir la note 4.

[16] C’est un procédé pour rendre une étoffe incombustible; mais la phrase finale paraît une addition de quelque copiste, préoccupé de transmutation car elle n’a aucun rapport avec ce qui précède.

[17] Ce doit être plutôt de l’oxyde de fer (?). — Introd., p. 261.

[18] Acide azotique.

[19] Azotate de mercure impur.

[20] Azotate d’argent.

[21] Les premiers alinéas se rapportent à des préparations faciles à comprendre ; le dernier est une recette de pierre philosophale. Toutes ces recettes sont relativement modernes, l’eau forte n’étant pas connue d’une façon si claire avant le xiiie ou xive siècle.

[22] Acide azotique.

[23] Cette recette est relative à l’attaque d’un alliage contenant de l’or par l’acide nitrique. L’or reste comme résidu.

[24] C’est-à-dire le composé formé par l’argent.

[25] Cette recette, de même que les précédentes, est relativement moderne. C’est une purification du sulfure d’antimoine, appelé au début marcassite et, après sa purification, antimoine: le nom moderne de cette substance apparaît ici pour la première fois dans les traités de notre collection.

[26] Sur ce procédé d’affinage de l’or par l’antimoine, v. Introd., p. 264.

[27] C’est bien là une formule analogue au vieil asèm du Papyrus de Leide. (Introd., p. 66), dont la formule est ainsi reproduite vers la fin du moyen âge. La date relative de cette recette est fournie par le mot « bronze à canon. »

[28] Cp. Introd., p. 62; Papyrus X de Leide.

[29] Cp. Introd., p. 58 à 60; Papyrus X de Leide.

[30] Cp. § 16.

[31] Voir le § 50.

[32] C’est-à-dire l’œuf philosophique: c’est une description d’opérations chimiques, avec expressions allégoriques, à la façon des anciens alchimistes.

[33] Sens symbolique pour la pierre philosophale.

[34] Cela veut-il dire qu’il se forme un oxyde ou un sulfure, tantôt noir, tantôt rouge?

[35] On voit ici l’origine de l’une des fraudes ordinaires des alchimistes charlatans.

[36] Le nom du Pseudo-Démocrite a été substitué à celui de Zosime, par inadvertance, à la fin de la note transcrite au bas de la page 288.

[37] La date de ce morceau ne peut être précisée: il semble postérieur aux auteurs du viie siècle, classez moderne: —Cp. Zosime, p. 211, § 16. —On doit en rapprocher spécialement le Traité de Comarius, où figure un symbolisme analogue, p. 285. — D’après les interprétations de M, dans le dernier traité, l’eau signifierait le mercure; l’air signifierait tantôt le mercure, tantôt l’ios de cuivre, tantôt le cinabre; le feu serait pris pour le soufre; et parfois pour le cinabre; la terre, pour le molybdochalque. Mais ces interprétations sont plus étroites que celles du morceau actuel, données dans les §§ 4, 7, 8, 11; lesquelles se rattachent elles-mêmes à la nomenclature de l’œuf philosophique. Le vague indéfini de ces nomenclatures rend l’intelligence précise de ces morceaux fort incertaine.

[38] D’après E; tandis que d’après A, c’est: l’aimant d’Asie.

[39] Cf. Nomenclature de l’œuf, p. 10, 22, et Introd., p. 215. — L’eau ou le vinaigre divin signifie non seulement le mercure, mais un grand nombre de liquides actifs, d’après la liste ci-dessous,

[40] Notre bain-marie.

[41] D’après E: « devient de l’argent parfait; il est beau. Sinon, etc. »

[42] Cp. la Nomenclature de l’œuf, I, iii, iv, p. 19 à 22, et Introd., p. 215. —Le mot « air » paraît signifier ici le principe colorant qui teint en jaune dans la transmutation.

[43] Ce mot est omis dans E.

[44] Cp. p. 122.

[45] Cp. p. 55. — Dans A, signe de l’argent, au lieu de celui du mercure.

[46] Cp. IV, x, p. 69.

[47] Le mot terre est pris ici dans un sens générique; la terre est assimilée notamment à diverses chaux, c’est-à-dire aux oxydes métalliques, que nous appelons aujourd’hui même des terres dans certains cas. — Cp. IV, ix.

[48] Le § 13 est entre parenthèses dans Lc, c’est-à-dire regardé comme une glose.

[49] Le jeu de mot ordinaire entre le double sens de soufre et de divin, pour le mot θεἴον, est ici manifeste.

[50] L’auteur garde secrète la composition de la liqueur pour tremper, suivant un artifice très ordinaire parmi les praticiens.

[51] Cp. Pline, H. N., xxxiv, 41.

[52] Cp. p. 19, note 1; et p. 122.

[53] Cp. p. 122.

[54] Le texte reprend ici, en faisant suite au § 2 et en revenant sur la fin. Il semble que ce qui précède, depuis le début du § 3, est une intercalation due à un ancien commentateur, préoccupé de transmutation; intercalation amenée par le mot « mystique », mais qui n’offre aucun sens pratique relativement à la trempe du fer. — Peut-être existait-il à l’origine, dans un manuscrit antérieur au nôtre, une troisième recette analogue à la seconde, et qui a été remplacée par le verbiage du glossateur. En tout cas la transcription de ces recettes est fort confuse dans les manuscrits. Les §§ 2 et 3 manquent dans A et B.

[55] Le début du § 4 donne lieu aux mêmes remarques que celui du § 3. Il semble qu’il y avait à cette place, dans un vieux manuscrit, une recette technique, qui a disparu pour faire place à la vaine déclamation d’un commentateur.

[56] S’agit-il d’une trempe opérée avec le lait ou l’urine?

[57] BCA, etc., ajoutent: « roi de Macédoine; tel que ce cuivre existe sur les portes de Sainte-Sophie » et au-dessous : « Fabrication du cuivre jaune ». Ce morceau a été rédigé à l’époque byzantine, entre le viie et le xie siècle, comme l’indiquent la citation des Arabes et le mot de tutie, qui ne figure pas chez les anciens alchimistes. Cette observation s’applique aussi au numéro suivant. Mais le fond des recettes doit être plus ancien, et remonter, d’après le titre, à une époque antérieure à l’ère chrétienne. — Voir aussi la note suivante. — On trouve cité dans le traité de De mirabilibus (ch. 49) attribué à Aristote, un cuivre indien, provenant des trésors de Darius et doué de propriétés spéciales qui le faisaient confondre avec l’or; Introd., p. 261. — Cp. Origines de l’Alchimie, p. 227, et le présent volume, p. 297. — Le roi de Macédoine cité ici doit être l’un des successeurs d’Alexandre.

[58] C’est-à-dire la partie qui s’est sublimée à la partie supérieure du fourneau: c’est surtout de l’oxyde de zinc. — Introd., p. 239 et 240.

[59] C’est probablement une préparation arsénicale, identique peut-être au rouge des cobathia, sulfure d’arsenic (réalgar) que l’on assimilait déjà à la cendre des palmiers, au temps de Zosime (voir p. 185). Cp. Plinianœ exercitationes Salmasii, 936 b C, 937 b F, 938 a A.

[60] Cette préparation devait fournir un alliage de cuivre et de zinc arsénical, analogue au tombac. —Cp. Introd., Papyrus X de Leide, p. 60 à 62.

[61] Ou plutôt de myrobolans, fruits du Terminalia. Voir la note suivante.

[62] Sur ces mots arabes, Cp. Saumaise, Plinianœ exercitationes, 930 b C, 931 a B et C etc.

[63] Introd., p. 255 et 256: Oxyde de fer ou de manganèse.

[64] Cp. p. 40.

[65] C’est là une formule sacramentelle, qui se trouve en tête de recettes diverses. Cp. Zosime, III, viii, p. 143. — Ces expressions ont donc un caractère symbolique : elles désignent des produits minéraux, que l’on soumet à des sublimations et à des calcinations, avant de s’en servir pour fabriquer les verres des quatre couleurs désignés plus loin. Après cet exposé qui semble purement technique, un commentateur alchimique a ajouté une recette mystique que, d’après laquelle ces quatre verres, associés avec les huiles mystérieuses, obtenues par la distillation ou la dissolution des corps métalliques, constituent le ferment d’or, ou pierre philosophale.

[66] D’après M. — Etait-ce la flamme d’un gaz sans combustible visible ?

[67] Sous-titre de A1, 2, 3 K : « la demeure qui réunit tout ».

[68] Produit de distillations ou dissolutions antérieures, lesquelles ont porté sur des produits (Corps métalliques), désignés ici d’une façon symbolique.

[69] Signe du cinabre, confondu souvent avec celui du soleil et de l’or. Cp. Introd., p. 122, note 1 et p. 144.

[70] Ce petit traité est une collection de recettes, remontant pour certaines parties à une haute antiquité ; ainsi que semblent l’indiquer ces mots: « d’après le livre tiré du Sanctuaire des Temples ». Il s’y trouve, à côté de ces vieilles recettes: des discussions théoriques plus récentes, du genre de celle de Zosime et des commentateurs byzantins; des citations plus ou moins étendues de Marie, de Moïse et de Démocrite; enfin des gloses beaucoup plus modernes, à en juger par la citation des Ismaélites, c’est-à-dire des Arabes. C’était là sans doute un ouvrage technique, qui a passé de main en main, en étant enrichi d’additions successives. Il était primitivement en dehors de la collection alchimique; car il ne figure pas dans le ms. de St-Marc ; mais il devait faire partie d’une grande collection technique, dont le titre nous a été conservé (Voir III, xliv, § 7, p. 213 de la Traduct., et p. 220 du Texte), titre dans lequel ce petit traité paraît formellement désigné. Le traité de la teinture des perles, donné plus loin (V, ix), en faisait aussi partie; ainsi qu’un traité sur la trempe, la coloration et le moulage des métaux, d’où paraissent tirés les morceaux V, iii, iv, v, xvi et xvii. On reviendra plus loin sur ce dernier traité, à l’occasion des articles xvi et xvii.

[71] On a regardé comme identiques dans la traduction les mots: comaris et comaros.

[72] Il paraît s’agir dans ce passage, d’une teinture superficielle des objets vitrifiés; teinture opérée au moyen du talc, servant de support, d’un sel de cuivre, et d’une liqueur mélangée avec la bile, le tout formant un vernis adhérent.

[73] Ou rubis.

[74] Introduction, p. 244.

[75] C’est un second article, analogue au précédent, avec des répétitions et des détails nouveaux.

[76] Méduse.

[77] Voir dans le t. XIV de la 6e série des Annales de Chimie et de Physique (1888) les observations que j’ai faites sur ce procédé, destiné à rendre les pierres précieuses phosphorescentes.

[78] Ici commence un troisième petit traité ou chapitre, sur le même sujet que les précédents.

[79] Il s’agit sans doute du traité imprimé à la p. 287 (IV, xxii), traité désigné aussi sous le nom de la Maza de Moïse (p. 180 et 209). La phrase citée ici ne s’y trouve pas textuellement mais on y lit plusieurs textes analogues, notamment au § 3.

[80] Quatrième petit traité ou chapitre.

[81] Les sujets annoncés dans cet alinéa ne se retrouvent pas traités plus loin.

[82] C’est-à-dire attaquée superficiellement, de façon à permettre de fixer, ensuite la matière colorante.

[83] On voit comment la teinture des métaux, celle des verres et celle des étoffes en pourpre étaient mises sur le même pied. Cp. Origines de l’Alchimie, p. 242, 243, 245, etc.

[84] Nouveau fragments, ou plutôt suite de titres, de fragments et d’extraits, mis bout à bout, comme dans les Ecrits de Zosime (IIIe partie), notamment xliii, Chapitres à Théodore.

[85] Ou l’Eau du soufre natif.

[86] Cp. la note 2 de la p. 159.

[87] Origines de l’Alchimie, p. 158.

[88] Ou eaux divines.

[89] Cp. La Nomenclature de l’œuf, p. 19.

[90] Cp. p. 173 et le Lexique, p. 8.

[91] Les deux espèces de soufres ou d’eaux divines, signalées plus haut.

[92] Ou pierre de cuivre: synonyme de la pierre philosophale. Le nom de Cythère semble indiquer l’intervention d’un nouvel auteur dans les fragments actuels.

[93] Cp. p.122, § 2.

[94] Glose de l’alinéa précédent.

[95] Cp. Lexique, p. 9.

[96] Aphrosélinon. — Cp. p. 131, 132 et 133.

[97] Ou plutôt la fixation des couleurs à la surface de la pierre, préalablement attaquée.

[98] Cp. p. 51. Ce passage ne se retrouve pas dans le livre de Sophé (c’est-à-dire de Chéops), livre attribué plus haut (205 et 206) à Zosime.

[99] Cp. Introd., p. 261, cœruleun, —procédé de Vitruve.

[100] Glose plus moderne qui paraît applicable au § 21. Il semble que des articles de diverses origines, mis bout à bout dans un vieux manuscrit, aient été l’objet de commentaires et d’additions marginaux, qu’un copiste plus moderne aura transcrits, en embrouillant l’ordre des morceaux.

[101] Cp. le § 20, plus haut.

[102] Il y a là deux préparations ferrugineuses, exécutées l’une avec la couperose, l’autre avec le fer métallique.

[103] Ceci doit produire un alliage de plomb et d’antimoine.

[104] C’est-à-dire dépoli, attaqué superficiellement et prêt à être teint. 

[105] Cp. p. 170.

[106] V. p. 99, 101, 114, etc.

[107] V. p. 78, 101, 103 (texte et note 1), p. 128, etc.

[108] Minium.

[109] Syn. de l’émeraude.

[110] Cp plus haut § 26, et sa note.

[111] Ce petit traité traite de la fabrication des perles artificielles, au moyen d’une composition où entrent, ce semble, des sels de chaux, diverses matières organiques et du chlorure de mercure. On en forme des granules, qui prennent après ce traitement, d’après l’auteur, l’aspect des perles. Ces recettes semblent réelles; mais elles sont trop obscures pour être pleinement entendues. Le grec renferme d’ailleurs des mots modernes qui rappellent le traité d’orfèvrerie (V, i). — Observons que le traité de la perle ronde se trouve dans le ms. 2325, qui est du xiiie siècle. Il est attribué à un auteur arabe. Il est purement technique et ne contient ni citation des vieux auteurs, ni phrase charlatanesque, ou mystique.

[112] Est-ce une préparation de chlorure de mercure sublimé? — En marge de cet article on lit dans AB : « Vois le procédé pour faire de l’or, et ne te trompe pas ». — Cette glose montre que les copistes voyaient partout des procédés de transmutation, même quand il s’agissait de toute autre chose.

[113] Poudre de chlorure de mercure.

[114] Espèce de thon.

[115] Voir le procédé de Salmanas, § 1, p. 349.

[116] Cette recette bizarre rappelle certaines de celles qui figurent dans Pline et dans les Geoponica.

[117] Cp. plus loin § 15.

[118] Ce dernier alinéa ne paraît pas faire suite à ce qui précède, mais plutôt à la recette du § 5.

[119] Phrase finale ne faisant pas suite à ce qui précède et inintelligible. Elle pourrait peut-être se rapporter à la recette de la fin du § 1, le copiste ayant mélangé les articles (?) Cp. plus haut § 23.

[120] Cp. la fin du § 6. Il semble que l’on ramollissait les perles, et qu’on leur don riait ensuite une forme ou une empreinte.

[121] Cp. V. vii. § 4 (?).

[122] Cp. § 9.

[123] Ou bien: « Nettoyage des perles, d’après le moine dit des Plombiers (?) ».

[124] Ce mot a été traduit ailleurs par erreur « huile aromatique ».

[125] Cette phrase ne semble pas faire suite à ce qui précède, ni être liée à ce qui suit.

[126] C’est un procédé de faux monnayeur.

[127] Ou plutôt de l’argile en poudre?

[128] Introd., p. 15.

[129] Ce sont des recettes d’atelier; la plupart se rapportent à la dorure par application de feuilles minces. Le sens général est clair ; mais il y a bien des détails obscurs, par suite de l’insuffisance des données et des fautes du copiste. Ceci rappelle d’ailleurs le traité d’orfèvrerie, V, i, §§ 4, 9, etc.

[130] De Sabine?

[131] Glose insérée dans le texte?

[132] Du sanctuaire de l’autel.

[133] Recette pour préparer une colle, destinée surtout à recoller le verre ou les poteries. Cp. Orfèvrerie, § 36, p. 316.

[134] Cp. le procédé de lixiviation: V, xi p. 357.

[135] Texte en très petits caractères, intercalé par un copiste. C’est une formule magique, composée pour quel que empereur byzantin. — Cp. Olympiodore, p. 110.

[136] La recette semble ancienne, mais les mots tartre, tutie et quelques autres sont d’une époque moins reculée.

[137] Cette préparation est celle d’un laiton.

[138] Préparation d’un alliage analogue au tombac.

[139] Cp. p. 17.

[140] C’est un fragment assez étendu des traités perdus qui portaient le nom de cet empereur (voir Introd., p. 176, 214, 215).

[141] Cf. Zosime cité par Olympiodore, p. 105.

[142] A partir de ce mot, le texte représente une copie nouvelle d’un texte, déjà donné comme appendice à la fin d’Olympiodore (p. 113 de la Traduction). Le texte actuel est plus correct et il offre des variantes importantes : ce qui nous a décidé à le reproduire ici.

[143] Le texte porte: Justien. J’avais lu d’abord Julien; mais le texte de M. et la tradition qui attribue à Justinien des traités alchimiques (Introd., p. 176 et 214) ne laissent pas subsister de doute

[144] Morceau mystique de date inconnue, mais qui pourrait ne pas être plus ancien que l’écriture correspondante, c’est-à-dire que le xve siècle. Le mot héliurgie est synonyme de chrysurgie, le signe de l’or et celui du soleil étant les mêmes.

[145] Invocation d’une époque moderne, suivie de quelques formules magiques. Ce morceau indique le caractère moral des moines qui détenaient le manuscrit M.

[146] Ceci rappelle les recettes attribuées à Démocrite, dans Pline et dans les Geoponica.

[147] Écriture du xve siècle. Ce morceau a été ajouté après coup dans le ms. M. Sa date est indéterminée; mais certaines expressions semblent assez modernes.

[148] Cp. p. 321, § 55, une recette pareille et plus développée.

[149] Cette recette a un sens précis, si l’on entend par le mot soufre, la pyrite ou tout autre sulfure métallique, conformément au § 6 du traité de Démocrite, p. 47.

[150] Ce procédé paraît le même que celui d’Olympiodore, p. 82.

[151] Recette moderne.

[152] Origines de l’Alchimie, p. 199.

[153] Voir Introduction, p. 198.

[154] Introd., p. 191. — Rapport de M. André Berthelot dans les Archives des missions scientifiques, 3e série, t. xiii(1887).

[155] C’est le traité auquel nous avons donné le titre : « Musique et Chimie », VI, xv; voir aussi III, xliv.

[156] Origines de l’Alchimie, p. 205.

[157] Zosime, p. 162.

[158] Introd., p. 176, 214; Trad., p. 368. 

[159] Introd., p. 175.

[160] Premier chapitre dans E, Lb. —A la marge de A, on lit: « Jacques, l’inspiré de Dieu tu le trouveras (cité) au milieu de ce discours ». Puis : « il faut savoir que Job a passé sept ans et demi dans son affliction » (voir plus loin).

[161] Cp. p. 20, 145, 183.

[162] Ce qui précède est tiré de l’un des quatre livres attribués à Démocrite, sur l’or, l’argent, les pierres et la pourpre. Dans les Physica et mystica nous possédons des fragments des deux premiers livres. — Cp. Origines de l’Alchimie, p. 77.

[163] Cp. p. 45.

[164] C’est-à-dire que l’œuvre de tout le Traité consiste dans les sulfureux et dans les liquides. Addition en marge de E, introduite dans le texte de Lb.

[165] Le texte de MB porte ici le signe de la chrysocolle, assimilée au soleil et corrigée dans ce sens par E.

[166] Signe de la lune et de l’argent) M; signe du mercure BAKE.

[167] Commentaire de E, introduit dans le texte par Lb: « Ces mots, les sulfureux sont dominés par les sulfureux et les liquides, etc., sont le centre, la source, la lumière de tout l’art ».

[168] Il s’agit de l’Eau divine ou eau de soufre, dont le nom comprend à la fois les « sulfureux » et les « liquides ».

[169] Cp. p. 46.

[170] Cp., p. 86, les sens multiples des mots : « Eau divine ». — Voir aussi p. 173.

[171] Cp. p. 186.

[172] D’après M; c’est-à-dire au (bon) Génie, « Agathodémon » (voir p. 87). C’était là sans doute le texte initial, qui répond à divers passages (p. 99, etc.); mais le mot Démon ayant été entendu par la suite dans un sens fâcheux, les autres mss. BAKE Lb. y ont substitué « invocations à Dieu ». On Voit encore par là la nécessité des formules magiques pour la transmutation, formules qui ont à peu près disparu des manuscrits. — Cp. Origines de l’Alchimie, p. vi, 15, 17, 20, etc., et Introduction, p. 8, 13, 153, 207.

[173] C’est-à-dire ne possède pas par nature la connaissance universelle et divine. — Ce qui suit concerne plutôt la doctrine de la grâce divine, sans le don de laquelle l’homme ne peut rien.

[174] Cor. IV, 7.

[175] Épitre I, 17.

[176] Jean, III, 27.

[177] Matth., VII, 7, 8. Luc. XI, 9, 10.

[178] « Dans les adultères » BAE. — Jacques, IV, 3. 

[179] Le sens mystique de la recherche de la grâce se confond ici avec le sens alchimique de la recherche de l’or comme il arrive fréquemment chez nos auteurs.

[180] Cp. p. 92 et 235.

[181] Glose intercalée dans le texte; elle s’applique à la phrase suivante, car 15 est la somme des nombres 3, 5 et 7 (Voir p. 174). La phrase qui vient après semble également indépendante de celle qui la précède.

[182] Cp. p. 162 note 1, et p. 157.

[183] Cp. p. 167, 173, 174.

[184] Sergius Resaïnensis, de Syrie, vie siècle. — Orig.de l’Alchimie, p. 105.

[185] θεἴον veut dire divin et soufre. Cp p. 174.

[186] Cette phrase fait suite à la dernière du morceau précédent.

[187] Cp. la nomenclature prophétique Introd., p. 10. — En d’autres termes, ils désignent l’objet de la science en langage ordinaire; mais ils emploient des mots symboliques pour les substances mises en œuvre.

[188] Genèse, I, 27.

[189] Sur la vendange d’Hermès, v. p. 119, 129, note 1, et p. 139.

[190] Axiome de Marie la juive. Tout ceci paraît vouloir dire que la transmutation s’accomplit par la combinaison successive de 3 ou 4 corps métalliques, d’abord distincts, puis identifiés à la fin de l’opération.

[191] Au-dessus le signe du mercure dans E; et le mot mercure dans le texte de Lb; ce qui signifie le mercure des philosophes, ou l’unité fondamentale de la matière métallique.

[192] Ici B et les autres mss répètent la phrase: « car son explication, etc. »

[193] Il y a là une lacune.

[194] Cp. V, vii, etc. Cette citation montre que les morceaux relatifs à la teinture des pierres (V, vii) sont antérieurs au vie siècle. Nous avons dit qu’ils remontent même bien plus haut. Mais il est intéressant de les voir cités ici.

[195] Sens symbolique.

[196] Le texte correspondant à la dernière ligne (OU son équivalent) a été gratté dans le ms. de St Marc. La même précaution a été prise dans ce manuscrit pour la plu part des passages où il est question de l’œuf philosophique : Origines de l’Alchimie, p. 16.

[197] L’or, Lb.

[198] C’est-à-dire en opérant avec 3 des 4 parties de l’œuf.

[199] L’or, Lb.

[200] Ce nombre se décompose ainsi: 9 avec les 4 parties de l’œuf; 36 avec 3 parties de l’œuf; 36 avec 1 partie ; 54 avec 2 parties, total : 135.

[201] Cp. p. 63.

[202] Var. de M : « Ce mal affreux ».

[203] Cp. l’article sur les diverses causes d’après Aristote.

[204] La perpendiculaire n’est pas figurée dans les dessins.

[205] Tétraèdre (?)

[206] Voir ces figures (Introd., p. 160, fig. 36). La fin de ce texte rappelle un passage du Timée de Platon: Origines de l’Alchimie, p. 265.

[207] Le traitement des Eaux, ABKELb.

[208] Cp. p.85, note 3.

[209] Cp. Introd., p. 10; et ce volume, p. 63, 86, 182, 196; 221, note 3, etc.

[210] Cp. p. 37 et note 4.

[211] Cp. p. 62.

[212] Il y a là en grec un jeu de mots intraduisible entre le mot qui veut dire rhubarbe et celui qui veut dire très facile.

[213] Jeu de mots sur le nom d’arsenic.

[214] Jeu de mots sur πόντος = mer, voir Synésius, p. 62.

[215] Tout ceci semble le préambule d’un traité pratique, qui a été perdu; les copistes ne s’étant intéressés qu’aux déclamations du début.

[216] Cendre ou scorie. Cp. p. 107, 113, 196, 368, etc.

[217] Cp. III, xxxix, § 4 et 5. p. 230.

[218] Cp. p. 204, 280.

[219] Cp. p. 301.

[220] Un même système de préparations est appliqué ici à la teinture des métaux, des perles, des vitrifications et de la pourpre: Cp. Origines de l’Alchimie, p. 245. Mais il est probable que dans notre auteur le vague des descriptions générales est intentionnel les matières employées étant différentes, suivant la nature des corps destinés à être teints.

[221] D’après MB. — dans A, signe de l’or (ou du soleil) — dans ELb : le soleil en toutes lettres.

[222] Cp. p. 219.

[223] Du mercure, ELb.

[224] Cp. p. 66.

[225] Cp. Stephanus, cité dans l’Introduction, p. 179.

[226] Cp.p. 122, 325, etc.

[227] ELa « sur le blanchiment de l’Eau divine », et de même plus bas. — C’est une mauvaise leçon. 

[228] Cette phrase est tirée de AELa; elle manque dans M.

[229] D’après E: on la place avec son assiette dans un vase de verre de grandeur double; puis on l’y laisse ».

[230] Cette vague description semble répondre à un appareil à distillation, ou à sublimation, tel qu’un alambic (dibicos), Introd. (p. 138, fig. 14). Elle rappelle certains textes de Zosime, p. 227, 228, etc.

[231] Habacuc, II, 5 (Septantes).

[232] E ajoute: « Prends du sang d’un homme aviné, de la bile d’un bœuf noir non marqué, et du suc de la plante, (appelée) tragis (barbe de bouc?); prends ces trois choses en portions égales; chauffe du fer et trempe : tu réussiras très bien ». — C’est une note marginale de quelque copiste; elle est reproduite à la fin de VI, xx.

[233] (3) Titre dans E et La (qui est la copie): « Du Philosophe anonyme, discours sur la pratique, expliquant le procédé de la Chrysopée, développé, etc. » A ajoute en marge: « second discours ».

[234] Rédaction de E: « Après avoir expliqué la question de la Chrysopée, parlons maintenant de ceux qui l’ont pratiquée. Le premier d’entre eux est celui qu’on appelle Hermès Trismégiste; il a dit que la présente fabrication a lieu suivant les trois puissances et actes. Puis viennent Jean l’archiprêtre en Evagie, Démocrite, Zosime, Olympiodore, Stephanus, et beaucoup d’autres ensuite; lesquels, en qualité d’interprètes, ont Commenté les auteurs plus anciens qu’eux, je veux dire Hermès, Démocrite, Platon et Aristote ».

[235] Cp. p. 119 : sur la poudre sèche.

[236] Cp. Origines de l’Alchimie, p. 118. Evagie peut signifier un lieu déterminé, ou bien représenter une désignation mystique : sainteté, c’est-à dire archiprêtre de Sainte mémoire. Le mot Tuthie s’applique-t-il à un nom de lieu? ou bien désigne-t-il la tuthie chimique, C’est-à-dire l’ancienne cadmie ou oxyde de zinc impur ? Peut-être le nom du lieu où l’on faisait la préparation a-t-il passé à la matière préparée. Le mot même, avec ce dernier sens, serait alors plus ancien qu’on ne l’a cru jusqu’ici (Introd., p. 268 et 241).

[237] Réd. de E : Ils ont examiné et approfondi tous les commentaires théoriques et fondamentaux de cet art de la Chrysopée; ils ont écrit avec un grand mérite à son sujet, éclaircissant pour nous la fabrication de ce mystère.

[238] Ce passage montre que l’Anonyme est postérieur à Stephanus.

[239] Réd. de E: « Quant à nous, après avoir lu leurs très savants livres, à force d’expérience et de pratique, nous sommes parvenus à comprendre la nature) des êtres. Voilà aussi pourquoi nous avons reconnu par nous-même et nous exposons que cet art de la Chrysopée est nécessaire et réel ».

[240] C’est-à-dire la transformation d’un alliage de cuivre et de plomb (molybdochalque), en un alliage de cuivre et d’électrum ou d’argent (molybdasèm). — Voir la formule de l’Écrevisse, Introd., p. 154.

[241] Réd.de E:. « Nous vous prescrivons donc, d’après les philosophes, de vous abstenir de toutes les matières qui ont le pouvoir de brûler... »

[242] Réd. de E: « Ils donnent le nom de magnésie (à cette substance) parce qu’elle est mélangée (μίγνυμμι) pétrie, teinte et amenée à une essence uniques ».

[243] L’auteur oppose le masculin et le féminin du mot (Tout).

[244] Ici AKELa intercalent plusieurs fragments déjà publiés dans Zosime III, xxxi, p. 199. — III, xxxix, § 4-5, p. 203.

[245] Réd. de E : « Or, Olympiodore explique que c’est dans les liquides, etc. »

[246] Cp. Olympiodore, p. 93.

[247] Réd. de E: « Car tous écrivent que le traitement est unique, ainsi que l’accomplissement du mystère. Ils reviennent sur cette pensée et disent que les substances sont amenées à l’unité ; car celui qui fait de l’ios fait de l’or, disent-ils, tandis que, etc. ».

[248] P. 50 et 51.

[249] « Sur l’art sacré et divin des philosophes » : Traité dédié au grand Empereur Théodose.; Vat. Cp. p. 378.

[250] A rapprocher de III, xliv, p. 211. Tout ce morceau paraît être une suite de I, iii et I, iv, p. 18 à 22. Il a un caractère singulier, en raison des rapprochements mystiques qui s’y trouvent exposés entre la musique et la chimie. On a essayé de traduire ces rapprochements le plus littéralement possible, mais sans prétendre en avoir pénétré le sens exact, que l’auteur ne comprenait peut-être pas bien lui-même. D’ailleurs ce morceau fournira sans doute aux spécialistes quelques renseignements nouveaux sur la musique byzantine.

[251] Ce passage se rapporte à l’Ecrit du Philosophe Chrétien, VI, x, § 9, p. 396.

[252] E: « corps », au lieu de « livres ».

[253] Les quatre livres sur l’or, l’argent, les pierres et la pourpre sont les quatre livres attribués à Démocrite. On voit qu’on intercale ici un cinquième livre sur les perles, qui parait être l’ouvrage transcrit dans la Ve partie, ix (p. 352). Ceci n’a pas été compris par le copiste de E, qui donne la rédaction suivante: « Or les parties les plus précieuses de cette matière scientifique sont l’argent, l’or, les perles et la pourpre. ».

[254] E: « Voies spéciales à ceux qui poursuivent un art dépourvu de méthode pour les ignorants, quoique méthodique pour les gens capables d’instruction. »

[255] E remplace partout στοχὸς (ou plutôt στοϊχος, rangée, ligne), par ἠχος; (ton, mode). La musique byzantine, comme le plain-chant romain, se compose de 4 tons principaux (authentes) et de 4 tons plagaux : ce qui constitue l’octo-échos (C. E. R.). 

E: « De même que les 4 tons ou modes les plus généraux, fondements de la science musicale, c’est-à-dire le 1er ton, le 2e, le 3e et le 4e, engendrent d’eux-mêmes d’autres tons, lesquels diffèrent par l’espèce, et sont appelés centraux et purs, non-tonals et égaux, etc. »

[256] C’est-à-dire de l’œuf philosophique. 

E : « de l’ornithogonie de l’œuf; or toute voix et toute sorte de chants sont produits soit par le larynx, Soit par la flûte, soit par la cithare ou un autre instrument; mais toute sorte de chants se composent de tons, ou de 3, ou de z, ou d’un seul. »

[257] L’auteur exclut 2, 3, 4; comme ne faisant pas une combinaison mélodique.

[258] E: « Et il est impossible qu’il se forme autrement. Car toute sorte de chant doit se former de l’une des branches susdites et, en dehors de celles-là, il n’y a pas d’autre procédé ».

[259] Les six parties ou tons indiqués ici sont le pur (cathare ou authente ?); le central, le plagal, l’égal (ison), le non-tonal et le détonant chacun d’eux pouvant être pris avec quatre hauteurs (rangées) différentes.

[260] E: « De même, dans cet art divin qui est le nôtre, il se produit des irrégularités et des déviations, des altérations et des mortifications, si l’on opère avec ignorance et sans art. C’est pourquoi il faut que les jeunes gens se gardent avec soin de tout cela ».

[261] Le mot mercure semble ici synonyme d’eau divine, c’est-à-dire des liquides distillés employés pour l’opération. On trouve un sens mystique analogue dans Raymond Lulle : Manget, t. I, p. 824.

[262] Traduit, p. 212.

[263] E: « tandis que par la matière secondaire et générique nous vouions parler de la matière produite avec les œufs des oies et des autres oiseaux domestiques, ou avec bien des (?) Or nous appelons espèces secondaires celles qu’on obtient par le feu (ou sans feu), ou par procédé mixte ».

[264] E: « Le plinthion, composé de 32 cordes; la lyre, composée de 9 cordes; l’achilléen, composé de 30 cordes avec une corde additionnelle, et le psaltérion, etc. ».

[265] E: « Il y a un autre plinthion, composé de 32 cordes. Quant aux instruments que nous appelons maintenant, instruments par excellence (orgues ?), les anciens les appelaient plinthion sans cordes et aulétique. Cet instrument est approprié aux puissances divines et il s’accorde principalement avec les âmes; il est apte à fortifier les puissances corporelles; il possède un charme pour combattre la douleur de l’âme, et pour faire aimer Dieu. Ce qui convient encore aux corps, c’est l’instrument aulétique (à vent): il est fait de cuivre, et on l’appelle grand orgue et grand psaltérion ».

[266] E : « De même que dans la musique il y a beaucoup de genres, d’espèces et d’instruments; de même aussi dans l’art divin de la chimie, il y a des genres, des espèces, des variétés de traitement et de combinaisons, et des vases, et des aiguières en cuivre, en verre et en terre cuite. Et quiconque connaît toutes ces variétés et celle des autres arts, sait encore accomplir ce qui est cherché. »

[267] E : « Comme le dit le divin Xénocrate, les œufs des oies et des autres oiseaux privés contiennent 4 espèces, savoir: le blanc, etc. » —Xénocrate est compris dans la vieille liste des auteurs alchimiques donnée par le ms. M (Introduction, p. 110, 111).

[268] Comme les tons musicaux.

[269] Les rapprochements entre la musique et la chimie ne se retrouvent plus dans les paragraphes suivants.

[270] Add. de E: « De sorte qu’il semble aux non-initiés et aux ignorants qu’il est impossible d’entreprendre d’opération) ». — Mercurifié a ici un sens mystique, impliquant l’idée de distillation. — Cp. VI, xv, § 4.

[271] Silex? — C’est le sens de ce mot en néogrec.

[272] E : « Fin du livre de la pierre musicale ».

[273] Traité d’une époque beaucoup plus récente, à en juger par la langue. On le donne ici pour montrer la continuité de la tradition alchimique dans le moyen âge. C’est une suite de recettes de transmutation.

[274] L’œuf philosophique désigne ici un appareil, suivant la nomenclature alchimique.

[275] Ce morceau fait suite à l’article de Cosmas dans les manuscrits et semble en avoir fait partie. Est-il extrait réellement de Zosime? C’est ce qu’il est difficile de décider.

[276] C’est la préparation de l’œs ustum de Dioscoride. Introd., p. 133.

[277] Notre mercure, ou peut-être notre arsenic. — Introd., p. 239.

[278] Cp. Zosime, p. 122. C’est une variante.

[279] Ce § résume l’article VI, xiv, de l’Anonyme.

[280] Cp.408. —Cette forme axiomatique rappelle la Turba philosophorum et semble appartenir à une tradition analogue. 

[281] Cp. Pélage, IV, i, § 9, p. 248, et VI, xiv, § 8 et 9, Texte.

[282] Cp. VI, xii, § 9, Texte.

[283] Il existe sous le même nom un petit poème alchimique, où il est question de l’Empereur Nicéphore: son auteur serait donc du ixe siècle de notre ère. Si le texte présent est du même écrivain que le poème, l’époque serait indiquée par ce qui précède. Dans la vieille liste de St-Marc, sous notre numéro 38, (Introd., p. 175) on lit aussi: « Chapitres d’Eugénius et d’Hiérothée » ; mais ces chapitres ne se retrouvent pas dans le Ms. M actuel.

[284] Cf. le livre d’Emmanuel, cité dans le Pseudo-Aristote arabe, t. iii du Theatrum Chemicum.

[285] On a aussi donné à cet auteur le nom de Blemmydas et on l’a identifié, à tort ou à raison, avec un personnage du xiiie siècle, qui a refusé le Patriarcat de Constantinople.

[286] Cp. p. 19.

[287] Scolie: « Noter qu’il est impossible de faire chauffer la chaux pour la changer en céruse, à moins de faire chauffer pendant 8 jours sur le fourneau du verrier «. Les signes de renvois successifs de cette scolie et des suivantes dans nos manuscrits sont les signes du Zodiaque, à partir du Bélier jusqu’à la Balance. (Cp. Introd., p. 205.)

[288] Scolie : « Le plâtre doit être vieux, et (provenir) d’une église (?) ».

[289] Scolie: « La chaux, ici, doit être (du poids) de 4 onces et l’eau (distillée une fois) peser 36 onces ».

[290] Scolie: « Tu as ici la chaux décomposée; or l’eau nécessaire pour les (extractions), délaiements et arrosages doit être (du poids) de 31 onces ».

[291] Scolie: « Ces coquilles doivent être (du poids) de 18 onces pour les 3 fois, et l’eau, du poids de 18 onces chaque fois. »

[292] Scolie: « Cette chaux doit être de 5 onces. Comme elle doit être gâchée avec l’eau par 3 fois; le tout doit être du poids de 15 onces ».

[293] Scolie : « Cette huile doit peser 15 onces ».

[294] Scolie : « Une telle chaux, à ce que je crois, doit peser 5 onces, qui (sont) introduites dans les 15 onces précédentes; l’eau, tu l’as fait monter trois fois, avec les coquilles non brûlées ».

[295] Scolie : « 4 hexages 25 carats, pour 1 hexage 25 carats. »

[296] Scolie : « Une chaux de cette nature est la première qui provient de l’eau divine blanche, lorsque tu veux blanchir la magnésie ».

[297] Cette formule finale se trouve déjà à la fin de VI, xizt, p. 405, note 2.


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